PARIS : Passée sous les 10% dans les sondages, Valérie Pécresse risque un score historiquement bas à la présidentielle, au grand dam de la droite qui s'interroge sur son avenir.
"On part du principe que rien n'est joué, il y a des retournements de situation, le message est de rester mobilisé", assure un membre de l'organigramme, sans pour autant cultiver beaucoup d'espoir. "Pour notre famille politique, il faudrait qu'elle fasse 10 à 12%. Mais j'ai l'impression que ce sera plutôt 8-9%" soupire-t-il.
C'est le score que lui prédisent désormais plusieurs instituts, à quelques jours du premier tour: 9,5% pour l'Ifop, 8,5% pour Ipsos SporaSteria, 8% pour Kantar...
À chaque fois, le scenario a été le même: un plus haut en janvier, autour de 17-18%, après sa désignation par la primaire de LR qui a ressoudé la droite. Puis une lente descente, accélérée par le meeting raté du Zénith, le 13 février.
"J'ai voulu faire un meeting comme un homme et je ne suis pas un homme. Après j'étais déçue évidemment, j'ai trouvé que les critiques étaient injustes", expliquait Valérie Pécresse dès fin mars sur C8.
La candidate invoque aussi depuis quelques jours à son manque de "chance", en assurant que "rien ne m'a été épargné". Guerre en Ukraine, crise sanitaire... pour finir "le Covid m'a privée d'une semaine de campagne à un moment de la campagne qui était crucial", a-t-elle souligné mercredi sur France info.
Plus généralement, "elle a manqué de marqueurs forts", estime un membre de l'organigramme, qui regrette son image parfois trop techno: "elle a compris depuis 15 jours, trois semaines qu'elle devait paraître plus proche..."
Cela a pu contribuer à la plomber peu à peu. Or "l'élection, c'est une question de dynamique. Quand on la perd, c'est difficile de trouver un palier et de rebondir", affirme Frédéric Dabi, directeur général de l'Ifop.
«Logique mortifère»
Pour la candidate LR, "ce qui est compliqué est que son espace est réduit à la fois par un électorat qui aurait pu rester chez elle mais va chez Macron car c'est le président des crises, des guerres, et qu'il fait des choix programmatiques assez proches d'elle; et de l'autre par ceux qui choisissent Zemmour, voire Le Pen, ce qui est nouveau", note M. Dabi.
"L'effet vote utile joue beaucoup dans les derniers jours" et "Zemmour et Pécresse sont les grands perdants" de cette dynamique, ajoute Bernard Sananès, président de l'institut Elabe.
S'y ajoute le manque de soutien très ostentatoire de Nicolas Sarkzoy, dont le nom a été sifflé dimanche au meeting de Valérie Pécresse et qui continue à faire l'objet de spéculations sur un éventuel soutien à Emmanuel Macron.
Un très mauvais score de Valérie Pécresse dimanche aurait évidemment des conséquences pour l'avenir immédiat de la droite, déjà éliminée dès le premier tour en 2017.
"Certains parient sur la défaite pour ramasser les miettes, c'est une logique mortifère", soupire le membre de l'organigramme déjà cité, alors que le parti devra de toutes façon se trouver un nouveau président et une nouvelle direction après les législatives de juin.
"Ca va tanguer fort, surtout si elle fait un score à un chiffre", pronostique un député LR qui souligne l'importance d'être "devant Zemmour au premier tour". Car "être dernier des droites peut être dur", ajoute-t-il.
Très vite se posera la question du second tour: quelle attitude adopter en cas de duel entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen?
Dans la tradition gaulliste du parti, beaucoup assurent qu'il n'y aura pas d'hésitation face à l'extrême droite.
Mais "le risque est qu'elle dise +je vote Macron+, que Ciotti ou Retailleau arrivent en disant +non+, Bertrand +elle a raison+, la fissure en direct!", assure un soutien.
"Il faut penser aux candidats des législatives LR. On a construit le message comme quoi on était différents de Macron, si on lui tombe dans les bras, c'est fini", ajoute-t-il.
La question pourrait être tranchée à l'issue d'un bureau politique lundi matin. Reste à savoir si chacun ne partira pas en ordre dispersé...