À droite, terminus ou année zéro?

Valérie Pecresse quitte la scène après son discours après l'annonce des résultats projetés du premier tour à Paris le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
Valérie Pecresse quitte la scène après son discours après l'annonce des résultats projetés du premier tour à Paris le 10 avril 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 11 avril 2022

À droite, terminus ou année zéro?

  • Créditée de 5% ou moins, la candidate LR enregistre un score qui marginalise son camp, loin des 20% de François Fillon
  • A peine l'humiliation digérée, LR doit gérer l'épineuse question de la consigne de vote pour le second tour qui opposera Emmanuel Macron et Marine Le Pen

PARIS: L'échec cuisant de Valérie Pécresse (LR) et d'Eric Zemmour (Reconquête) au premier tour de la présidentielle, très loin du duo Macron/Le Pen, sonne le glas de leurs mouvements, condamnés à se réinventer, se recomposer ou disparaitre.

Coup de tonnerre ou coup de grâce pour LR ? Les droites vont-elles prendre le virage de l'union comme le veut Eric Zemmour ? Quelle dynamique apportera l'électorat Reconquête à Marine Le Pen au second tour ? Emmanuel Macron va-t-il confirmer son OPA sur la droite modérée ?

Les scores du premier tour comportent davantage de questions que de réponses. Seule certitude: cette première manche acte le naufrage des deux candidats qui se rêvaient outsiders, Eric Zemmour et surtout Valérie Pécresse, victimes du vote utile. 

Créditée de 5% ou moins, la candidate LR enregistre un score qui marginalise son camp, loin des 20,1% de François Fillon en 2017. Arrivée derrière Eric Zemmour qui a récolté autour de 7% des voix, Valérie Pécresse risque même de ne pas se faire rembourser ses frais de campagne.

"C'est une défaite historique pour la droite républicaine. Nous devons en tirer toutes les conséquences", a laissé tomber Eric Ciotti, finaliste malheureux de la primaire LR.

"Avec la défaite Fillon en 2017, il était possible d'arguer un accident. Mais depuis cinq ans, LR s’est contenté de choses extrêmement générales ou des idées des autres, notamment celles de la droite radicale ou extrême. On a contenté un peu tout le monde avec un consensus mou", expose le politiste Emilien Houard-Vial.

A peine l'humiliation digérée, LR doit gérer l'épineuse question de la consigne de vote pour le second tour qui opposera Emmanuel Macron et Marine Le Pen: "ni-ni" ou barrage contre l'extrême droite dans le sillage de ce que l'ex-président Jacques Chirac avait toujours défendu.

En toile de fond du "front républicain" se pose pour LR la question de l'unité d'un parti miné par les forces centrifuges du macronisme et de l'extrême droite, entre économie et identité nationale.

Disparition du clivage

La candidate LR a annoncé son intention de voter "en conscience" pour Emmanuel Macron. Figure de l'aile droite du parti Eric Ciotti a affirmé qu'il ne voterait pas pour le président sortant.

Mais que valent les consignes d'un parti dont le poids électoral est réduit à peau de chagrin ?

Marine Le Pen, qui a théorisé "la disparition du clivage droite-gauche remplacé par le véritable clivage entre les nationaux et les post-nationaux", ambitionne d'incarner un vaste front anti-Macron. Mais c'est à droite et surtout à l'extrême droite (30% du vote dimanche) qu'elle peut espérer d'importants reports de voix.

Elle "ne pourra gagner que si elle ne va pas de ce côté-là de l'échiquier politique", a mis en garde le maire de Béziers, Robert Ménard, proche du RN.

Eric Zemmour a clairement appelé à voter en sa faveur. Son électorat attiré par son discours violemment anti-islam et identitaire devrait très largement se reporter sur elle bien que l'ex-polémiste n'ait cessé d'étriller la candidate RN "qui ne gagnera jamais". Il a aussi attiré de nombreux cadres et figures du RN déçus du "marinisme", et non des moindres comme Marion Maréchal, la nièce de la candidate et petite-fille de Jean-Marie Le Pen.

Après des débuts tonitruants, M. Zemmour a perdu son pari présidentiel mais son projet de réactiver le vieux rêve de l'union des droites veut s'inscrire dans la durée. Il a déjà ouvert la porte à une candidature aux législatives.

Accusé d'avoir braconné chez LR une partie de son programme présidentiel, Emmanuel Macron "est de fait devenu la figure centrale de la droite française", analysait l'historien Pierre Rosanvallon dans Libération.

Jean-François Copé (LR) qui votera Emmanuel Macron l'a enjoint à "un nouveau pacte gouvernemental (où) la droite de gouvernement soit associée".

Son ex-Premier ministre à la tête de son nouveau parti Horizons, Edouard Philippe, rêve de muscler la jambe droite de la majorité avec 2027 en ligne de mire.

"LR verra une moitié de ses troupes partir vers Emmanuel Macron et une autre se dire que peut-être il est temps de recomposer la droite sur une ligne plus dure", a pronostiqué le politologue Jean-Yves Camus. Les législatives seront une étape décisive. En coulisses, les couteaux sont déjà aiguisés. 


Paris et Berlin scellent vendredi leur accord sur le char franco-allemand

Il y a un mois les deux pays étaient parvenus à débloquer le dossier en se mettant d'accord sur la répartition des tâches industrielles. (AFP).
Il y a un mois les deux pays étaient parvenus à débloquer le dossier en se mettant d'accord sur la répartition des tâches industrielles. (AFP).
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  • "Après plusieurs mois d'intenses négociations nous pouvons maintenant présenter un résultat (...) Les groupes de travail (entre les deux pays) ont élaboré un document que nous signerons ensemble vendredi à Paris"
  • Le ministre français Sébastien Lecornu a lui insisté, dans cet entretien commun accordé au journal allemand, sur le fait que Paris et Berlin concevaient avec ce projet "la nouvelle génération de chars pour 2040"

BERLIN: Le ministre français des Armées et son homologue allemand ont annoncé la signature vendredi à Paris d'un accord sur le projet commun de char du futur (MGCS), longtemps freiné par des intérêts divergents.

"Après plusieurs mois d'intenses négociations nous pouvons maintenant présenter un résultat (...) Les groupes de travail (entre les deux pays) ont élaboré un document que nous signerons ensemble vendredi à Paris", a déclaré le ministre allemand de la Défense Boris Pistorius dans une interview publiée jeudi dans le quotidien FAZ.

"Ca se concrétise, enfin!", a-t-il ajouté, en précisant qu'"au début de l'année prochaine, le contrat détaillé devrait être prêt".

Le ministre français Sébastien Lecornu a lui insisté, dans cet entretien commun accordé au journal allemand, sur le fait que Paris et Berlin concevaient avec ce projet "la nouvelle génération de chars pour 2040".

Les deux pays prennent de l'avance sur les Américains qui "n'ont toujours pas commencé à réfléchir à l'avenir du char Abrams" et sur les Russes qui "ont connu quelques échecs avec le successeur de leur char", a-t-il ajouté, soulignant que le MGCS intègrerait "la puissance de feu de la prochaine génération, la guerre électronique et l'intelligence artificielle, ainsi que les armes laser et à faisceau dirigé".

Il y a un mois les deux pays étaient parvenus à débloquer le dossier en se mettant d'accord sur la répartition des tâches industrielles.

Financé à parts égales par les deux pays et mené sous direction allemande, ce programme, à l'origine conduit par KNDS, une entité créée pour l'occasion entre le français Nexter et l'allemand KMW qui fabrique le Leopard 2, a vu l'irruption en 2019 du fabricant allemand Rheinmetall. Et cela a longtemps déstabilisé l'édifice et les répartitions envisagées entre industriels.

Le programme MGCS (acronyme anglais de Système principal de combat terrestre) a été lancé en 2017, en même temps que l'avion de combat du futur (Scaf), un autre projet de coopération dans le domaine de la défense entre l'Allemagne et la France.

Il vise à remplacer à partir de 2035 les chars Leclerc français et les Leopard 2 allemands et à innover.

L'invasion de l'Ukraine par la Russie, en février 2022, a provoqué un sursaut en Europe sur les besoins accrus d'investissements et de programmes de coopération dans le secteur de la défense.


«Simplification!» Bruno Le Maire dévoile son «plan d'action» anti-paperasse pour les entreprises

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, assiste à une conférence de presse pour présenter un plan visant à simplifier les démarches administratives des entreprises au ministère de l'Économie à Paris, le 24 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • La commande publique, «qui obéit à des règles dignes de Balzac», sera également simplifiée
  • Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers

PARIS: "Balzac", "Kafka" et "Ubu" contre le 21e siècle: le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a présenté mercredi en conseil des ministres un plan visant à débarrasser les entreprises de "la paperasse", via notamment un nouveau bulletin de salaire.

Après le Premier ministre Gabriel Attal, qui a présenté mardi des mesures de "débureaucratisation" de l'administration à destination des particuliers, M. Le Maire a dévoilé mercredi comment l'Etat allait aider des patrons de TPE et PME "fatigués, exaspérés" par les tâches administratives auxquelles ils consacrent "en moyenne huit heures par semaine", l'équivalent de trois points de PIB par an.

Il y a en France 400.000 normes applicables, les huit principaux codes comptent 23.000 pages... contre 828 en 1833, et entreprises et administrations s'envoient chaque année 253 millions de courriers, met en avant Bercy.

Pour les petits patrons, "on est parfois chez Kafka", a remarqué la ministre des Entreprises, Olivia Grégoire.

D'où ce "plan d'action : simplification!", en 50 mesures dont la moitié feront l'objet d'un projet de loi discuté à partir du 3 juin au Sénat.

Il comprend quelques mesures s'appliquant également aux particuliers; une possible future feuille de paye simplifiée, qui devrait passer de 55 à 15 lignes, ou des astreintes pour les assureurs qui ne respectent pas les délais d'indemnisation.

M. Le Maire a aussi annoncé la suppression des 1.800 formulaires administratifs Cerfa d'ici à 2030, dont 80% d'ici à 2026. Cela dans le cadre d'une philosophie "dites le nous une fois", pour éviter de multiplier la communication des mêmes documents à plusieurs administrations.

Il a annoncé aussi "une revue complète" sur trois ans des 2.500 autorisations administratives. L'obligation pour l'employeur d'envoyer les arrêts-maladie à la Sécu est supprimée.

La commande publique, "qui obéit à des règles dignes de Balzac", sera également simplifiée, avec le dépôt de tous les appels d'offres publics sur une plateforme unique, Place, en 2027.

«Trouille»

M. Le Maire a confirmé l'institution d'un "test PME", pour évaluer l'impact de nouvelles normes pour les petites et moyennes entreprises, avant leur application.

"Certains patrons disent qu'ils ont la trouille d'avoir fait une erreur, mais il n'y a aucune raison d'avoir peur de l'administration", a-t-il observé.

Il a ainsi annoncé que le rescrit, la possibilité de demander au fisc de se prononcer sur tel ou tel point, afin d'éviter des problèmes ultérieurs, serait élargi à d'autres administrations comme la Direction générale de la concurrence, de la consommation, et de la répression des fraudes (DGCCRF) ou aux Douanes.

"Toujours dans cette logique de confiance", des peines de prison prévues pour certains manquements déclaratifs seront supprimées, au profit de sanctions moins lourdes. "Les chefs d’entreprise ne sont pas des bandits en puissance", a dit M. Le Maire.

Tandis que le ministre de l'Industrie Roland Lescure observait "qu'Ubu est encore un peu roi dans notre pays", M. Le Maire a dévoilé des mesures de simplification spéciales pour les industriels.

Notamment, "les grands projets industriels n'auront plus à organiser un débat au titre de la Commission nationale du débat public (CNDP)" et la compensation environnementale des projets pourra s'effectuer "dans un délai raisonnable", et non plus immédiatement.

Il s'est toutefois opposé "avec colère" à l'idée que Bercy reculerait ainsi sur l'écologie.

Chaque année enfin, sera organisée une nouvelle revue des mesures "inutiles ou trop lourdes". Le ministre de la Fonction publique Stanislas Guerini a assuré de "l'engagement de l'administration à installer le plan dans la durée".

Les patrons ont plutôt bien réagi au plan : "Je veux y croire", a indiqué à l'AFP François Asselin, président de la CPME, "car il semble que Bercy ait embarqué toute l'administration" sur ce projet.

Le Medef pour sa part "soutient l'esprit" du texte, qui néanmoins "n'épuise pas l'ensemble du chantier de simplification".

Le premier syndicat patronal a cependant mis en garde contre "des signaux contradictoires", évoquant la transposition en France de directives européennes complexes comme la CSRD et le devoir de vigilance, ou encore l'accord trouvé mardi sur le Compte épargne temps universel (Cetu) entre une autre organisation, l'U2P, et des syndicats.


Tournée du chef de la diplomatie française au Proche-Orient

Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français des Affaires étrangères et européennes Stéphane Séjourne lit un dossier devant le 8e comité interministériel pour la transformation publique à l'hôtel Matignon à Paris, le 23 avril 2024. (Photo de Ludovic MARIN / AFP)
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  • Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction
  • Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël

PARIS: Le ministre français des Affaires étrangères va se rendre à partir de samedi au Proche-Orient où il évoquera notamment l'instabilité au sud Liban et la situation à Gaza, a-t-on appris mercredi auprès de son entourage.

Il s'agira de la seconde visite de Stéphane Séjourné dans la région après celle qu'il avait faite début février, peu après sa prise de fonction.

Samedi, il entamera sa tournée régionale par Beyrouth où il discutera des propositions de la France destinées à rétablir la stabilité à la frontière entre le Liban et Israël, a-t-on précisé.

Le président français Emmanuel Macron a reçu vendredi à l'Elysée le Premier ministre libanais Najib Mikati ainsi que le commandant en chef de l'armée libanaise, Joseph Aoun dans un nouvel effort pour contenir la montée des violences entre le Liban et Israël.

Stéphane Séjourné devrait, lui, évoquer les propositions françaises qu'il avait portées en février pour désamorcer le conflit à la frontière libano-israélienne.

Beyrouth a pris acte de ces propositions sans pour autant les endosser alors que les Etats-Unis sont aussi à la manoeuvre.

Stéphane Séjourné poursuivra sa tournée en Arabie saoudite. Il s'agira là de sa première visite bilatérale, qui sera centrée sur les enjeux économiques, énergétiques, environnementaux et de défense, a-t-on indiqué de même source.

Le 30 avril, le chef de la diplomatie sera en Israël avant de se rendre dans les territoires occupés le lendemain. La France entend jouer un rôle actif "dans les efforts pour trouver une solution politique" à la guerre à Gaza avec un double enjeu "obtenir la libération des otages" toujours retenus par le groupe islamiste palestinien Hamas dans la bande de Gaza et obtenir "un cessez le feu durable", a rappelé l'entourage du ministre.