ALEXANDRIA : Un djihadiste du groupe Etat islamique (EI), jugé depuis deux semaines aux Etats-Unis pour son rôle dans la capture et l'exécution d'otages occidentaux, a exercé mardi son droit à garder le silence.
La voix d'El Shafee el-Sheikh, 33 ans, a résonné dans le tribunal fédéral d'Alexandria, près de Washington, pour la première fois depuis le début de son procès.
"Souhaitez-vous témoigner?", lui a demandé le juge T.S. Ellis.
"Non", a succinctement répondu cet homme accusé d'avoir fait partie d'une équipe de geôliers particulièrement cruels surnommés "les Beatles" par leurs prisonniers en raison de leur accent britannique.
Ses avocats ne sont guère montrés plus diserts: comme éléments à décharge, ils se sont contentés de montrer des extraits vidéo d'interviews qu'il a accordées à des journalistes après sa capture par les forces kurdes syriennes en 2018.
Contrairement à sa position actuelle, il admettait dans ces entretiens avoir été un des "Beatles".
Ses avocats comptent plaider qu'il a menti afin d'être transféré aux Etats-Unis et éviter d'être jugé de manière expéditive et pendu en Irak. "Une confession pourrait accéler le processus", dit-il dans un des extraits diffusés mardi.
Dans d'autres extraits présentés par l'accusation ces derniers jours, il donnait toutefois des détails particulièrement précis sur les sévices infligés à certains otages.
Une dizaine d'anciens captifs – sur les 27 victimes des "Beatles" – ont défilé à la barre des témoins depuis le début du procès et confirmé certains de ces détails, décrivant des hommes particulièrement "sadiques" et violents.
Dernier à s'exprimer, le photographe danois Daniel Rye Ottosen a raconté mardi comment ils lui avaient donné 25 coups pour son 25e anniversaire, placé une épée contre son cou ou une arme à feu dans sa bouche pour le terroriser.
La journée de mercredi sera consacrée au réquisitoire du procureur et à la plaidoirie de la défense. Les jurés se retireront ensuite pour délibérer.
Ils devront se prononcer sur huit chefs d'inculpation, liés principalement à la mort de quatre otages américains: les journalistes James Foley et Steven Sotloff et les humanitaires Peter Kassig et Kayla Mueller.
Les trois premiers ont été décapités et leur mort mise en scène dans d'insoutenables vidéos de propagande. La jeune femme est morte dans des circonstances confuses après avoir été violée par le chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi.
Quant aux autres "Beatles": l'un, Mohammed Emwazi, est mort dans une attaque de drone en 2015, et un autre, Alexanda Kotey, est détenu aux Etats-Unis où il attend de connaître sa peine après avoir plaidé coupable.