TUNIS: Déterminé à empêcher la destruction du kiosque de son fils construit illégalement, un sexagénaire décide d’y passer la nuit et meurt sous les décombres. Mardi, en début d’après-midi, le calme commençait à revenir à Sbeïtla, selon un habitant de cette localité du nord-ouest de la Tunisie.
Des affrontements entre manifestants et forces de l’ordre y avaient éclaté dans la matinée dans le quartier Essourour, en réaction à la mort d’un sexagénaire enseveli sous les décombres d’un kiosque, construit illégalement, dont la municipalité avait ordonné la destruction.
Après le déploiement de l’armée en début de matinée à la demande des autorités locales dans le but de protéger les entreprises et les organismes publics vitaux, en coordination avec les forces de sécurité, le chef du gouvernement a annoncé les limogeages de Mohamed Chamsa, gouverneur de Kasserine, et ceux du délégué, du chef de l’arrondissement de la sécurité nationale et du chef du poste de la police municipale de Sbeïtla.
Il a aussi chargé le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, et celui des Affaires locales, Mustapha Aroui, d’ordonner l’ouverture d’une enquête sur les causes de cet incident.
Selon nos informations, la victime en assumerait une part de responsabilité. «Initialement, la destruction du kiosque devait avoir lieu à minuit, mais la victime, employé de la municipalité et père du propriétaire, a alerté sa famille, qui est venue à la rescousse pour l’aider à entraver cette opération», indique Mohamed Tahar Khadhraoui, fondateur et président de l’association Amal S.D.S. à Kasserine. «L’équipe de la municipalité est partie puis est revenue à 4 h du matin pour procéder à la destruction du kiosque, sans s’apercevoir que le sexagénaire dormait à l’intérieur.»
À la mi-journée, alors que le calme revenait dans les rues, une campagne – baptisée «Nous sommes tous Mohamed Chamsa» – a été lancée sur les réseaux sociaux pour réclamer le retour du gouverneur limogé. Ce qui n’étonne guère Mohamed Tahar Khadhraoui. Selon cet ancien candidat indépendant aux élections municipales de 2018, Mohamed Chamsa «est le meilleur gouverneur que Kasserine ait jamais connu». Il affirme en effet: «Les dix qui l’ont précédé n’ont rien fait pour réactiver les projets de développement bloqués depuis 2007. Lui en a débloqué et mené à bien 90 %. De plus, il est proche des gens. Mais les lobbys locaux ne l’aiment pas», conclut notre interlocuteur.