PARIS: A l'approche du scrutin, les prétendants à l'Elysée précisent l'équation financière de leurs programmes, entre dépenses et investissements nouveaux, promesses de baisse d'impôts et d'économies, sous l'oeil vigilant de think tanks libéraux. Voici les principales recettes et dépenses prévues par les cinq candidats en tête dans les sondages d'intention de vote.
Emmanuel Macron
Le président sortant évalue le coût de son programme à 50 milliards d'euros par an, auquel il faut ajouter 15 milliards de baisses d'impôts, à moitié réparties entre ménages (impôt sur les successions, suppression de la redevance, etc.) et entreprises (impôts de production).
Pour le financer, Emmanuel Macron prévoit de dégager 15 milliards d'euros grâce à l'atteinte du "plein emploi" et la réforme des retraites. Cette dernière devrait dégager 9 milliards d'euros en 2027, selon son équipe de campagne, le haut de la fourchette de l'estimation réalisée par l'Institut Montaigne.
Il table aussi sur 20 milliards d'euros d'économies dans l'administration, dont la moitié sera à réaliser par les collectivités locales, et enfin sur 15 milliards via des mesures de "simplification".
Mais alors qu'Emmanuel Macron entend ramener le déficit à 3% en 2027, la Fondation Concorde, groupe de réflexion pro-entreprises, estime que son programme "aggraverait" le déficit "de 24 milliards d'euros par an, soit près d'1% du PIB".
Marine Le Pen
Attaquée en 2017 sur son imprécision budgétaire, la candidate du Rassemblement national insiste désormais sur l'"équilibre" de ses propositions. Les plus de 68 milliards d'euros de dépenses, dans un programme riche en mesures sociales (indexation des retraites sur l'inflation, baisses d'impôt en particulier la TVA sur l'énergie, etc.) seraient soutenues par un niveau égal de recettes.
La candidate d'extrême droite a aussi revu en pleine campagne sa réforme des retraites, qui ne sera finalement ramenée à 60 ans que pour les personnes ayant commencé à travailler avant 20 ans. Son équipe chiffre son coût à 9,6 milliards d'euros en année pleine. Une estimation très contestée, l'Institut Montaigne, think tank libéral, l'évaluant à 26 milliards d'euros.
Pour la Fondation Concorde, le programme de la candidate d'extrême droite entraînerait une aggravation de 3,3 points du déficit public.
Jean-Luc Mélenchon
Le leader de La France insoumise, qui veut incarner la "rupture" avec le libéralisme économique, promet de nombreuses mesures sociales comme le blocage de certains prix, l'augmentation du SMIC et la retraite à 60 ans.
Selon lui, son programme contient ainsi 250 milliards d'euros de dépenses supplémentaires sur le quinquennat, dont 50 milliards d'investissements pour la transition écologique et les services publics.
Elles seraient financées grâce à 267 milliards d'euros de nouvelles recettes, via une augmentation de la fiscalité sur les plus hauts revenus et patrimoines. Les investissements aboutiraient à la création d'1,5 million d'emplois privés qui stimuleraient aussi les rentrées de cotisations et de TVA.
Le candidat promet également de faire "annuler" la dette, via son rachat par la Banque centrale européenne et sa conversion en dette perpétuelle à taux d'intérêt nul. Une mesure jugée irréaliste par la plupart des économistes, car elle nécessiterait l'accord de nos voisins européens.
Valérie Pécresse
La candidate Les Républicains, très critique sur la gestion du président sortant, promet "deux fois plus d'économies que de dépenses", soit 84 milliards d'euros d'un côté et 42 milliards de l'autre. Elle est la seule candidate à avancer un objectif de suppression d'effectifs dans la fonction publique: 150 000.
Parmi les dépenses, les baisses d'impôts ont la cote, avec 10 milliards de réduction d'impôts de production, la défiscalisation des heures supplémentaires et la baisse des impôts sur les successions et donations, qui coûteraient respectivement 4 milliards et 4,5 milliards par an selon l'Institut Montaigne. La justice bénéficierait de beaucoup de moyens, avec 9 milliards d'euros supplémentaires pour les tribunaux et la construction de 20 000 places de prison, soit un coût de 10,5 milliards d'euros selon l'Institut Montaigne, mais seulement 2 milliards selon la Fondation Concorde.
Côté économies, Valérie Pécresse mise notamment sur le report de l'âge de départ à la retraite à 65 ans (pour 16 milliards), la cession de toutes les participations minoritaires de l'Etat, une réduction des normes et la lutte contre la fraude fiscale et sociale.
Pour la Fondation Concorde, c'est le seul programme qui permet de réduire le déficit public, de 1,7%.
Eric Zemmour
Le candidat d'extrême droite estime que son programme "coûtera à terme 60 milliards d'euros en année pleine", dont 28 milliards d'euros de baisses d'impôts sur les entreprises et 32 milliards de dépenses pour ses "politiques prioritaires" comme la défense, la sécurité, la justice et la santé.
Il mise sur un "plan d'économies" de 65 milliards en année pleine, mais sa volonté de récupérer 20 milliards d'euros par la suppression des prestations non contributives (allocations familiales, aides au logement, RSA, etc.) pour les étrangers extra-européens est largement contestée. L'Institut Montaigne table plutôt sur une économie de 6,7 milliards et la Fondation Concorde sur 9 milliards.