NANTERRE : Plus de 30 000 personnes, une fanfare dans les gradins, des banderoles "Droit au but": les "Macron président" et "Et un, et deux, et cinq ans de plus!" résonnaient samedi dans la gigantesque Arena La Défense pour le seul grand meeting d'avant-premier tour du président-candidat français.
Pendant près de 2h30, Emmanuel Macron a discouru dans une ambiance décrite par un commentateur télévisé comme un "super bowl à la française", du nom du spectacle proposé aux Etats-Unis lors de la finale de championnat de football américain, mais en plus timoré.
"Un meeting, ça sert à faire vivre le collectif et à se mobiliser": alors que les "Jeunes avec Macron", rebaptisés "Team Ambiance", avaient chauffé la salle, épaulé par un DJ, l'actuel Premier ministre Jean Castex, et de nombreuses figures de la Macronie étaient venus soutenir leur candidat, autant menacé par l’abstention que par une candidate d'extrême droite, Marine Le Pen.
La candidate d'extrême droite laboure depuis des mois l'Hexagone, axant son discours sur le pouvoir d'achat, première préoccupation des Français, accentuée par les conséquences économiques de la guerre. Emmanuel Macron a dès lors démarré son discours sur son bilan social.
"Passer le congé paternité de 14 à 28 jours", moins d'élèves dans certaines classes dans les quartiers les plus pauvres, "développer l'apprentissage jusqu'à doubler le nombre d'apprentis", la procréation médicalement assistée pour les couples de femmes... "nous l'avons fait", a-t-il lancé.
"Le pouvoir d'achat a augmenté de manière historique, notamment pour les travailleurs les plus modestes", a affirmé Emmanuel Macron. "Malgré les crises, nous avons tenus nos promesses. "Le taux de chômage est au plus bas depuis 15 ans", a-t-il rappelé, avec "le plein emploi" en ligne de mire.
«Pas d'argent magique»
Le président-candidat a ensuite énuméré des mesures à venir sur ce thème, comme la retraite minimale à 1 100 euros pour une carrière complète, une aide revalorisée de 50% "pour les mamans seules" ou encore "une prime de pouvoir d'achat allant jusqu'à 6 000 euros, sans charges ni impôt".
Mais "il n'y pas d'argent magique" pour "financer tout cela", a-t-il prévenu. "Il faudra travailler plus et d'abord travailler plus longtemps parce que nous vivons plus vieux", a indiqué M. Macron, qui souhaite passer le départ à la retraite à 65 ans progressivement jusqu'à 2032, une mesure plutôt impopulaire.
Tantôt lyrique, volontiers pro-européen, le chef de l'Etat n'en a pas moins flatté "l'esprit français", récoltant des "Macron président" à chacune ou presque de ses tirades dans une salle gagnée à sa cause.
"C'est le seul candidat qui a un programme!", relevait Sophie Tolachides, une Parisienne de 45 ans, venue pour ce premier - et probablement seul - meeting, "parce qu'il faut bien à un moment montrer de l'enthousiasme, malgré ce qui se passe en Ukraine".
"Aujourd'hui, c'est un +go+ très fort à une semaine du premier tour", veut rassurer le ministre Franck Riester, quand son collègue Sébastien Lecornu, estime que "les meetings de ce weekend seront un moment où une grande partie du corps électoral va commencer vraiment à s'intéresser à la campagne".
Après des mois où les sondages l'ont donné largement vainqueur, le sortant, qui se sait menacé dans les enquêtes d'opinion par Marine Le Pen, désormais dans la marge d'erreur au deuxième tour (53%-47%), a appelé sur scène à aller aux urnes. "La mobilisation, c'est maintenant."