La droite espagnole désigne son nouveau chef, le regard tourné vers les élections

M. Feijóo, 60 ans, est l'unique candidat à la succession de Pablo Casado, 41 ans (Photo, AFP).
M. Feijóo, 60 ans, est l'unique candidat à la succession de Pablo Casado, 41 ans (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 02 avril 2022

La droite espagnole désigne son nouveau chef, le regard tourné vers les élections

  • M. Feijóo, 60 ans, est l'unique candidat à la succession de Pablo Casado, 41 ans
  • Ce congrès a été convoqué pour mettre fin à la crise déclenchée par la guerre fratricide entre M. Casado et Isabel Díaz Ayuso

SEVILLE: Le Parti Populaire (PP), principale force de l'opposition espagnole, porte samedi à sa tête Alberto Núñez Feijóo, un politicien chevronné et modéré chargé de ramener cette formation de droite au pouvoir lors des prochaines élections, prévues fin 2023.

M. Feijóo, 60 ans, est l'unique candidat à la succession de Pablo Casado, 41 ans, lors du congrès extraordinaire qui s'est ouvert vendredi à Séville, la capitale de l'Andalousie (sud), et qui doit s'achever à la mi-journée par sa désignation officielle et son premier discours en tant que nouveau chef du PP.

"Je suis venu ici pour gagner et pour gouverner", a-t-il lancé vendredi soir lors du discours de présentation de sa candidature, alors que les milliers de délégués au congrès scandaient "Presidente!" (président du gouvernement). 

Ce congrès a été convoqué pour mettre fin à la crise déclenchée par la guerre fratricide entre M. Casado et Isabel Díaz Ayuso, présidente de la région de Madrid et étoile montante du parti.

Mme Díaz Ayuso était soupçonnée par l'entourage de M. Casado de trafic d'influence dans le cadre d'un contrat d'achat de masques signé en avril 2020 par la région de Madrid et pour lequel son frère Tomás, représentant d'une entreprise vendant du matériel sanitaire, a touché une commission.

Mais la crise a fini par emporter M. Casado, très critiqué à l'intérieur du parti pour son manque de leadership.

Baron régional

Président de la région de Galice (nord-ouest) depuis 13 ans, M. Feijóo a remporté quatre élections consécutives à la majorité absolue dans son fief, une performance rarissime en Espagne qui en fait un baron unanimement respecté au sein de la formation conservatrice.

"Je me sens plus à l'aise au pouvoir que dans l'opposition", a-t-il déclaré vendredi soir devant le congrès du PP.

Il va devoir maintenant tenter de réitérer ces succès à l'échelle nationale pour ramener au pouvoir une droite traumatisée par le renversement en 2018 de Mariano Rajoy par le Parlement suite au dépôt d'une motion de censure par l'actuel Premier ministre socialiste Pedro Sánchez après la condamnation du PP dans un scandale de corruption.

Sa tournée de présentation devant les militants à travers l'Espagne, en préalable au congrès de Séville, s'est soldée par son lot de polémiques et de rectifications, notamment lorsqu'il a qualifié le gouvernement d'"autiste", avant de présenter ses excuses aux personnes souffrant de ce trouble. 

Mais malgré ces quelques faux pas, le PP n'a aucun doute que M. Feijóo est bien l'homme de la situation et qu'il saura tirer profit des difficultés du gouvernement minoritaire de M. Sánchez, cible d'une grogne sociale montante en raison d'une inflation record -- accentuée par la guerre en Ukraine --  qui a frôlé les 10% en mars.

"Nous devons miser sur son succès, parce que son succès (...) sera le succès de l'Espagne", a déclaré vendredi l'ancien leader du PP José María Aznar, qui fut Premier ministre de 1996 à 2004. Atteint du Covid, il s'est adressé au congrès par vidéoconférence.

Le casse-tête Vox

Le nouveau chef du PP aura parmi ses principales missions de freiner la poussée du parti d'extrême droite Vox, inexistant dans son fief galicien, mais en plein essor dans une grande partie de l'Espagne.

Marginal il y a quelques années, Vox, fondé par des anciens du PP, est devenu la troisième force politique en Espagne depuis les législatives de 2019, avec 52 députés contre 88 au PP, sur un total de 350 sièges à la chambre basse du Parlement. 

Pour Ernesto Pascual, de l'Université autonome de Barcelone, le PP va devoir "attirer les bases centristes qui ont porté Aznar et Rajoy au pouvoir", en expliquant "qu'aller vers l'extrémisme ne permettra pas d'obtenir de majorité gouvernementale".

Et pourtant, le parti devrait, selon les sondages, avoir besoin de Vox pour disposer d'une majorité au niveau national. Il vient d'ailleurs d'accepter, avec la bénédiction de M. Feijóo, de faire entrer cette formation pour la première fois au sein d'un gouvernement régional, en Castille-et-Léon.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.