L'Ukraine est une « scène de crimes» pour la CPI, offensive russe imminente

Un membres des forces ukrainiennes évolue au milieu des débris de tanks russes, à Boutcha, dans les environs de Kiev (Photo, AP).
Un membres des forces ukrainiennes évolue au milieu des débris de tanks russes, à Boutcha, dans les environs de Kiev (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 13 avril 2022

L'Ukraine est une « scène de crimes» pour la CPI, offensive russe imminente

  • «Nous pouvons dire qu’entre 20 et 22.000 personnes sont mortes à Marioupol», a déclaré mardi Pavlo Kirilenko, le gouverneur ukrainien de la région de Donetsk
  • Le gouverneur a par ailleurs indiqué, sur Telegram, que la ville est désormais en proie «jour et nuit» à «des combats de rue»

KRAMATORSK : Les forces russes ont poursuivi mercredi leur offensive pour faire tomber Marioupol, dans le sud-est de l'Ukraine, où au moins 20 000 personnes ont déjà été tuées selon Kiev, dans un pays désormais "scène de crime" selon le procureur de la Cour pénale internationale.

Mercredi, Moscou a annoncé la reddition de plus d'un millier de soldats ukrainiens dans la très stratégique ville portuaire de Marioupol, que ses forces assiègent et bombardent depuis plus de 40 jours et encerclent depuis plus d'un mois.

Quelque "1 026 militaires ukrainiens de la 36ème brigade d'infanterie de marine ont volontairement déposé les armes et se sont rendus" dans la zone de l'usine métallurgique Ilitch, dont 150 étaient blessés et ont été pris en charge, a précisé le ministère russe de la Défense.

Dans la nuit de mardi à mercredi, un reportage de la télévision publique russe annonçant la reddition a montré des hommes en tenue de camouflage transportant des blessés sur des brancards.

La prise de Marioupol serait une victoire importante pour les Russes car elle leur permettrait de consolider leurs gains territoriaux côtiers le long de la mer d'Azov en reliant la région du Donbass, en partie contrôlée par leurs partisans, à la Crimée que Moscou a annexée en 2014.

Entre 20 et 22 000 personnes sont mortes dans la ville, a déclaré mardi sur CNN Pavlo Kirilenko, gouverneur ukrainien de la région de Donetsk, tout en admettant qu'il était "difficile d'évoquer un nombre de victimes", la ville étant coupée du reste du monde par les forces russes.

Si certains experts militaires jugent sa chute inévitable, des forces ukrainiennes s'accrochent et continuent de résister aux Russes après plus de six semaines de combats, qui se concentrent désormais dans la gigantesque zone industrielle de la ville.

Les bombardements aériens russes sur Marioupol se poursuivaient, visant notamment le port et le vaste complexe métallurgique Azovstal, a indiqué mercredi l'armée de terre ukrainienne sur Telegram.

Ce labyrinthe, transformé en bastion par les forces ukrainiennes qui s'y retranchent dans ses kilomètres de souterrains, promet une bataille acharnée pour le contrôle total de la ville.

«Vérité» et «fiction»

Sur le terrain, des journalistes de l'AFP embarqués avec les forces russes à Marioupol y ont vu les ruines calcinées de cette ville que les Ukrainiens disent "détruite à 90%".

Depuis le début de la semaine circulent des rumeurs, jusqu'ici non confirmées, d'emploi d'armes chimiques par les forces russes à Marioupol.

Selon le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, "les forces russes pourraient (y) utiliser différents agents antiémeute, notamment des gaz lacrymogènes mélangés avec des agents chimiques" contre les "combattants et civils ukrainiens". Moscou affirme de son côté que "la menace de terrorisme chimique" vient des Ukrainiens.

Les bombardements se poursuivent également dans l'est du pays. Ils ont tué sept personnes au cours des dernières 24 heures à Kharkiv (nord-est), elle aussi assiégée par les Russes depuis le début de l'invasion, a annoncé mercredi le gouverneur régional.

Kiev a appelé les civils à fuir l'est au plus vite dans la crainte d'une grande offensive russe imminente pour le contrôle total du Donbass, que les forces ukrainiennes et leurs ennemis séparatistes prorusses se partagent depuis 2014.

Mais l'Ukraine n'ouvrira aucun couloir humanitaire mercredi car les Russes "ont bloqué des bus" et "violent le cessez-le-feu" dans certaines régions, ce qui rend la situation "dangereuse", a annoncé mercredi matin une responsable du gouvernement. 

Des analystes estiment que le président russe Vladimir Poutine, embourbé face à la résistance acharnée des Ukrainiens, veut obtenir une victoire dans cette région avant le défilé militaire du 9 mai marquant sur la Place Rouge la victoire soviétique sur les nazis en 1945.

Moscou avait retiré fin mars ses forces qui occupaient les environs de Kiev et assiégeaient la moitié nord de la capitale, disant vouloir désormais concentrer ses efforts sur le sud et l'est.

Autour de Kiev comme ailleurs, les autorités ukrainiennes disent continuer de trouver des cadavres chaque jour dans les zones dont les forces russes se sont retirées fin mars.

L'Ukraine est une "scène de crime", a jugé mercredi le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), le Britannique Karim Khan, lors d'une visite à Boutcha, près de Kiev, ville symbole des atrocités du conflit depuis que des centaines de corps, selon les autorités ukrainiennes, y ont été trouvés fin mars.

"Nous avons de bonnes raisons de penser que des crimes relevant de la compétence de la Cour sont commis", a déclaré M. Khan à la presse dans cette ville, où les Ukrainiens accusent les Russes d'avoir "massacré" les civils.

Vladimir Poutine, dont le pays nie toute exaction en Ukraine, avait qualifié mardi ces accusations de "fake" (fausses).

Karim Khan a précisé qu'une équipe médico-légale de la CPI se préparait à travailler en Ukraine "afin que nous puissions vraiment séparer la vérité de la fiction".

«Inacceptable»

Mardi, le corps du maire de Gostomel, près de Kiev, mort le 7 mars, avait été exhumé devant des enquêteurs ukrainiens, dans le cadre d'une investigation pour crime de guerre. Son cadavre a été hissé hors de sa tombe, et la police a filmé chacune de ses blessures, parmi lesquelles une à la tête, selon des journalistes de l'AFP présents sur place.

Dans un village du sud du pays voisin de Kherson, une ville proche de la ligne de front, sept personnes ont été fusillées par des militaires russes, a annoncé mercredi le parquet général ukrainien. Selon lui, les soldats russes les ont abattus dans une maison qu'ils ont ensuite fait exploser pour dissimuler le crime.

A Dnipro, la grande ville industrielle de l'est, le maire-adjoint de la ville, Mikhaïl Lyssenko, a annoncé que les corps de plus de 1 500 soldats russes collectés dans la région reposaient dans les morgues de la ville. "Personne ne veut récupérer" ces dépouilles, a-t-il souligné, en espérant que des "mères russes puissent venir chercher leurs fils" prochainement.

Le Kremlin a récemment admis des "pertes importantes", puis reconnu fin mars la mort de 1 351 soldats pour 3 825 blessés, premiers chiffres depuis plus de trois semaines.

A Washington, Joe Biden a pour la première fois accusé Vladimir Poutine de "génocide" en Ukraine, un terme surtout employé jusque"'ici par le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui a salué sur Twitter les "vrais mots d'un vrai leader".

Affirmant que les "preuves s'accumulaient" de "choses horribles qu'ont faites les Russes en Ukraine", le démocrate a prédit que le monde "en découvrirait encore davantage sur la dévastation".

Accuser ainsi la Russie de génocide est "inacceptable", a répondu Moscou. 

"De telles tentatives de déformer la réalité sont inacceptables, d'autant plus qu'elles viennent du président des Etats-Unis, pays dont les agissements dans l'histoire récente sont bien connus", a commenté Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin.

Volodymyr Zelensky continue de son côté de réclamer "en toute urgence plus d'armes lourdes" pour "éviter davantage d'atrocités russes". Il souhaite toujours instamment la venue à Kiev du chancelier allemand Olaf Scholz, dont il attend rapidement des livraisons d'armes lourdes, a affirmé mercredi un de ses conseillers, Oleksiï Arestovitch.

Le président ukrainien a également appelé mercredi l'Europe à agir plus rapidement contre la Russie, estimant que l'"on peut soit arrêter la Russie, soit perdre toute l'Europe de l'Est".


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.