L'Ukraine poursuit les évacuations de civils dans l'est, réclame «des armes»

Des habitants passent devant un bâtiment détruit dans la ville de Borodianka, au nord-ouest de Kiev, le 6 avril 2022. La retraite russe la semaine dernière a laissé des indices de la bataille menée pour garder une emprise sur Borodianka, à seulement 50 kilomètres (30 miles) au nord -ouest de la capitale ukrainienne Kiev. (AFP).
Des habitants passent devant un bâtiment détruit dans la ville de Borodianka, au nord-ouest de Kiev, le 6 avril 2022. La retraite russe la semaine dernière a laissé des indices de la bataille menée pour garder une emprise sur Borodianka, à seulement 50 kilomètres (30 miles) au nord -ouest de la capitale ukrainienne Kiev. (AFP).
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Publié le Jeudi 07 avril 2022

L'Ukraine poursuit les évacuations de civils dans l'est, réclame «des armes»

  • Le G7 a appelé à la suspendre du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, tandis que les sanctions s'accumulent pour l'asphyxier économiquement
  • Les 193 pays membres de l'Assemblée générale de l'ONU sont appelés à voter à 14H00 GMT sur une suspension de la Russie du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies

KRAMATORSK: Sous la menace d'une offensive russe de grande envergure dans l'est, l'Ukraine exhorte jeudi les civils à saisir leur dernière chance" de fuir et réclame "des armes maintenant" pour se défendre. 

La pression monte en parallèle sur la Russie, accusée de "crimes de guerre" et d'autres exactions contre les civils : le G7 a appelé à la suspendre du Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, tandis que les sanctions s'accumulent pour l'asphyxier économiquement. 

"Les prochains jours sont peut-être la dernière chance pour partir. Toutes les villes libres de la région de Lougansk sont sous le feu ennemi" et les forces russes sont" en train de couper toutes les voies possibles de sortie", a averti sur Facebook son gouverneur, Serguiï Gaïdaï. 

Et d'annoncer la mise en place de "couloirs" pour évacuer jeudi la population de sept localités de cette région en partie contrôlée depuis 2014 par des séparatistes prorusses. La veille, 1 200 personnes avaient pu être évacuées.  

Blinken estime que les Russes commettent de nouvelles atrocités «en ce moment même »

Les Etats-Unis estiment que la Russie continue à commettre des « atrocités » en Ukraine « en ce moment même », a déclaré jeudi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken à l'issue d'une réunion de l'Otan. 

Au-delà de Boutcha, localité près de Kiev où l'Ukraine et les Occidentaux accusent Moscou d'avoir commis un « massacre » de civils, « il y a beaucoup d'autres villes que la Russie a occupées et d'autres villes qu'elle occupe encore, des endroits où nous devons estimer que les soldats russes commettent davantage d'atrocités en ce moment même », a-t-il dit devant la presse à Bruxelles. 

Le nouvel appel à partir concerne notamment la ville de Severodonetsk, la plus à l'est tenue par les forces ukrainiennes, régulièrement pilonnée par les troupes russes. 

Mercredi, ceux de ses habitants que des journalistes de l'AFP y ont croisés se sentaient coincés, à l'image de Volodymyr, 38 ans, devant un bâtiment en flammes : "Nous n'avons nulle part où aller, ça fait des jours que c'est comme ça. Je ne sais pas pour qui est cette guerre, mais nous, nous sommes là sous les bombes..." 

C'est toute la zone du Donbass, ainsi que la région voisine de Kharkiv, que les autorités ukrainiennes appellent depuis quelques jours à évacuer, insistant sur le fait qu'en cas d'offensive russe les civils demeurés sur place allaient "risquer la mort". 

La consigne semble entendue et le maire de Dnipro, une ville industrielle d'un million d'habitants sur le Dniepr, le fleuve qui marque la limite des régions orientales du pays, a souligné jeudi qu'un "très grand nombre" de personnes y étaient arrivées en provenance du Donbass. 

Il les a d'ailleurs exhortées à "partir, pour celles qui le peuvent", dans les régions encore plus à l'ouest "car c'est plus sûr là-bas". 

L'est de l'Ukraine est en effet désormais la cible prioritaire du Kremlin et le ministère russe de la Défense a annoncé jeudi avoir de nouveau bombardé dans la nuit avec des missiles quatre dépôts de carburant ravitaillant les forces ukrainiennes. 

Conséquence de cette nouvelle stratégie, le retrait des forces russes de la région de Kiev et du reste du nord de l'Ukraine "est en grande partie achevé", selon une source militaire occidentale, même si le redéploiement n'est pas encore complet et que des unités russes restent présentes au Bélarus, un allié de Moscou, à la frontière nord de l'Ukraine. 

Le gouverneur Gaïdaï a assuré que les responsables ukrainiens ne permettraient pas dans l'Est de "deuxième Marioupol", cette cité portuaire du sud-est assiégée et dévastée par l'armée russe depuis fin février. 

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a quant à lui accusé mercredi la Russie de bloquer l'accès humanitaire à Marioupol pour dissimuler les "milliers" de victimes s'y trouvant et appelé jeudi la Grèce a faire tout son possible pour aider à évacuer les civils de cette ville, qui a toujours compté une importante communauté grecque. 

Les séparatistes prorusses admettent encore combattre des milliers d'Ukrainiens à Marioupol

Les séparatistes prorusses de l'Est de l'Ukraine ont admis jeudi combattre des milliers d'Ukrainiens, dont des civils ayant pris les armes, dans la ville assiégée de Marioupol.
Les combats se concentrent sur le site d'une vaste usine sidérurgique, Azovstal, et dans le port, selon Edouard Bassourine, représentant des forces séparatistes de Donetsk.
"Nous pensons qu'il reste environ 3.000 ou 3.500 (militaires adverses), mais il faut aussi tenir compte du fait que parmi les habitants de Marioupol, certains ont pris les armes, et donc le nombre peut être bien plus important", a-t-il déclaré, selon plusieurs médias d'Etat russes.
L'armée russe et ses alliés séparatistes assiègent la ville depuis des semaines et font face à une résistance ukrainienne acharnée.
La situation humanitaire y est elle catastrophique, selon les deux camps, et la ville largement en ruine.
La prise de ce port est stratégique pour la Russie car elle lui permettrait de faire la jonction entre la Crimée, annexée en 2014, et la région sous contrôle séparatiste et le territoire russe.
Moscou y a notamment déployé les redoutables unités du dirigeant tchétchène Ramzan Kadyrov, sans parvenir jusqu'ici à prendre cette cité portuaire.  

« Des armes, des armes et des armes » 

Pour se préparer à l'offensive attendue dans le Donbass, Kiev réclame l'aide de l'Occident. 

L'Ukraine a besoin des armes des pays de l'Otan "maintenant", ou "ce sera trop tard", a déclaré jeudi le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba lors d'une réunion de l'Alliance atlantique à Bruxelles. 

"L'Ukraine a le droit de se défendre. Nous allons écouter les besoins que va nous soumettre" M. Kouleba et voir "comment y répondre", a réagi le secrétaire général de l'Alliance Jens Stoltenberg. 

L'Ukraine n'est pas membre de l'Otan, mais rien n'empêche ses 30 pays membres de lui apporter une aide. 

D'autant que le volet diplomatique de la crise ne montre aucun signe de progrès, au contraire. La Russie a ainsi accusé jeudi l'Ukraine d'être revenue sur certaines des propositions qu'elle avait faites au cours de pourparlers fin mars à Istanbul et que la Russie avait dit accueillir positivement. 

Kiev a immédiatement répliqué, en appelant Moscou à "réduire son degré d'hostilité" dans les négociations. 

Autre volet du soutien occidental à l'Ukraine, les sanctions économiques, encore renforcées mercredi par Washington et Londres après la découverte de dizaines de cadavres dans plusieurs localités près de Kiev, dont Boutcha, après le retrait des forces russes. 

La Russie dément toute exaction et dénonce une "provocation" ukrainienne, mais le président américain Joe Biden a fustigé des "crimes de guerre majeurs" et promis d'"étouffer pour des années" le développement économique de la Russie.  

Washington a voulu une nouvelle série de sanctions "dévastatrices", interdisant tout investissement en Russie et visant les grandes banques... ainsi que les deux filles du président russe Vladimir Poutine. 

Selon les Etats-Unis, la Russie pourrait voir son économie s'effondrer de quelque 15% cette année. 

Les Européens devraient leur emboîter le pas concernant la plupart de ces mesures supplémentaires, mais restent toujours divisés sur des sanctions énergétiques, au grand dam du président Zelensky qui a fustigé mercredi l'"indécision" européenne. 

Kiev a même directement accusé jeudi la Hongrie de saper "l'unité de l'UE" et d'"aider Poutine à continuer son agression contre l'Ukraine", en se disant prête à acheter du gaz russe en roubles, à rebours des autres Etats de l'Union européenne. 

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Accolade entre le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba et le secrétaire général de l'OTAN Jens Stoltenberg. (AFP).

« Tôt ou tard » 

L'UE examine en effet actuellement un cinquième ensemble de sanctions qui devrait être entériné lundi et comporte pour la première fois des mesures dans le secteur énergétique, avec un embargo sur les achats de charbon à la Russie. 

Et malgré les divergences entre pays plus ou moins dépendants des livraisons russes, le président du Conseil européen Charles Michel et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, ont tous deux estimé que des décisions sur le gaz et le pétrole allaient devoir intervenir "tôt ou tard". 

Le Parlement européen a quant à lui adopté jeudi à une écrasante majorité une résolution réclamant un embargo "total et immédiat" sur les importations "de pétrole, de charbon de combustible nucléaire et de gaz" russes. 

"Il faut imposer un embargo sur le pétrole et le gaz russes et j'espère qu'il ne faudra pas de nouvelles atrocités en Ukraine pour que ces sanctions soient décidées", a averti de son côté Dmytro Kouleba. 

Autre conséquence de la vague d'indignation qui a suivi les images de dizaines de civils tués, les 193 pays membres de l'Assemblée générale de l'ONU sont appelés à voter à 14H00 GMT sur une suspension de la Russie du Conseil des droits de l'Homme des Nations unies. 

Les pays du G7 ont appelé jeudi à adopter la résolution, disant en outre que les auteurs des "massacres" à Boutcha "devront rendre des comptes et seront poursuivis.


Des pourparlers sont attendus entre Téhéran et Washington, sur fond de menaces américaines

Cette combinaison d'images créée le 09 avril 2025 montre l'envoyé américain au Moyen-Orient Steve Witkoff après une réunion avec des responsables russes au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025 (G) ; et le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi s'adressant à l'AFP lors d'une interview au consulat iranien de Jeddah le 7 mars 2025. (Photo par EVELYN HOCKSTEIN et Amer HILABI / diverses sources / AFP)
Cette combinaison d'images créée le 09 avril 2025 montre l'envoyé américain au Moyen-Orient Steve Witkoff après une réunion avec des responsables russes au palais de Diriyah, à Riyad, en Arabie saoudite, le 18 février 2025 (G) ; et le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi s'adressant à l'AFP lors d'une interview au consulat iranien de Jeddah le 7 mars 2025. (Photo par EVELYN HOCKSTEIN et Amer HILABI / diverses sources / AFP)
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MASCATE, OMAN : Les États-Unis et l'Iran entament samedi à Mascate des discussions aux enjeux considérables sur le dossier du nucléaire iranien, après des menaces d'une opération militaire américaine en cas d'échec.

L'émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, et le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, doivent conduire ces discussions à huis clos à Mascate.

Il s'agira des premières négociations de ce niveau entre les deux pays ennemis depuis que les États-Unis se sont retirés en 2018 de l'accord conclu en 2015 entre l'Iran et les grandes puissances pour encadrer son programme nucléaire, en échange d'une levée des sanctions.

Leur durée et leur format restent incertains : la Maison Blanche affirme qu'il s'agira de négociations directes « dans une même pièce », tandis que l'Iran parle de discussions par l'intermédiaire des Omanais. 

Selon la télévision d'État iranienne, M. Araghchi s'est entretenu avec des responsables omanais à son arrivée à Mascate. Il est notamment accompagné de ses vice-ministres chargés des affaires politiques et juridiques.

Le président américain Donald Trump a adopté une politique de « pression maximale » à l'égard de l'Iran et imposé de nouvelles sanctions visant son programme nucléaire et son secteur pétrolier.

Il a créé la surprise en annonçant lundi la tenue de ces discussions, après des semaines de guerre des mots entre les deux pays, qui n'ont plus de relations diplomatiques depuis 45 ans. 

M. Witkoff, qui était en visite vendredi en Russie, a déclaré au Wall Street Journal que la « ligne rouge » pour Washington était « la militarisation de la capacité nucléaire » de l'Iran.

« Notre position commence par le démantèlement de votre programme. C'est notre position aujourd'hui. Cela ne veut pas dire qu'à la marge nous n'allons pas trouver d'autres moyens pour tenter de parvenir à un compromis », a-t-il dit en parlant du message qu'il livrerait aux Iraniens.

Mercredi, le président américain, qui ne cesse de menacer d'attaquer l'Iran, a encore fait monter la pression en déclarant qu'une intervention militaire contre ce pays était « tout à fait » possible en cas d'absence d'accord.

« S'il faut recourir à la force, nous le ferons. Israël y sera bien évidemment très impliqué, il en sera le chef de file », a averti M. Trump, un allié du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu qui agite régulièrement le spectre d'une attaque contre le programme nucléaire iranien, perçu comme une menace pour son pays. 

Après le retrait des États-Unis de l'accord de 2015 et le rétablissement de sanctions américaines à son encontre, la République islamique d'Iran s'est démarquée du texte.

Elle a accru son niveau d'enrichissement de l'uranium jusqu'à 60 %, soit bien au-delà de la limite de 3,67 % imposée par l'accord, et se rapproche du seuil de 90 % nécessaire à la fabrication d'une bombe atomique.

Selon Ali Vaez, du groupe de réflexion International Crisis Group, le premier point à l'agenda, « et l'un des plus importants », sera de définir le champ des discussions.

Selon lui, l'Iran pourrait « s'engager à prendre des mesures pour limiter son programme nucléaire » en échange d'un allègement des sanctions, « mais pas le démanteler entièrement ».

Pour Karim Bitar, enseignant à Sciences Po Paris, « les négociations ne se concentreront pas exclusivement (...) sur le programme nucléaire. L'accord devra inclure l'arrêt du soutien de l'Iran à ses alliés régionaux ».

Les conflits à Gaza et au Liban ont attisé les tensions entre l'Iran et Israël, qui ont mené des attaques militaires réciproques pour la première fois depuis des années de guerre par procuration.

Selon M. Bitar, « la seule et unique priorité est la survie du régime, et, idéalement, l'obtention d'un peu d'oxygène, c'est-à-dire un allègement des sanctions, afin de relancer l'économie, car le régime est devenu assez impopulaire ».


L'émissaire américain Witkoff est en Russie, selon le Kremlin

Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine. (AFP)
Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine. (AFP)
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  • Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine
  • "Oui, je confirme, il est en effet arrivé en Russie", a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti qui le questionnait sur des informations de presse faisant état de la venue du responsable américain

MOSCOU: Steve Witkoff, l'émissaire du président américain Donald Trump, est arrivé en Russie, a affirmé vendredi le porte-parole du Kremlin, en plein rapprochement russo-américain et tractations diplomatiques pour mettre fin au conflit en Ukraine.

"Oui, je confirme, il est en effet arrivé en Russie", a déclaré Dmitri Peskov, cité par l'agence russe Ria Novosti qui le questionnait sur des informations de presse faisant état de la venue du responsable américain.

Interrogé sur la possibilité d'une rencontre avec le président russe Vladimir Poutine, M. Peskov a répondu: "si c'est le cas, nous le dirons".

La raison de la visite de Steve Witkoff n'a pas été communiquée.

Cet ami proche de Donald Trump a été impliqué dans des discussions autour du conflit en Ukraine, mais il est aussi l'émissaire du président au Moyen-Orient.

Il est attendu samedi au sultanat d'Oman pour des pourparlers inédits avec l'Iran, pays proche de Moscou mais avec lequel Washington n'a plus de relations diplomatiques depuis 45 ans.

Ces discussions visent à négocier un nouvel accord sur le nucléaire iranien.

Les Occidentaux, Etats-Unis en tête, soupçonnent depuis des décennies l'Iran de vouloir se doter de l'arme nucléaire. Téhéran rejette ces accusations.

La Russie est un proche partenaire de l'Iran, et le Kremlin s'était dit en avril favorable à des négociations directes entre Washington et Téhéran.

Trump "furieux" 

La visite de Steve Witkoff intervient également au lendemain d'un échange de prisonniers entre Washington et Moscou et d'un round de discussions sur le fonctionnement de leurs missions diplomatiques, pour la deuxième fois depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump en janvier.

Le président américain veut se rapprocher de la Russie, dont les Occidentaux se tiennent à l'écart depuis le début de l'attaque russe contre l'Ukraine en 2022.

Donald Trump cherche à mettre fin au plus vite à ce conflit qui a déjà fait des dizaines de milliers de morts.

Cette détermination fait craindre à Kiev d'être contraint par son puissant allié à accepter d'âpres concessions. D'autant que le tempétueux Donald Trump envoie des signaux contradictoires.

Il a multiplié les piques à l'encontre du président ukrainien Volodymyr Zelensky, et critiqué l'aide que son pays a apportée à Kiev.

Mais Donald Trump a aussi menacé la Russie de nouvelles sanctions si elle ne consentait pas à la paix.

Il a dit fin mars à la chaîne NBC être "très énervé" et "furieux" contre Vladimir Poutine, après que ce dernier eut évoqué l'idée d'une "administration transitoire" en Ukraine, impliquant le départ du pouvoir de Volodymyr Zelensky.

Pas de cessez-le-feu 

Steve Witkoff a lui fait l'éloge de Vladimir Poutine. Il avait estimé dans une interview, le mois dernier, que le président russe n'était pas "un mauvais type".

L'émissaire américain l'a déjà rencontré à deux reprises. En mars, il s'était rendu en Russie pour discuter d'une proposition américaine d'un cessez-le-feu inconditionnel en Ukraine.

Mais Vladimir Poutine n'avait pas été convaincu, et cette proposition de trêve de 30 jours, acceptée par l'Ukraine, ne s'est pas concrétisée.

Donald Trump a seulement réussi à obtenir de son homologue russe un moratoire des frappes sur les infrastructures énergétiques, que l'Ukraine comme la Russie s'accusent depuis de violer.

Washington avait aussi annoncé fin mars une trêve limitée en mer Noire, aux contours flous.

Lundi, le Kremlin, accusé par Kiev et des capitales occidentales de faire traîner les discussions, avait estimé que de nombreuses questions restaient à régler en vue de conclure un accord de cessez-le-feu global avec l'Ukraine.

Le directeur du Service de renseignement extérieur russe (SVR), Sergueï Narychkine, a, lui, affirmé vendredi que les discussions entre Moscou et Washington allaient se poursuivre concernant "différentes thématiques", notamment celle de potentiels échanges de prisonniers.


Droits de douane: des démocrates soupçonnent Trump de possible délit d'initié

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%. (AFP)
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  • Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER"
  • Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique

WASHINGTON: Donald Trump a-t-il commis un délit d'initié ? Plusieurs élus démocrates ont émis des soupçons, estimant que le président américain avait peut-être, en encourageant à acheter des actions juste avant son revirement spectaculaire sur les droits de douane, illégalement manipulé les marchés.

"Les proches de Donald Trump profitent-ils illégalement de ces énormes fluctuations du marché boursier par le biais de délits d'initiés ?", a interrogé le sénateur démocrate de Californie Adam Schiff sur son compte X mercredi.  "Le Congrès doit savoir", a-t-il ajouté, appelant à une enquête parlementaire.

"Le président des États-Unis participe littéralement à la plus grande manipulation de marché au monde", ont affirmé de leur côté les élus démocrates de la commission des services financiers de la Chambre des représentants, également sur X.

Après avoir déclenché une guerre commerciale mondiale et ébranlé les marchés, le président américain a écrit mercredi sur TruthSocial, quelques minutes après l'ouverture de Wall Street, "C'EST LE MOMENT D'ACHETER".

Quelques heures plus tard, il annonçait une suspension pour 90 jours des droits de douane supplémentaires à l'encontre de dizaines de pays, à l'exception de la Chine, provoquant un rebond boursier historique.

Après plusieurs jours d'effondrement, l'indice Dow Jones a fini mercredi en hausse de 7,87%, sa plus forte progression depuis 2008, et l'indice Nasdaq de 12,16%, du jamais-vu depuis 2001.

Un spécialiste en éthique a lui aussi estimé qu'il y avait matière à enquête.

"Les présidents ne sont pas des conseillers en investissement", a écrit sur X Richard Painter, professeur en droit et ancien avocat chargé de l'éthique à la Maison Blanche sous George W. Bush. "Ce scénario pourrait exposer le président à des accusations de manipulation du marché", a-t-il déclaré sur la chaîne NBC.

La Maison Blanche a assuré que Donald Trump ne voulait que "rassurer".

"Il est de la responsabilité du président des États-Unis de rassurer les marchés et les Américains sur leur sécurité économique face à l'alarmisme permanent des médias", a déclaré au Washington Post Kush Desai, porte-parole de la Maison Blanche.

Donald Trump a signé son post sur Truth des lettres "DJT", qui représentent à la fois ses initiales et l’abréviation en bourse de son entreprise de médias, Trump Media & Technology Group. L'action de la société a clôturé la journée avec une hausse de 21,67%.