PARIS: Assommés par leur défaite dimanche au premier tour de la présidentielle, lourdement endettés, les Républicains jouent désormais leur survie, alors que se multiplient les sujets de fracture dans le parti.
"A moins de 5% on est évidemment en danger de mort", a reconnu lundi matin le numéro 3 du parti Aurélien Pradié en arrivant au siège du parti où les ténors de LR devaient tenir une série de réunions.
"Nous sommes quelques-uns à être absolument déterminés à reconstruire la droite républicaine", a-t-il assuré, même si "ce sera difficile, ce sera long".
Les Républicains, incarnation de la droite de gouvernement depuis des décennies, ont connu le pire revers de leur histoire dimanche soir, leur candidate Valérie Pécresse ne totalisant que 4,8% des voix.
C'est la troisième fois de suite que le parti héritier de Charles de Gaulle, Georges Pompidou, Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy échoue à la présidentielle. C'est aussi son deuxième échec consécutif à se qualifier pour le second tour après celui de François Fillon en 2017 - ce dernier avait néanmoins atteint la barre de 20% des voix.
Conséquence immédiate du crash de dimanche: le parti ne pourra se faire rembourser ses frais de campagne et devra trouver 7 millions d'euros. Valérie Pécresse a lancé un appel aux dons lundi matin, en révélant être endettée personnellement à hauteur de 5 millions d'euros.
"Il en va de la survie des Républicains, et au-delà de la survie de la droite républicaine", a-t-elle lancé avant un conseil stratégique de LR qui s'annonçait houleux.
Car il va falloir se pencher, déjà, sur une question qui divise profondément Les Républicains: quelle attitude adopter dans le face-à-face entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen?
"On va travailler ce matin à définir une ligne la plus commune et la plus responsable possible dans le sens de l'intérêt général", a assuré la numéro 2 du parti Annie Genevard.
«Troisième tour»
Les fractures sont profondes sur le sujet. Valérie Pécresse a assuré dès dimanche qu'elle voterait pour le chef de l'Etat sortant au second tour, dans la tradition de son parti hostile aux extrêmes, et une partie modérée de LR se retrouve dans cette position.
"Je voterai Emmanuel Macron, je ne mets pas un signe égal entre lui et Marine Le Pen, c'est ce que je vais défendre aujourd'hui", a assuré à son arrivée le patron des députés LR Damien Abad.
A l'inverse le très droitier maire Chalon-sur-Saône Gilles Platret a assuré qu'il "voterait blanc" car "on ne vote pas entre la peste et le choléra". Eric Ciotti, qui avait dès dimanche soir assuré qu'il ne soutiendrait pas Emmanuel Macron, s'est refusé à tout commentaire.
La situation est compliquée mais Michel Barnier s'est voulu confiant: "On est capable de garder ensemble les deux sensibilités, ceux qui comme moi vont voter Macron et ceux qui ne veulent pas voter Macron, on a déjà été divisés dans le passé et on s'est retrouvés", a-t-il assuré.
Car "il y a aussi un troisième tour qui est celui des législatives", a rappelé l'ancien négociateur européen pour le Brexit.
La question pourrait s'avérer là aussi empoisonnée car LR risque d'avoir à faire quelques compromis pour garder sa centaine de députés.
Dimanche soir, le maire de Meaux Jean-François Copé a jeté un pavé dans la mare en estimant qu'il fallait "un nouveau pacte gouvernemental" avec Emmanuel Macron où "la droite de gouvernement soit associée".
La perspective hérisse l'aile droite du parti.
"Répondre à l'appel d'Emmanuel Macron, c'est en réalité disparaître", a affirmé le député souverainiste Julien Aubert qui a averti: "Si demain la position des Républicains était de rejoindre une coalition, je ne serai plus aux Républicains".
Appel à «une aide, d'urgence»
Valérie Pécresse a lancé lundi un appel à "une aide, d'urgence", des Français pour "boucler le financement" de sa campagne, faisant état d'une "situation critique" de LR qui ne sera pas remboursé de "7 millions d'euros" de frais.
"Les Républicains ne peuvent faire face à ces dépenses", a ajouté depuis le siège du parti la candidate LR, qui sort du premier tour sous le seuil des 5% déclenchant un remboursement par l'Etat des frais de campagne.
Elle a aussi déclaré être "endettée personnellement à hauteur de 5 millions d'euros".
C'est pourquoi "j'ai besoin de votre aide, d'urgence, d'ici le 15 mai, pour boucler le financement de cette campagne présidentielle (...) Il en va de la survie des Républicains, et au-delà de la survie de la droite républicaine", a-t-elle lancé devant la presse.
"Je lance ce matin un appel national aux dons, à tous ceux qui m'ont apporté leurs suffrages mais aussi à tous ceux qui ont préféré hier le vote utile, et enfin à tous les Français attachés au pluralisme politique et à la liberté d'expression", a-t-elle ajouté, précisant que les dons pouvaient être réalisés en ligne sur le site valeriepecresse.fr.
La droite traditionnelle a connu un crash historique dimanche au premier tour de la présidentielle, Valérie Pécresse tombant à environ 5% des voix selon les estimations, ce qui complique l'avenir des Républicains, forcés à la refondation sous peine de disparaître.
Créditée de 17-18% des voix en janvier, Valérie Pécresse apparaissait alors capable de se qualifier pour le second tour.
Mais elle n'a cessé de baisser ensuite, plombée par son meeting raté du 13 février au Zénith, entre autres.
C'est la deuxième fois que le principal parti de droite échoue à franchir le premier tour de la présidentielle: en 2017, François Fillon avait fait 20%, ce qui était alors le plus mauvais score d'un candidat de droite à la présidentielle.
Depuis, LR a vécu un nouveau traumatisme avec les 8,5% de François-Xavier Bellamy aux européennes de 2019, et dimanche, le parti a semblé toucher le fond.