PARIS: Un rassemblement géant pour convaincre après un début de campagne à minima. Emmanuel Macron joue gros pour son premier et peut-être unique meeting au cours duquel il tentera de conforter sa position de favori à la présidentielle face à la poussée dans les sondages de Marine Le Pen.
A huit jours du premier tour, la plupart des autres candidats jettent aussi leurs dernières forces dans la bataille, avec notamment un meeting dans l'après-midi du candidat communiste Fabien Roussel à Villeurbanne (Rhône) et des déplacements en région de l'écologiste Yannick Jadot et de l'ex-polémiste d'extrême droite Éric Zemmour.
Pour le président-candidat, plus de temps à perdre après un début de campagne au cours duquel il a été très mobilisé par la guerre en Ukraine et qui a provoqué une certaine inquiétude dans la majorité. Il doit désormais retrouver l'élan et redonner du souffle en mobilisant les quelque 35 000 personnes annoncées sur la scène de l'Arena à Nanterre (Hauts-de-Seine), la plus grande salle couverte d'Europe.
"On a confiance, il y a de l’enthousiasme, on savait que la campagne serait difficile avec le Covid puis l’Ukraine. Mais Macron est costaud", assure comme d'autres Michel Boudier, un retraité 80 ans, venu en car de la Manche.
«Un truc plus charnel»
M. Macron a expliqué vouloir un "truc plus charnel" qu'un meeting traditionnel, ce qui lui demandera "de l'énergie" sur scène, selon une vidéo diffusée par son équipe de campagne.
Après une première partie "surprise", promise "interactive et collaborative" qui devrait être animée par un DJ, il sera, à 16H00, le seul orateur pour une allocution qui pourrait durer plus de deux heures.
Ce sera "un discours politique, un discours social, un discours d'unité", avance son entourage au moment où l'écart se réduit, selon les enquêtes d'opinion, face à sa rivale d'extrême droite Marine Le Pen qui a axé sa campagne sur la défense du pouvoir d'achat, préoccupation numéro un des Français.
Le président-candidat souhaite partager "un moment d'union et de communion" avec ses partisans venus des quatre coins de France. En disant "ce que nous sommes, là d'où nous venons, là où nous allons", selon la même source.
"On ne lâche rien !", a lancé M. Macron au cours des deux déplacements de la semaine, à Dijon puis en Charente-Maritime, au cours desquels il a été encouragé à "tenir bon" mais a aussi été interpellé, parfois vivement, sur le pouvoir d'achat, son bilan ou l'affaire des cabinets de conseil, dont McKinsey.
«Tandem» d'extrême droite
Les derniers sondages ont confirmé sa baisse, après la forte progression au début de la guerre en Ukraine.
Plus que pour le premier tour, où il est toujours en tête avec 27-28% des intentions de vote, son entourage s'inquiète du resserrement de l'écart avec Marine Le Pen le 24 avril.
Une étude a montré pour la première fois que la candidate RN pourrait l'emporter, si l'on tient compte de la marge d'erreur. Le dernier sondage Elabe publié samedi le confirme, donnant 53% (+0,5 point) au premier, contre 47% (-0,5) à la seconde.
M. Macron prend désormais pour cible "le tandem d'extrême droite" Marine le Pen-Éric Zemmour qui à eux deux pèsent près d'un tiers des intentions de vote.
En déplacement à Marseille, l'ancien polémiste a appelé les électeurs des Républicains qu'il estime "trahis" par LR à voter pour lui plutôt que pour la candidate de droite Valérie Pécresse. "Les électeurs républicains sont trahis depuis très longtemps (...), ne vous trompez pas de vote", a-t-il affirmé, assurant qu'"en votant pour Valérie Pécresse, ils voteront Emmanuel Macron".
Au même niveau (autour de 8,5 à 10%) que l'ex-polémiste, Valérie Pécresse (LR) ne veut "rien lâcher" et compte aussi sur le meeting qui se tiendra dimanche porte de Versailles à Paris, où les ténors Les Républicains appelleront les électeurs de droite à se mobiliser derrière elle.
Se disant de son côté "sereine", Marine Le Pen apparaît plus que jamais déterminée à rejouer, pour le gagner, le même match qu'en 2017, avec un second tour face au président sortant. "Ce qui a été annoncé comme étant la réélection obligatoire d'Emmanuel Macron était une fake news", a-t-elle déclaré vendredi à Haguenau (Bas-Rhin).
Mais l'Insoumis Jean-Luc Mélenchon espère perturber ce jeu en la devançant au premier tour, les derniers sondages le créditant d'environ 15-16% des intentions de vote le 10 avril.
"Le Pen présente la même fragilité que M. Macron, leur profonde indifférence à la maltraitance sociale", donc "on va convaincre, beaucoup de choses vont bouger" et "le vote est plus ouvert que beaucoup le pensent", a-t-il déclaré après une rencontre avec des restaurateurs de Notre-Dame de Paris au Collège des Bernardins. Dimanche, il galvanisera ses troupes place du Capitole à Toulouse.
La gauche accuse M. Macron d'avoir fait monter l'extrême droite, comme Anne Hidalgo (PS) qui a dénoncé samedi sur RTL la "philosophie" d'Emmanuel Macron qui fait passer, selon elle, "l'argent avant les gens".