PARIS: A huit jours du premier tour de l'élection présidentielle, Emmanuel Macron organise samedi son premier meeting de campagne, voulu comme une démonstration de force pour redonner du souffle au favori ébranlé par la percée sondagière de Marine Le Pen.
Enfin! Annoncé il y a quatre semaines à Marseille, reporté à plusieurs reprises sur fond de guerre en Ukraine, le grand "rassemblement" du candidat sortant aura lieu dans la vaste salle de l'Arena à Nanterre (Hauts-de-Seine), à deux pas de la Grande Arche de la Défense, où plus de 30 000 personnes sont attendues.
Une semaine avant le scrutin, il ne s'agit plus de lancer la campagne du sortant, déjà éprouvée par une conférence de presse et des déplacements en province, mais d'insuffler "un moment d'union et de communion", "de protection et de projection", selon la formule de l'entourage du candidat-président.
Après une première partie "surprise" promise "interactive et collaborative", le président sortant sera le seul orateur à la tribune de la Paris Défense Arena pour "un discours politique, un discours social, un discours d'unité".
"Ce que nous sommes, là d'où nous venons, là où nous allons", résume encore son entourage.
Le doute habite-t-il la macronie? Si un tassement des intentions de vote au premier tour était attendu passée la sidération de l'invasion de l'Ukraine, le resserrement de l'écart entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen au second tour inquiète davantage, alors qu'une étude Elabe parue mercredi a montré pour la première fois une superposition des marges d'erreur des deux candidats.
"On a manqué de temps d'explication du programme", convient un proche historique d'Emmanuel Macron, selon qui "le meeting est là pour clarifier".
Alors que certaines petites mains, voire quelques gros poissons, s'interrogent tout bas sur une campagne qui peine à trouver son souffle, "la période n'est pas aux états d’âmes", a tonné mercredi Emmanuel Macron lors du Conseil des ministres, selon un participant.
"Pour certains, on est passé d'un état d'arrogance à un état de fébrilité. Le bon état, c'est la mobilisation", a poursuivi le président.
Partiellement télévisé
Dans la foule de samedi après-midi affrétée pour partie par des bus venant de tout le territoire, 300 parlementaires et 1 500 élus locaux doivent répondre au triple objectif de "convaincre, mobiliser, rassembler".
"Il faut qu'il mène campagne à fond pour montrer qu'on est dans le match", martèle un ténor de l'état-major, quand l'entourage du prétendant à sa propre succession espère "un événement qui porte l'envie et l'enthousiasme autour du candidat Macron".
Sur le fond, on promet "un discours de conquête" d'au moins une heure, "un discours de récit, parler de la France et des Français", en alternant "temps court et temps long".
"Ce sera aussi un appel à la clarté et la lucidité sur la situation", ajoute un proche du chef de l'Etat, lequel doit revenir sur son programme mais également dénoncer "ce que font les autres candidats".
Pour Emmanuel Macron, l'enjeu est grand: il s'agit certes de "mobiliser ceux qui sont dans la salle", mais surtout de donner à voir la puissance de feu macronienne.
En choisissant la plus grande salle couverte d'Europe, préférée à la plus modeste Accor Arena de Bercy, le candidat "évacue le risque météo, mais on ne pourra pas dire comme Mélenchon ou Zemmour qu'on était 100 000: c'est une prise de risque", relève un parlementaire.
Avec plus de 500 journalistes accrédités, le grand raout doit trouver une résonance médiatique, malgré les règles d'égalité de temps de parole auxquelles télévisions et radios sont astreintes.
FranceInfo et LCI diffuseront le meeting, du moins en grande partie - une heure maximum - tandis que BFMTV ne le proposera que sur son site et que CNews ne le diffusera pas. Les deux chaînes qui le diffusent devront ensuite réequilibrer avec les autres candidats.
Un problème, alors que "les médias +d'héritage+ restent déterminants pour ceux qui votent", selon le professeur associé à SciencesPo Paris Emiliano Grossman ? "Emmanuel Macron est rattrapé par sa volonté de retarder le plus longtemps possible son entrée, constate Alexis Lévrier, historien des médias à l’université de Reims: "il est piégé par sa propre tactique".