HAGUENAU: "Cette fois-ci, c'est la bonne, les gens en ont marre d'Emmanuel Macron", assure le jeune Nicolas Weber, après avoir fait un selfie avec Marine Le Pen qui sillonne, "sereine", les travées du marché de Haguenau (Bas-Rhin) à une semaine du premier tour de la présidentielle.
"Les gens en ont marre du quinquennat d'Emmanuel Macron et ne se reconnaissent dans aucun des programmes proposés sauf celui de Marine Le Pen", explique le jeune militant de 23 ans, un pin's "Marine présidente" accroché à sa veste.
Il espère "une France sans lui", en répétant le dernier slogan de la candidate du Rassemblement national, en même temps que la sortie de l'Alsace de la région Grand Est.
"J'espère que vous y arriverez, inch Allah" (si Dieu veut), lance Kamel, un retraité d'origine algérienne, au passage de Marine Le Pen qui multiplie selfies et salutations sur le marché couvert de la petite ville alsacienne, suivie par une nuée de caméras.
Kamel, 72 ans, qui ne veut pas donner son nom de famille, n'a pas les papiers requis pour voter mais il soutient la candidate RN "pour aider les pauvres" et l'invite à manger un couscous.
"On viendra" lui répond en riant la candidate d'extrême droite.
«Toxique»
Marine Le Pen assure sentir "un espoir" se "lever", alors qu'un sondage l'a donnée gagnante dans la marge d'erreur cette semaine, et dit attendre "sereinement" le premier tour. Au second, elle veut "rassembler l'ensemble des patriotes" contre la politique "profondément toxique" d'Emmanuel Macron.
Entre les étals de fruits et légumes, elle vante une campagne "au plus près des Français", qui ne cherche pas à "en mettre plein la vue" comme les meetings "tape à l'œil" de ses adversaires, Eric Zemmour au Trocadéro, Emmanuel Macron samedi à la Défense.
Pour eux, "l'idée ce n'est pas tant de convaincre que d'essayer d'en mettre plein la vue", cingle-t-elle.
Près d'un fromager, elle assure avoir "affiné" son projet axé sur le pouvoir d'achat et la lutte contre l'immigration et l'islamisme, après l'avoir "frotté à la réalité de ce que (les Français) vivaient".
Irène Scherrer, vendeuse à la retraite de 67 ans, venue de Mertzwiller, qui a perdu un fils parachutiste en Afghanistan, "l'admire" parce que "personne ne fait rien pour nous".
Longs favoris sur les joues, Pascal Schmidtt, 48 ans, tourneur dans la métallurgie, votera finalement pour elle, après avoir hésité avec son rival Eric Zemmour. "Elle a plus de soutiens", dit-il en saluant son programme notamment sur l'immigration. "Emmanuel Macron, on a vu comment il a travaillé pendant 5 ans, c'est pas fameux", critique-t-il.
«Ceux qui profitent»
Hilmi Bilgic, 42 ans, vend des fruits et légumes dans la société familiale. Il est français musulman, d'origine turque, et fait un selfie avec Marine Le Pen, entouré de sa soeur et de sa mère, voilées.
Interdire le port du voile dans la rue, comme le propose la candidate, "ça nous dérange un peu", mais il votera comme en 2017 pour elle. "Espérons qu'elle gagne", dit-il en dénonçant "ceux qui profitent sans rien faire".
"On n'a rien à perdre avec elle, on travaille et on ne touche aucune allocation", ajoute le marchand, alors que Marine Le Pen veut réserver les aides sociales aux Français.
"Faut que ça bouge", estime Mathieu Heinrich, 31 ans, chef d'une petite entreprise de restauration rapide, venu saluer Marine Le Pen "à l'arrache".
La candidate lui déroule alors ses propositions en faveur des jeunes et du pouvoir d'achat pour "rendre" 150 à 200 euros par mois à chaque foyer. "Elle a de bonnes idées" et "elle est redescendue par rapport à la mauvaise image de son père", fait-il valoir.
Alors qu'Emmanuel Macron "ça a été la catastrophe. Il a méprisé les Français rien que par son arrogance quand il a dit +je vais emmerder les Français+", critique l'entrepreneur qui n'est pas vacciné contre le Covid-19.
A la sortie du marché, une femme en blouson rouge hue la candidate. "Merci madame de votre présence", ironise tout sourire Marine Le Pen.