Présidentielle : Pécresse face au risque du crash de la droite

Valérie Pecresse, présidente du Conseil régional d'Ile-de-France et candidate à l'élection présidentielle française de droite Les Républicains (LR), lors de l'émission politique "Elysée 2022" sur la chaîne de télévision française France 2, à Saint-Denis, près de Paris , le 5 avril 2022. (Photo, AFP)
Valérie Pecresse, présidente du Conseil régional d'Ile-de-France et candidate à l'élection présidentielle française de droite Les Républicains (LR), lors de l'émission politique "Elysée 2022" sur la chaîne de télévision française France 2, à Saint-Denis, près de Paris , le 5 avril 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 06 avril 2022

Présidentielle : Pécresse face au risque du crash de la droite

  • À chaque fois, le scenario a été le même: un plus haut en janvier, autour de 17-18%, après sa désignation par la primaire de LR qui a ressoudé la droite. Puis une lente descente, accélérée par le meeting raté du Zénith, le 13 février
  • Un très mauvais score de Valérie Pécresse dimanche aurait évidemment des conséquences pour l'avenir immédiat de la droite, déjà éliminée dès le premier tour en 2017

PARIS : Passée sous les 10% dans les sondages, Valérie Pécresse risque un score historiquement bas à la présidentielle, au grand dam de la droite qui s'interroge sur son avenir.

"On part du principe que rien n'est joué, il y a des retournements de situation, le message est de rester mobilisé", assure un membre de l'organigramme, sans pour autant cultiver beaucoup d'espoir. "Pour notre famille politique, il faudrait qu'elle fasse 10 à 12%. Mais j'ai l'impression que ce sera plutôt 8-9%" soupire-t-il.

C'est le score que lui prédisent désormais plusieurs instituts, à quelques jours du premier tour: 9,5% pour l'Ifop, 8,5% pour Ipsos SporaSteria, 8% pour Kantar...

À chaque fois, le scenario a été le même: un plus haut en janvier, autour de 17-18%, après sa désignation par la primaire de LR qui a ressoudé la droite. Puis une lente descente, accélérée par le meeting raté du Zénith, le 13 février.

"J'ai voulu faire un meeting comme un homme et je ne suis pas un homme. Après j'étais déçue évidemment, j'ai trouvé que les critiques étaient injustes", expliquait Valérie Pécresse dès fin mars sur C8.

La candidate invoque aussi depuis quelques jours à son manque de "chance", en assurant que "rien ne m'a été épargné". Guerre en Ukraine, crise sanitaire... pour finir "le Covid m'a privée d'une semaine de campagne à un moment de la campagne qui était crucial", a-t-elle souligné mercredi sur France info.

Plus généralement, "elle a manqué de marqueurs forts", estime un membre de l'organigramme, qui regrette son image parfois trop techno: "elle a compris depuis 15 jours, trois semaines qu'elle devait paraître plus proche..."

Cela a pu contribuer à la plomber peu à peu. Or "l'élection, c'est une question de dynamique. Quand on la perd, c'est difficile de trouver un palier et de rebondir", affirme Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop.

«Logique mortifère»

Pour la candidate LR, "ce qui est compliqué est que son espace est réduit à la fois par un électorat qui aurait pu rester chez elle mais va chez Macron car c'est le président des crises, des guerres, et qu'il fait des choix programmatiques assez proches d'elle; et de l'autre par ceux qui choisissent Zemmour, voire Le Pen, ce qui est nouveau", note M. Dabi.

"L'effet vote utile joue beaucoup dans les derniers jours" et "Zemmour et Pécresse sont les grands perdants" de cette dynamique, ajoute Bernard Sananès, président de l'institut Elabe.

S'y ajoute le manque de soutien très ostentatoire de Nicolas Sarkzoy, dont le nom a été sifflé dimanche au meeting de Valérie Pécresse et qui continue à faire l'objet de spéculations sur un éventuel soutien à Emmanuel Macron.

Un très mauvais score de Valérie Pécresse dimanche aurait évidemment des conséquences pour l'avenir immédiat de la droite, déjà éliminée dès le premier tour en 2017.

"Certains parient sur la défaite pour ramasser les miettes, c'est une logique mortifère", soupire le membre de l'organigramme déjà cité, alors que le parti devra de toutes façon se trouver un nouveau président et une nouvelle direction après les législatives de juin.

"Ca va tanguer fort, surtout si elle fait un score à un chiffre", pronostique un député LR qui souligne l'importance d'être "devant Zemmour au premier tour". Car "être dernier des droites peut être dur", ajoute-t-il.

Très vite se posera la question du second tour: quelle attitude adopter en cas de duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen?

Dans la tradition gaulliste du parti, beaucoup assurent qu'il n'y aura pas d'hésitation face à l'extrême droite.

Mais "le risque est qu'elle dise +je vote Macron+, que Ciotti ou Retailleau arrivent en disant +non+, Bertrand +elle a raison+, la fissure en direct!", assure un soutien.

"Il faut penser aux candidats des législatives LR. On a construit le message comme quoi on était différents de Macron, si on lui tombe dans les bras, c'est fini", ajoute-t-il.

La question pourrait être tranchée à l'issue d'un bureau politique lundi matin. Reste à savoir si chacun ne partira pas en ordre dispersé...


« Attentat terroriste » en France : un mort, le ministre de l'Intérieur blâme l'Algérie sur l'immigration

La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
La police scientifique française travaille sur le site d'une attaque au couteau où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux policiers à Mulhouse, dans l'est de la France, le 22 février 2025. (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche.
  • Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

MULHOUSE, FRANCE : Samedi, dans l'est de la France, un homme de 37 ans, fiché pour risque de « terrorisme », a tué une personne et blessé au moins trois policiers à l'arme blanche. Selon le président Emmanuel Macron, il s'agit d'un « acte de terrorisme », tandis que le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a mis en cause la non-coopération de l'Algérie sur l'immigration.

Selon des témoignages concordants obtenus par l'AFP, l'assaillant a crié « Allah u Akbar » (« Dieu est le plus grand » en arabe) à plusieurs reprises samedi, lors de l'attaque menée dans la ville de Mulhouse, ainsi que lors de son interpellation par les forces de l'ordre.

Selon le parquet de Mulhouse, l'assaillant a agressé les victimes avec un couteau, blessant notamment un Portugais de 69 ans qui est décédé.

Deux policiers municipaux ont été grièvement blessés, l'un à la carotide et l'autre au thorax, a affirmé à l'AFP le procureur de Mulhouse Nicolas Heitz. Si le second a pu sortir de l'hôpital, le premier doit être transféré dimanche au centre hospitalier de Colmar, à environ 40 kilomètres de Mulhouse. Trois autres policiers municipaux auraient été plus légèrement atteints, a précisé le procureur.

En déplacement au Salon de l'agriculture à Paris, Emmanuel Macron a dénoncé un « acte de terrorisme islamiste » qui ne fait pas de doute.

Nicolas Heitz a déclaré que le suspect était inscrit au fichier de traitement des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste.

Interrogé sur la chaîne TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et accusé l'Algérie de l'avoir refusé à dix reprises.

« Une fois de plus, c'est le terrorisme islamiste qui a frappé. Et, une fois de plus, j'ajoute que ce sont les désordres migratoires qui sont aussi à l'origine de cet acte terroriste », a-t-il lancé.

Devant l'hôtel de police de Mulhouse, où il a rendu hommage au sang-froid des policiers, M. Retailleau a précisé que le suspect présentait également « un profil schizophrène » et que son acte présentait « une dimension psychiatrique ».

Selon des sources syndicales, le suspect était placé sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence.

Les faits se sont déroulés à 15 h 40 (14 h 40 GMT), près d'un marché très animé du quartier populaire.

L'homme a d'abord blessé grièvement des agents de stationnement, puis un sexagénaire portugais, mortellement atteint d'un coup de couteau.

« Nous ne savons pas s'il s'est trouvé par hasard sur son chemin ou s'il a fait un acte de bravoure en s'interposant », a indiqué le ministre.

L'assaillant a ensuite été poursuivi par des policiers municipaux qui sont parvenus à le maîtriser sans faire usage d'armes à feu.

À la nuit tombée, plusieurs membres de la police scientifique s'affairaient encore à la lueur d'un projecteur sur la dalle située à l'extérieur du marché couvert. Le périmètre était gardé par des militaires.

« Le fanatisme a encore frappé et nous sommes en deuil », a réagi le Premier ministre centriste François Bayrou, qui a adressé ses « félicitations aux forces de l'ordre pour leur intervention rapide ».

« L'horreur vient de saisir notre ville », a déploré la maire de Mulhouse, Michèle Lutz, sur Facebook.

En janvier, un homme de 32 ans avait blessé une personne au couteau dans un supermarché d'Apt, dans le sud de la France, en criant « Allah Akbar ». Il a été inculpé et écroué pour tentative d'assassinat en relation avec une entreprise terroriste.

Fin janvier, le procureur antiterroriste, Olivier Christen, avait souligné que « l'absence d'actes terroristes mortels en France en 2024 ne reflète pas une diminution du risque terroriste », rappelant que neuf attentats ont été déjoués l'an dernier sur le territoire français.


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.