PARIS : Nicolas Sarkozy a été entendu lundi lors d'une quatrième journée d'audition par les juges chargés de l'enquête sur les soupçons de financement libyen de sa campagne présidentielle de 2007.
Déjà entendu de mardi à jeudi pendant une trentaine d'heures, l'ancien chef de l'Etat est revenu lundi dans le bureau des magistrats au pôle financier du tribunal de Paris où il est resté environ huit heures.
Tard dans la soirée, l'incertitude régnait sur une poursuite éventuelle de cette audition: une source judiciaire a indiqué qu'elle ne se poursuivrait pas mardi tandis qu'une source proche du dossier a pour sa part dit qu'elle continuerait.
A l'issue de cette quatrième journée, lundi après 22h30, aucune source n'a pu indiquer si les juges avaient prononcé une mise en examen supplétive.
Dans ce dossier, l'ancien président a déjà été mis en examen en mars 2018 pour « corruption passive », « recel de détournement de fonds publics » et « financement illégal de campagne ». Il a également été placé sous contrôle judiciaire.
Mais le Parquet national financier a signé fin janvier un réquisitoire supplétif élargissant les investigations à des faits d' « association de malfaiteurs », ouvrant la voie à des mises en examen de nouveaux suspects ainsi qu'à une aggravation des poursuites contre les protagonistes déjà impliqués, dont M. Sarkozy.
Le 31 janvier, les magistrats ont mis en examen pour « association de malfaiteurs » l'un des anciens collaborateurs de M. Sarkozy, Thierry Gaubert, soupçonné d'avoir touché des fonds provenant du régime libyen de Kadhafi qui auraient pu alimenter la campagne pour la présidentielle de 2007.
Lors de sa dernière audition, en juin 2019, M. Sarkozy avait dit être « totalement innocent dans cette affaire », dénoncé un « complot », puis refusé de répondre aux questions des magistrats instructeurs, le temps de l'examen de recours visant à faire annuler l'enquête.
Mais un arrêt de la cour d'appel de Paris du 24 septembre a permis de relancer l'enquête: la chambre de l'instruction, chargée d'étudier les recours contre les actes d'instruction, a rejeté l'essentiel des arguments du camp Sarkozy qui invoquait des nullités contre ces investigations.
Elle a ainsi presque entièrement validé les investigations lancées il y a huit ans dans cette affaire aux multiples ramifications.
M. Sarkozy s'est pourvu en cassation contre cette décision, tout comme MM. Woerth, Guéant, Djouhri, a indiqué une source judiciaire.
Témoignages de dignitaires libyens, notes des services secrets de Tripoli, accusations d'un intermédiaire... En sept ans de travail, les magistrats ont réuni une somme d'indices troublants qui ont donné corps à la thèse selon laquelle la campagne victorieuse de M. Sarkozy a été financée par le régime de Mouammar Kadhafi.
Toutefois, aucune preuve matérielle indiscutable n'a pour l'heure été trouvée, même si des mouvements de fonds suspects ont conduit à neuf mises en examen à ce jour.