Mélenchon et le quitte ou double du vote «efficace»

Le candidat présidentiel du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Melenchon, prononce un discours lors d'un meeting de campagne une semaine avant le premier tour de l'élection présidentielle française, sur la place du Capitole à Toulouse le 3 avril 2022. (AFP)
Le candidat présidentiel du parti de gauche français La France Insoumise (LFI), Jean-Luc Melenchon, prononce un discours lors d'un meeting de campagne une semaine avant le premier tour de l'élection présidentielle française, sur la place du Capitole à Toulouse le 3 avril 2022. (AFP)
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Publié le Lundi 04 avril 2022

Mélenchon et le quitte ou double du vote «efficace»

  • Son directeur de campagne Manuel Bompard estime que la progression constante du candidat depuis janvier, jusqu'autour de 15% des intentions de vote, provient surtout de la participation en hausse
  • La Fondation Jean-Jaurès souligne: «si l’écart dans les sondages entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon reste faible jusqu’au premier tour, il peut espérer une mobilisation en sa faveur d’une partie de l’électorat de gauche» dimanche

PARIS: Jean-Luc Mélenchon espère continuer à grappiller les voix de ses concurrents à gauche au nom du "vote efficace" pour se hisser au second tour de la présidentielle, mais cela reste une gageure au regard des hésitations des électeurs de gauche.

"Un autre second tour est possible" qu'un remake du duel Macron-Le Pen: c'est ce message que le tribun tente de faire passer aux électeurs de gauche, en écho à son slogan officiel "Un autre monde est possible".

Jean-Luc Mélenchon est allé, dimanche à Toulouse, jusqu'à se proposer en "compromis", mot qu'il emploie rarement, pour qualifier la gauche et battre les favoris. Il appelle aussi régulièrement à "faire barrage" à l'extrême droite dès le premier tour. 

Son directeur de campagne Manuel Bompard estime que la progression constante du candidat depuis janvier, jusqu'autour de 15% des intentions de vote, provient surtout de la participation en hausse. Car les autres candidats de gauche ne baissent pas franchement dans les sondages.

Pour lui, l'effet vote utile - mot que n'emploie pas LFI - n'a pas encore été enregistré et, conjointement à une participation qui augmenterait encore, rend possible la surprise d'un accès au second tour.

Mais selon les soutiens de Yannick Jadot par exemple, cet effet "n'existe pas". 

La hausse de l'Insoumis s'explique parce que "plein de gens ne se prononçaient pas dans les sondages en espérant l'union de la gauche, et quand celle-ci a été impossible, se sont reportés sur le premier à gauche", affirme à l'AFP Sophie Taillé-Polian, la co-dirigeante de Générations, le mouvement fondé par Benoît Hamon et qui soutient le candidat écologiste. 

Pour elle, c'est avant tout chez le communiste Fabien Roussel, que certains sondages replacent dans son étiage de départ autour des 3%, que Jean-Luc Mélenchon a grignoté. Tandis que Yannick Jadot, de fait, s'est à peu près maintenu autour de 5 ou 6%.

De son côté, le patron des sénateurs socialistes Patrick Kanner admet que "chez les sympathisants socialistes qui ne veulent pas une redite de 2017, il peut y avoir une tentation" de voter Mélenchon. 

"Il arrive à faire oublier toutes ses saillies verbales passées, par la qualité de son personnage, principale force de LFI", poursuit ce lieutenant d'Anne Hidalgo.

Selon Patrick Kanner toutefois, "il ne passera pas la barre" nécessaire pour se qualifier.

- "Second choix" -

Dans une étude publiée lundi, la Fondation Jean-Jaurès montre qu'outre la remobilisation de son électorat de 2017, Jean-Luc Mélenchon profite bel et bien "de transferts de voix du reste de la gauche, et ce autant de la part de la gauche radicale que de la gauche de gouvernement".

Ainsi, "34% des électeurs qui pensaient voter pour Christiane Taubira envisagent désormais de voter pour Jean-Luc Mélenchon", notent ses auteurs, les politologues Antoine Bristielle et Laura Chazel. 19% de ceux qui se prononçaient pour Fabien Roussel, 17% de ceux en faveur de Yannick Jadot et 21% de ceux pour Anne Hidalgo en janvier, disent désormais vouloir voter LFI.

Et le potentiel d'augmentation de ce vote utile demeure important, écrivent les politologues: si "29% des électeurs de Fabien Roussel, 36% des électeurs de Yannick Jadot et 43% des électeurs d’Anne Hidalgo déclarent qu’ils ne pourront +jamais+ voter pour Jean-Luc Mélenchon", "29% des électeurs de Fabien Roussel, 21% des électeurs de Yannick Jadot et 13% des électeurs d'Anne Hidalgo font de Jean-Luc Mélenchon leur +second choix de vote+". 

Les électeurs de gauche continuent à hésiter, et Jean-Luc Mélenchon le sait, en appelant à la "responsabilité individuelle" de chacun.

La Fondation Jean-Jaurès souligne: "si l’écart dans les sondages entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon reste faible jusqu’au premier tour, il peut espérer une mobilisation en sa faveur d’une partie de l’électorat de gauche" dimanche.

En filigrane, ce constat en appelle un autre: que les enquêtes continuent de donner Marine Le Pen plusieurs points au-dessus de l'Insoumis et l'argument-clé d'une possible qualification, incitatif au vote utile, sera amoindri.

Manuel Bompard est d'ailleurs le premier à le reconnaître: "Si Marine Le Pen fait 24 ou 25% (le 10 avril), on pourra rien faire. La gauche au total n'est qu'à 25... En revanche, (si elle fait) 20%, on peut y arriver" et la dépasser.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.