Ukraine: l'Europe discute de nouvelles sanctions, l'ONU «horrifiée» par Boutcha

A Boutcha, ceux qui ont survécu ne peuvent que constater l'horreur et tenter de rendre hommage aux civils exécutés en pleine rue par les Russes. SERGEI SUPINSKY / AFP
A Boutcha, ceux qui ont survécu ne peuvent que constater l'horreur et tenter de rendre hommage aux civils exécutés en pleine rue par les Russes. SERGEI SUPINSKY / AFP
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Publié le Lundi 04 avril 2022

Ukraine: l'Europe discute de nouvelles sanctions, l'ONU «horrifiée» par Boutcha

  • Le ministère russe de la Défense a assuré dimanche que ses forces n'avaient pas tué de civils à Boutcha, une ville proche de Kiev récemment reprise par les forces ukrainiennes
  • Le président français Emmanuel Macron a dénoncé dimanche les images «insoutenables» provenant de la ville ukrainienne de Boutcha où de nombreux cadavres ont été découverts

BUCHA, UKRAINE: Les Européens, révoltés par les images de dizaines de cadavres retrouvés dans les environs de Kiev, discutent lundi d'un alourdissement des sanctions contre Moscou, accusé de "génocide" en Ukraine mais qui rejette catégoriquement toutes ces accusations.
Plusieurs capitales occidentales et l'ONU ont exprimé dans la matinée leur indignation après le retrait russe de Boutcha, dans la banlieue nord-ouest de Kiev, et la découverte sur place de nombreux corps de civils dans les rues ou des fosses communes.
La Haute-commissaire aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, s'est dite "horrifiée" par ces informations qui "soulèvent des questions graves et inquiétantes sur de possibles crimes de guerre" et "violations graves des droits de l'homme", appelant "à préserver toutes les preuves".

La Russie dément avoir tué des civils à Boutcha

Le ministère russe de la Défense a assuré dimanche que ses forces n'avaient pas tué de civils à Boutcha, une ville proche de Kiev récemment reprise par les forces ukrainiennes. 

« Pendant la période au cours de laquelle cette localité était sous le contrôle des forces armées russes, pas un seul résident local n'a souffert d'actions violentes », a déclaré le ministère dans un communiqué.  

Il a ajouté que l'armée russe avait distribué 452 tonnes d'aide humanitaire aux civils dans ce secteur. 

Le ministère a ajouté que tous les habitants « avaient eu la possibilité de quitter librement » la localité « vers le nord », alors que les banlieues sud de la ville « étaient la cible de tirs des troupes ukrainiennes 24 heures sur 24 ». 

Le communiqué a en outre affirmé que les images de cadavres dans les rues de la ville étaient « une nouvelle production du régime de Kiev pour les médias occidentaux ».  

Il a assuré que toutes les unités militaires russes s'étaient retirées de Boutcha le 30 mars, au lendemain de l'annonce par la Russie qu'elle allait réduire de façon significative son activité dans le nord de l'Ukraine. 

Après la diffusion de ces images, l'Union européenne discutait lundi en "urgence" de nouvelles sanctions contre Moscou, réclamées notamment par la France et l'Allemagne, a indiqué le haut représentant de l'UE Josep Borrell.
Le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez a parlé lundi d'un possible "génocide" et réclamé la comparution des coupables "devant la Cour pénale internationale".
Dans la foulée, le Premier ministre de la Pologne, voisine occidentale de l'Ukraine, a repris le terme de "génocide" et réclamé la création d'une commission d'enquête internationale sur ce sujet.
En visite lundi à Varsovie, le ministre japonais des Affaires étrangères, Yoshimasa Hayashi, s'est dit "profondément choqué". "Le meurtre de civils innocents est (...) inacceptable, et je condamne fermement ces actions", a-t-il déclaré.
Dimanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky avait fustigé les "meurtriers, tortionnaires, violeurs, pilleurs" russes responsables des "meurtres" et des "tortures" à Boutcha.
Le Kremlin a vivement réagi lundi matin en rejetant "catégoriquement toutes les accusations", par la voix de son porte-parole, Dmitri Peskov, qui a appelé les dirigeants étrangers à ne pas avancer d'"accusations hâtives" à l'égard de Moscou et à "écouter au moins les arguments russes".
Selon lui, des experts du ministère russe de la Défense ont découvert des signes de "falsifications vidéo" et des "fakes" dans les images présentées par les autorités ukrainiennes comme preuves d'un massacre russe.

«Les autorités russes devront répondre de ces crimes », affirme Macron

Le président français Emmanuel Macron a dénoncé dimanche les images « insoutenables » provenant de la ville ukrainienne de Boutcha où de nombreux cadavres ont été découverts, affirmant que « les autorités russes devront répondre de ces crimes ». 

« Les images qui nous parviennent de Boutcha, ville libérée près de Kiev, sont insoutenables », a écrit le chef de l'Etat sur Twitter, dénonçant « dans les rues, des centaines de civils lâchement assassinés ». 

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, avait auparavant condamné « avec la plus grande fermeté » les actes commis par l'armée russe contre des civils dans plusieurs villes ukrainiennes dont Boutcha, « constitutifs, s'ils sont confirmés, de crimes de guerre ». 

« J'ai pris connaissance des informations faisant état d'exactions massives commises par les forces russes dans des villes ukrainiennes qu'elles occupaient ces dernières semaines, en particulier dans la localité de Bucha (Boutcha, ndlr) », a déclaré le ministre dans un communiqué.  

« Je condamne avec la plus grande fermeté de tels actes constitutifs, s'ils sont confirmés, de crimes de guerre », a-t-il ajouté.  

« Nous travaillerons, en lien avec nos partenaires, les autorités ukrainiennes et les juridictions internationales compétentes, notamment la Cour pénale internationale, pour que ces actes ne restent pas impunis et que leurs responsables soient jugés et condamnés », a-t-il poursuivi. 

«Balle dans la nuque»

L'armée russe était parvenue à Boutcha et dans la ville voisine d'Irpin, qui borde Kiev au nord-ouest, très rapidement après le début de l'invasion de l'Ukraine le 24 février. Dans les semaines qui ont suivi, les deux villes ont été le théâtre de féroces combats qui les ont en partie dévastées et fait fuir la plupart des habitants.
Les Ukrainiens ont annoncé les avoir reprises ces derniers jours, après que les Russes ont indiqué desserrer l'étau sur Kiev et le nord pour concentrer leurs efforts militaires sur l'est du pays.
Le nombre total de morts dans les territoires de la région de Kiev récemment repris aux troupes russes reste incertain. Selon la procureure générale d'Ukraine, Iryna Venediktova, les dépouilles de 410 civils y ont été retrouvées.
Samedi, l'AFP avait vu à Boutcha les cadavres d'au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues. Le maire de la ville, Anatoli Fedorouk, avait assuré qu'elles ont été tuées d'"une balle dans la nuque", suggérant des exécutions sommaires massives de la part des soldats russes.
M. Fedorouk a par ailleurs affirmé que "280 personnes" avaient été enterrées "dans des fosses communes" car elles ne pouvaient être inhumées dans les cimetières communaux, tous à portée des tirs russes pendant les combats.

Washington et l'Otan dénoncent des actes «horribles», «cela doit s'arrêter»

Les Etats-Unis et l'Otan ont exprimé dimanche leur horreur face aux récits d'atrocités contre les civils imputées aux forces russes à Boutcha, près de Kiev, avertissant que le départ de Moscou de cette région ne représentait ni un « vrai retrait » ni un espoir de désescalade. 

« Ces images sont un coup de poing à l'estomac », a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken sur la chaîne CNN, rappelant avoir prévenu « avant l'agression de la Russie » qu'elle risquait de »commettre des atrocités ». 

« Nous ne pouvons pas normaliser cela. C'est la réalité de ce qui se passe chaque jour, tant que la brutalité de la Russie contre l'Ukraine se poursuit. C'est pourquoi cela doit s'arrêter », a-t-il dit. 

Il a réaffirmé que les Etats-Unis contribuaient à « documenter » d'éventuels « crimes de guerre » auprès des institutions internationales pour que leurs responsables « rendent des comptes », refusant toutefois de dire s'il considérait qu'il s'agissait de « crimes contre l'humanité » ou même d'actes de « génocide ». 

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a pour sa part estimé que les violences de Boutcha étaient « horribles », dénonçant une « brutalité inédite en Europe depuis des décennies ». 

« Il est absolument inacceptable que des civils soient pris pour cibles et tués, et cela souligne l'importance de mettre fin à cette guerre », a-t-il estimé sur la même chaîne. 

Interrogé sur le départ des forces russes de la région de Kiev, que les forces ukrainiennes ont dit avoir repris, il s'est montré prudent: « Nous ne devons pas être trop optimistes » car « nous redoutons une potentielle augmentation des attaques, notamment dans le Sud et l'Est ». 

« Ce n'est pas un vrai retrait, c'est davantage une adaptation de leur stratégie », a-t-il insisté.  

Antony Blinken a encore affirmé que l'invasion de l'Ukraine était déjà « un revers spectaculaire pour la Russie ». « Ils avaient trois objectifs au départ: le premier était d'assujettir l'Ukraine et lui retirer sa souveraineté et son indépendance; le deuxième était d'affirmer la puissance russe; le troisième était de diviser l'Occident et l'Otan. Sur ces trois fronts, ils ont déjà perdu », a martelé le secrétaire d'Etat américain. 

"A en juger par ce que nous avons vu, on ne peut pas faire confiance à ces images vidéo", a répondu M. Peskov.
Moscou, qui dément toute exaction de son fait, a annoncé lundi qu'elle allait enquêter sur cette "provocation haineuse" qui vise selon elle à "discréditer" les forces russes en Ukraine. Et demandé une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour statuer sur ces exactions commises selon elle par "des radicaux ukrainiens" à Boutcha.
Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, est arrivé dimanche soir à Moscou, et devait se rendre à Kiev, mandaté pour rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine. Jusqu'à présent, la Russie refusait toute visite d'un haut responsable de l'ONU ayant l'Ukraine pour sujet principal.
A la gare de Kramatorsk, dans l'est du pays encore sous contrôle de Kiev, ils étaient des centaines ce week-end à attendre leur train pour fuir dans l'ouest, par crainte d'être encerclés par les Russes.
"Beaucoup de gens sont déjà partis, les hommes restent, nos familles s'en vont", grimaçait Andreï, dont l'épouse et les deux enfants attendaient sagement, bagages aux pieds. Comme bien d'autres, il est angoissé, car "les bombardements peuvent commencer à tout moment".

EN BREF «Massacre» à Boutcha en Ukraine : ce que l'on sait

Voici ce que l'on sait pour le moment sur ces événements, qui suscitaient dimanche l'indignation des pays occidentaux pour lesquels il s'agit d'« un terrible crime de guerre ». 

Une ville dévastée  

Boutcha, une ville d'environ 37 000 habitants (avant la guerre) à 30 km de la capitale, ainsi que celle voisine d'Irpin, ont été le théâtre de combats parmi les plus féroces depuis le début de l'invasion russe de l'Ukraine, le 24 février. 

Boutcha a été occupée par l'armée russe dès le 27 février, restant inaccessible pendant plus d'un mois. Les bombardements y ont cessé jeudi et les forces ukrainiennes n'ont pu complètement y pénétrer qu'il y a quelques jours. 

Des journalistes se sont rendus samedi dans cette localité et ont pu voir des trous béants provoqués par des obus dans des immeubles d'habitation, de nombreuses carcasses de voitures et des rues jonchées de débris ou de lignes électriques abattues. 

Ceux de ses habitants restés sur place, pris au piège par les tirs incessants, étaient privés d'eau et d'électricité par des températures très basses. 

Des témoins rencontrés ont affirmé avoir vu des combattants tchétchènes parmi les militaires russes. 

Une vingtaine de corps éparpillés 

L'AFP a vu samedi les cadavres d'au moins 22 personnes portant des vêtements civils dans des rues à Boutcha. L'un était couché près d'un vélo, d'autres avaient à côté d'eux des sacs à provisions.  

Un cadavre avait les mains liées dans le dos et la plupart des corps étaient éparpillés sur plusieurs centaines de mètres dans une même rue. Un autre se trouvait près de la gare, sous une couverture. 

On ne pouvait pas dans l'immédiat déterminer la cause de la mort de ces personnes, mais au moins deux d'entre elles présentaient de larges blessures à la tête.  

La peau des visages avait un aspect cireux, laissant penser que les cadavres étaient là depuis au moins plusieurs jours. 

Selon le maire de Boutcha, Anatoli Fedorouk, ces personnes ont été tuées par les soldats russes d'« une balle dans la nuque ». 

Fosses communes 

Les cadavres de 57 personnes ont été retrouvés dans une fosse commune, a déclaré dimanche le chef des secours locaux, Serhiï Kaplytchny, en montrant à une équipe de l'AFP ce site. 

Une dizaine de cadavres étaient visibles, certains seulement partiellement inhumés, derrière une église du centre de la ville. Plusieurs d'entre eux étaient dans des sacs mortuaires noirs et ceux que l'on pouvait voir portaient des vêtements civils. 

Samedi, M. Fedorouk avait affirmé que « 280 personnes » avaient été enterrées « dans des fosses communes » car elles ne pouvaient être inhumées dans les cimetières de Boutcha, tous à portée des tirs russes pendant les combats. 

Quel bilan ? 

Le nombre exact des victimes n'est pas encore connu, a déclaré le maire de Kiev, Vitali Klitschko, qui s'est rendu dimanche à Boutcha : « Nous pensons que plus de 300 civils sont morts ».  

Gaz et pourparlers

Dans le sud, huit personnes ont été tuées et 34 blessées dans des bombardements russes dimanche sur les villes d'Otchakiv et de Mykolaïv, a indiqué lundi le Parquet ukrainien.
Les Occidentaux veulent désormais adopter de nouvelles mesures contre Moscou, après avoir déjà acté plusieurs trains de sanctions depuis le 24 février, ciblant massivement des entreprises, des banques, des hauts responsables, des oligarques, et interdisant l'exportation de biens vers la Russie.
Dans un tweet, le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, a exigé l'adoption immédiate "de nouvelles sanctions dévastatrices du G7", en citant notamment l'"embargo sur le pétrole, le gaz et le charbon" et la fermeture de "tous les ports aux navires et marchandises russes".
La pression porte ainsi notamment sur les hydrocarbures, importante ressource financière pour la Russie. Dès samedi, les Etats baltes avaient annoncé la cessation de leur importation de gaz russe et le président lituanien Gitanas Nauseda avait appelé le reste de l'UE à les suivre.
Les Etats-Unis ont interdit l'importation de pétrole et de gaz russes peu après l'invasion de l'Ukraine, mais pas l'UE qui s'approvisionnait en Russie à hauteur de 40% environ en 2021.
La Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a annoncé lundi suspendre l'accès de la Russie et de son alliée le Bélarus à ses financements et à son expertise.
Du côté de Moscou, on anticipe déjà un éventuel alourdissement des sanctions. "Tôt ou tard, nous devrons établir un dialogue, que quelqu'un outre-Atlantique le souhaite ou non", a toutefois souligné le porte-parole du Kremlin.
On ignore quel sera l'impact de Boutcha cette semaine sur les pourparlers russo-ukrainiens, difficiles mais où perce une lueur d'espoir. Le négociateur en chef russe, Vladimir Medinski, a salué une position "plus réaliste" selon lui de Kiev, prêt sous conditions à accepter un statut neutre du pays, réclamé par Moscou, et Dmitri Peskov a dit à propos d'un sommet Poutine-Zelensky que, "hypothétiquement, une telle rencontre est possible".
Le négociateur en chef ukrainien, David Arakhamia, avait affirmé samedi que Moscou avait accepté "oralement" toutes les positions ukrainiennes, "sauf en ce qui concerne la question de la Crimée".
La guerre, intense, a fait, a minima, des milliers de morts et contraint à l'exil plus de 4,2 millions d'Ukrainiens, à 90% des femmes et des enfants.


Tentative d'assassinat du Premier ministre slovaque, «entre la vie et la mort»

Cette image extraite d'une séquence vidéo obtenue par l'AFPTV montre des agents de sécurité transportant le Premier ministre slovaque Robert Fico vers un véhicule après qu'il ait été abattu à Handlova le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Cette image extraite d'une séquence vidéo obtenue par l'AFPTV montre des agents de sécurité transportant le Premier ministre slovaque Robert Fico vers un véhicule après qu'il ait été abattu à Handlova le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Robert Fico, âgé de 59 ans, devait subir une « intervention urgente » après avoir été acheminé par hélicoptère à Banska Bystrica
  • Selon sa page officielle Facebook, M. Fico a été touché par balle «plusieurs »

BRATISLAVA: Le Premier ministre slovaque Robert Fico se trouve "entre la vie et la mort" après avoir été blessé par plusieurs balles mercredi après une réunion de cabinet, a indiqué le gouvernement de ce pays d'Europe centrale.

Robert Fico, âgé de 59 ans, devait subir une "intervention urgente" après avoir été acheminé par hélicoptère à Banska Bystrica, une ville du centre de la Slovaquie, a précisé le gouvernement dans un communiqué.

Selon sa page officielle Facebook, M. Fico a été touché par balle "plusieurs fois".

"La police a arrêté l'assaillant et donnera davantage d'informations le plus vite possible", a en outre annoncé dans un communiqué la présidente sortante de la Slovaquie, Zuzana Caputova, qualifiant l'agression de son opposant politique d'"attaque contre la démocratie".

La télévision slovaque a diffusé des images d'un homme en jeans menotté au sol.

L'attaque est intervenue après une réunion de cabinet à Handlova, dans le centre de la Slovaquie, selon le journal Dennik N, dont un reporter a entendu plusieurs coups de feu et vu le chef de gouvernement emmené précipitamment dans une voiture par des gardes du corps.

"Aujourd'hui, après une réunion gouvernementale à Handlova, il y a eu une tentative d'assassinat sur le Premier ministre", a confirmé le gouvernement.

M. Fico avait tout d'abord été transporté à l'hôpital de Handlova, dans "l'unité de chirurgie vasculaire", a indiqué à l'AFP la directrice de l'établissement, Marta Eckhardtova, qui n'a pas donné de précisions sur la nature de ses blessures.

Un ex-communiste pro-Poutine

Après être revenu au pouvoir comme Premier ministre en octobre dernier, Robert Fico a mis en doute la souveraineté de l'Ukraine et fait cesser toute aide militaire au pays.

Cet ancien membre du parti communiste, qui a fondé sa propre formation et rejette les étiquettes de "populiste" et de "démagogue", s'est opposé aux sanctions contre la Russie.

En avril, il a néanmoins opéré un changement de ton face à la guerre en Ukraine, prônant une solution pacifique qui respecte "l'intégrité territoriale" de ce pays.

Son allié au gouvernement, Peter Pellegrini, a remporté le mois dernier la présidentielle devançant largement un diplomate pro-européen, en faisant de la guerre en Ukraine un élément clés de la campagne dans ce pays de 5,4 millions d'habitants membre de l'Union européenne et de l'Otan.

Sa coalition gouvernementale a notamment adopté un projet de loi controversé sur la radio et la télévision publiques RTVS que le pouvoir en place accuse de manquer d'objectivité

Vive émotion en Europe

Les dirigeants des institutions de l'Union européenne ont vivement réagi à la nouvelle.

La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déploré "l'attaque ignoble" contre le Premier ministre slovaque, jugeant que "de tels actes de violence n'ont pas leur place dans notre société et sapent la démocratie, notre bien commun le plus précieux".

"Rien ne peut jamais justifier la violence ni de telles attaques", a souligné le président du Conseil européen Charles Michel, tandis que le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg s'est déclaré "consterné".

En Hongrie, frontalière avec la Slovaquie, le Premier ministre Viktor Orban s'est dit "profondément choqué par l'attentat odieux perpétré contre mon ami, le Premier ministre Robert Fico".

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé l'attaque "épouvantable" contre le Premier ministre slovaque. Et le président russe Vladimir Poutine a parlé d'un "crime odieux", en décrivant Robert Fico "comme un homme courageux et déterminé".

Le chancelier allemand Olaf Scholz s'est pour sa part dit "bouleversé par le lâche attentat" car "la violence ne peut avoir sa place dans la politique européenne".

La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a exprimé "la plus ferme condamnation de toute forme de violence et d'attaque aux principes de base de la démocratie et de la liberté". Et le Premier ministre britannique Rishi Sunak s'est dit "choqué d'apprendre cette nouvellle épouvantable".

 

 


Un feu de forêt menace une ville pétrolière de l'ouest du Canada, nouvelles évacuations

Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada  (Photo, AFP).
Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada (Photo, AFP).
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  • Tous les regards sont néanmoins tournés vers la région car le risque est grand à cause des installations pétrolières
  • Le Canada possède 10% des réserves mondiales d'or noir, dont une très grande partie se trouve dans les sables bitumineux

FORT-MCMURRAY: Nouvelle alerte au Canada: des milliers d'habitants ont reçu l'ordre mardi d'évacuer en raison de l'approche d'un feu de forêt à proximité de Fort McMurray, le plus gros complexe de sables bitumineux du pays.

Située en Alberta (ouest), cette ville de 70.000 habitants est doublement connue car elle est le centre de la production de pétrole du Canada et aussi le symbole de la plus grosse catastrophe de l'histoire du pays, en termes de destruction, après avoir été partiellement ravagée par les flammes en 2016.

"Nous observons un comportement extrême du feu" qui "est poussé vers la ville par le vent", a déclaré Josée St-Onge, porte-parole des pompiers de l'Alberta, lors d'une conférence de presse.

"La fumée réduit la visibilité et il est difficile de déterminer les distances exactes", a-t-elle complété, précisant que les "pompiers avaient été retirés de la première ligne pour des raisons de sécurité" face à un feu trop intense.

Cet incendie, qui a déjà consumé 9.600 hectares de forêt, se trouve à maintenant seulement 13 kilomètres de la ville. Tous les quartiers sud (Prairie Creek, Abasand, Grayling Terrace et Beacon Hill) ont donc reçu un ordre d'évacuation en milieu de journée mardi.

Mardi en fin d'après-midi sous un ciel obscurci par la fumée des feux de forêt, d'immenses files de voitures se pressaient sur l'autoroute pour quitter la zone. De nombreux habitants sont encore traumatisés par le chaos qui a entouré l'évacuation en 2016 des 90.000 habitants par l'unique route d'accès de la ville entourée de forêt.

"Je suis très angoissée car en 2016 mon appartement a brûlé donc je revis tout cela", raconte Ashley Russell, résidente de Fort McMurray.

Cette dernière n'habite pas dans un quartier évacué mais elle a déjà fait ses "valises", pour ne pas être prise au dépourvu comme il y a huit ans. "Je suis prête à partir".

Après avoir vécu l'an passé la pire saison d'incendies de son histoire, le Canada a connu l'un de ses hivers les plus chauds, avec peu de neige dans de nombreuses régions.

Des conditions de sécheresse forte ou extrême dans une grande partie du pays qui font craindre un nouvel été apocalyptique. D'autant plus que cet hiver, le pays a enregistré un nombre record de feux zombies, ces brasiers qui couvent sous la neige dans l'épaisse profondeur des tourbières de la forêt boréale.

3 millions de barils de pétrole 

Toutefois le chef des pompiers de la région Jody Butz a tenu à rassurer la population estimant que "l'activité des incendies est très différente de celle de 2016".

"Nous disposons de ressources abondantes et nous sommes bien placés pour répondre à la situation", a-t-il estimé.

Tous les regards sont néanmoins tournés vers la région car le risque est grand à cause des installations pétrolières. Le Canada possède 10% des réserves mondiales d'or noir, dont une très grande partie se trouve dans les sables bitumineux.

Chaque jour, plus de 3 millions de barils de pétrole sont extraits des sables, d'après les chiffres officiels du gouvernement, contribuant à faire du Canada le quatrième producteur mondial et le premier exportateur de brut vers les Etats-Unis.

Un peu plus à l'ouest, où près de 5.000 personnes ont également été évacuées durant le week-end près de la ville de Fort Nelson dans la province de Colombie-Britannique, la situation était mardi plus favorable.

"Il fait frais, le ciel est couvert et le vent est très léger", a déclaré à l'AFP Rob Fraser, le maire de la ville. "Si cela continue ainsi, nous pourrons peut-être maîtriser cette bête".

Victime des conséquences dévastatrices du réchauffement climatique, le Canada a connu en 2023 la pire saison des feux de son histoire.

Près de 18 millions d'hectares de terres sont partis en fumée - soit une superficie plus grande que la Grèce. Quelque 200.000 personnes ont par ailleurs dû être évacuées et la fumée des incendies s'est répandue jusqu'aux Etats-Unis et même en Europe.


La CPI ne se laissera pas influencer par les «Goliath» de ce monde, promet son procureur

Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan. (Photo, AFP)
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  • Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza
  • La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine

NATIONS UNIES : Le procureur de la Cour pénale internationale Karim Khan a assuré mardi qu'il ne se laisserait pas "influencer" par les "Goliath" de ce monde, en référence aux menaces le visant dans des dossiers liés à la guerre en Ukraine et à Gaza.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU portant sur son enquête sur les crimes de guerre en Libye, Karim Khan a été mis en cause par les ambassadeurs russe et libyen qui ont dénoncé son absence d'action face à l'offensive israélienne à Gaza.

"On peut se demander si l'efficacité de la CPI dans ce dossier n'est pas affectée par un projet de loi (...) visant à sanctionner les responsables de la CPI impliqués dans des enquêtes contre les Etats-Unis ou ses alliés",  a lancé l'ambassadeur russe Vassili Nebenzia, en référence à des informations rapportées par la presse sur un projet en ce sens d'élus au Congrès américains.

"Je veux le rassurer, (...) nous ne nous laisserons pas influencer, que ce soit par des mandats d'arrêt de la Russie contre moi ou des membres élus de la Cour, ou par n'importe quel élu d'une autre juridiction", a répondu Karim Kahn, évoquant des "menaces" personnelles et contre son bureau pour les forcer à "arrêter".

La Russie avait placé en mai 2023 Karim Khan sur sa liste des personnes recherchées, après que la CPI a émis un mandat d'arrêt contre le président Vladimir Poutine pour son rôle dans la déportation d'enfants en Ukraine.

Début mai, la CPI avait déjà lancé une mise en garde aux "individus qui (la) menacent de représailles", elle ou son personnel, en affirmant que de telles actions pourraient constituer une "atteinte à l'administration de la justice".

Elle s'exprimait suite à des informations selon lesquelles la Cour s'apprêtait à délivrer des mandats d'arrêt contre des membres du gouvernement israélien -dont pourrait faire partie le Premier ministre Benjamin Netanyahu- en lien avec les opérations militaires menées par Israël à Gaza en riposte à l'attaque du Hamas.

"Nous avons un devoir de nous battre pour la justice, de nous battre pour les victimes", a insisté Karim Khan mardi devant les membres du Conseil de sécurité.

"Je suis bien conscient qu'il y a des Goliath dans cette salle. Des Goliath avec du pouvoir, de l'influence", mais "nous avons la loi", a-t-il ajouté, assurant qu'il ferait son travail "avec intégrité et indépendance".