A Irpin, une victoire ukrainienne au coût apocalyptique

Irpin a résisté à l'invasion de toute sa force, barrant la route à l'avancée des troupes russes vers Kiev (Photo, AFP).
Irpin a résisté à l'invasion de toute sa force, barrant la route à l'avancée des troupes russes vers Kiev (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 avril 2022

A Irpin, une victoire ukrainienne au coût apocalyptique

  • Irpin a résisté à l'invasion de toute sa force, barrant la route à l'avancée des troupes russes vers Kiev
  • Les rues brumeuses sont étrangement vides, où seuls bruissent des chiens errants et des corbeaux

IRPIN: Les derniers survivants des ruines d'Irpin n'ont qu'un mot pour décrire les soldats russes, vaincus, après l'une des batailles cruciales de la guerre en Ukraine: "fascistes".

C'est le mot qu'emploie avec colère Bogdan, 58 ans, en promenant son chien avec son ami dans le centre-ville désert de cette ville située dans la banlieue de Kiev, et qui n'a pas subi de bombardements pour la première fois depuis un mois. 

Son ami acquiesce.

"Toutes les 20 à 30 secondes, nous entendions des tirs de mortier. Et ainsi de suite toute la journée. Juste de la destruction", lâche cet ouvrier aux journalistes de l'AFP qui ont accédé à Irpin vendredi.

C'était encore mi-février une banlieue bien desservie dans la forêt de pins à la périphérie nord-ouest de la capitale, c'est désormais un terrain vague, voulu par Moscou, qui estime ainsi l'avoir "dénazifiée". 

Irpin a résisté à l'invasion russe de toute sa force, barrant la route à l'avancée des troupes russes vers Kiev, à quelque 20 kilomètres de là.

La ville, dont les parcs autrefois verdoyants sont jonchés de cadavres, est à présent de nouveau sous contrôle ukrainien. les troupes russes, elles, se retirent précipitamment des environs de la capitale.  

C'est une victoire à la Pyrrhus, qui a rendu la ville méconnaissable. La quasi-totalité des bâtiments ont été détruits. Les pilonnages ont fait sauter d'énormes morceaux d'immeubles modernes aux couleurs pastel. 

Les rues brumeuses sont étrangement vides, où seuls bruissent des chiens errants et des corbeaux. Les pare-brises des voitures sont éclatés.  

"C'est l'apocalypse", dit un soldat ukrainien qui fait du stop dans la ville déserte.

«J'aime Irpin»

Irpin avait déjà incarné les horreurs de la guerre aux premiers jours de l'invasion par Vladimir Poutine, qui assurait vouloir "démilitariser et dénazifier" l'Ukraine.

Les images d'une famille anéantie par un obus alors qu'elle tentait de fuir, et de milliers de personnes s'abritant sous un pont détruit, ont fait le tour du monde.

Depuis trois semaines, les médias n'y ont plus accès après la mort d'un journaliste américain, les autorités ukrainiennes déclarant qu'il était trop dangereux de s'y rendre.

Aujourd'hui, dans le centre-ville, près d'un panneau "J'aime Irpin" entouré d'un cœur rouge, les quelques habitants de la ville qui sont restés racontent comment ils ont survécu à plus d'un mois de bombardements incessants.

"Nous nous sommes cachés dans le sous-sol. Ils ont tiré des roquettes Grad, des mortiers et des obus de chars", raconte Bogdan, qui a demandé à n'être identifié que par son prénom. "Ma femme et moi avons essuyé deux fois des tirs de mortier. Mais ce n'est pas grave, nous sommes vivants et en bonne santé". 

Déambulant dans une rue bloquée par une bétonnière calcinée, le résident Viktor Kucheruk mendie des cigarettes.

"Dès que nous entendons un coup de feu, nous nous réfugions immédiatement dans nos terriers", raconte cet homme de 51 ans. "Les lampes des lustres se sont dévissées et sont tombées à cause des explosions. Pendant les bombardements, nous nous asseyions chez nous, dans le coin, là où les murs sont les plus épais".

Un nouveau lotissement avec un grand panneau indiquant "Irpin, ville riche" porte la marque des bombardements, et deux appartements y sont totalement détruits.

Des aires de jeux avec des scooters d'enfants abandonnés sont couverts de décombres.

Les secouristes récupèrent encore les morts pour les placer dans des sacs mortuaires, avant de les emmener sur le pont explosé qui relie la ville à Kiev. 

Ce pont est couvert de dizaines de voitures brûlées, criblées de balles et abandonnées, que les secouristes tentent de dégager.

Jambe coupée

Ces derniers jours, les forces ukrainiennes ont "libéré" une série de villes et de villages occupés par les Russes près de la capitale, après que la Russie a déclaré qu'elle réduirait ses attaques contre Kiev. 

Le retrait russe semble désormais s'accélérer, en tout cas dans cette zone, car le président ukrainien Volodymyr Zelensky a assuré que Moscou se préparait à lancer un assaut dans l'est et le sud du pays.

Les journalistes de l'AFP ont compté au moins 13 véhicules blindés russes détruits autour du village de Dmytrivka, à cinq kilomètres au sud-ouest d'Irpin. 

Au moins trois corps carbonisés de soldats russes gisaient sous les débris d'un convoi de huit chars et véhicules blindés.

Une jambe coupée a été aperçue à côté d'un véhicule.

Uniformes militaires russes et effets personnels étaient éparpillés sur le sol, dont une traduction russe reliée de cuir rouge de l'essai d'un Britannique du XVIIIe siècle, Edward Gibbon: "Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain". 

Oksana Furman, 47 ans, montre un énorme trou, causé probablement par un obus des militaires russes il y a deux jours, dans sa cuisine. Un char russe a fait marche arrière sur le mur de son jardin, provoquant son effondrement. 

"Il y avait un grondement fou, le bruit des véhicules, tout tremblait. Et puis c'était obus après obus", raconte Oksana Furman, qui s'est réfugié dans la cave d'un voisin.

A Irpin, où les autorités affirment qu'au moins 200 civils ont été tués, les habitants relativisent le succès de l'Ukraine dans cette bataille. 

"Nous avons reconquis Irpin, nous avons reconquis beaucoup de choses, mais la guerre n'est pas terminée", nuance Bogdan. 


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.