WASHINGTON: Par un vote au Congrès, les Etats-Unis ont officiellement révoqué jeudi le statut commercial de la Russie et du Bélarus en réponse à la guerre en Ukraine, ouvrant la voie à des tarifs douaniers punitifs contre ces deux pays.
En coordination avec ses alliés européens, le président américain Joe Biden avait annoncé cette mesure le mois dernier afin "d'isoler davantage la Russie sur la scène mondiale", mais cette nouvelle sanction devait être validée par les élus de la Chambre et du Sénat. Elle a bénéficié d'un fort soutien issu des deux partis dans chacune des chambres.
En privant la Russie de sa "clause de la nation la plus favorisée", un principe de réciprocité de base dans le libre-échange, les Occidentaux la couperaient de facto du jeu mondial du libre-échange, et se donneraient le droit de taxer lourdement les importations de produits russes.
En ce qui concerne les Etats-Unis, seuls deux autres pays sont pour l'instant exclus de ce principe de réciprocité qui fonde l'essentiel des relations commerciales internationales: Cuba et la Corée du Nord.
L'an dernier, les Etats-Unis ont importé pour quelque 30 milliards de dollars de produits russes - dont 17,5 milliards de dollars de pétrole brut, une marchandise sur laquelle Washington vient tout juste de décréter un embargo pur et simple.
Russie: la Banque centrale baisse par surprise son taux directeur de 20% à 17%
La Banque centrale russe a abaissé par surprise son taux directeur à 17% vendredi, après l'avoir augmenté drastiquement à 20% dans la foulée des premières sanctions après l'entrée des troupes russes en Ukraine.
Cette baisse, effective à partir de lundi, est justifiée par le fait que "les risques pour la stabilité financière sont toujours présents, mais ont cessé d'augmenter pour l'instant", note la Banque de Russie dans un communiqué, notamment en raison des stricts contrôles de capitaux qu'elle a mis en place.
Avec le renforcement du rouble, largement artificel mais à la forte charge symbolique, cette décision est un succès pour la Banque centrale, signe que les mesures draconiennes de contrôle des capitaux et des devises ont fonctionné.
La Banque a constaté qu'un "afflux régulier de fonds" se produisait sur les comptes en banque et qu'un "ralentissement notable des taux de croissance actuels des prix, notamment en raison de la dynamique du taux de change du rouble" se produisait.
Les chiffres de l'inflation de mars sont attendus plus tard dans la journée. Battant des records d'accélération en début de mois, ils ont néanmoins ralenti la dernière semaine de mars.
Le rouble, qui s'était effondré à des niveaux sans précédent en février et mars, a largement retrouvé son niveau d'avant l'entrée des troupes russes en Ukraine.
La Banque centrale a laissé entendre qu'une nouvelle baisse pourrait avoir lieu lors de la prochaine réunion, prévue le 29 avril.
La Banque centrale semble "confiante sur le fait que la phase la plus aiguë de la crise économique est passée", assurent les analystes de Capital economics dans une note.
Les mesures prises rapidement par la Banque en février et mars ont "empêché une ruée bancaire majeure et déstabilisatrice".
Le projet de loi du Congrès exige aussi des Etats-Unis qu'ils appellent à la suspension de la Russie de l'Organisation mondiale du commerce.
Le Congrès a par ailleurs aussi voté jeudi sur une interdiction d'importer de l'énergie russe, emboîtant le pas au président américain qui a annoncé un embargo sur ces matières début mars par décret.
Le même jour, le Trésor américain a annoncé avoir sanctionné deux nouvelles entreprises contrôlées par l'Etat russe.
La première est Alrosa, géant minier qui représente à lui seul 90% des diamants extraits en Russie et 28% du marché mondial. Le groupe avait déjà été visé par des sanctions, mais le gouvernement américain les étend.
La seconde est la United Shipbuilding Corporation (USC), premier constructeur naval russe et "responsable de la construction de la quasi-totalité" des navires de guerre du pays, selon le communiqué du département américain au Trésor.
Tout cela s'ajoute à plusieurs salves de mesures occidentales adoptées ces dernières semaines, destinées à couper peu à peu les liens économiques et financiers avec le reste du monde du pays dirigé par Vladimir Poutine.