PARIS: Parce que les chansons sont des "bulles d'oxygène essentielles", surtout dans une période étouffante, Matthieu Chedid endosse la panoplie de son double musical - M - pour tournée et album, épaulé par Gail Ann Dorsey, bassiste de David Bowie.
Vue également aux côtés de Tears for Fears ou Lenny Kravitz, cette nouvelle venue dans la galaxie de l'artiste est la grande surprise du clip de "Rêvalité", premier single et nom de l'album prévu le 3 juin.
Dans cette vidéo inspirée par l'univers des super-héros, en particulier de Batman, - M- ("mon âme, mon reflet, mon masque" décrit-il à l'AFP) s'associe à cette musicienne, élément clé du nouvel élan de David Bowie à la charnière des années 2000.
"Je rêvais de jouer avec elle, mais jamais je n'aurais osé l'appeler, explique le chanteur et guitariste. "Alain Lahana, qui a bien connu Bowie, et la manage, me dit un jour qu'elle est en France et cherche un endroit pour travailler sa basse".
L'Américaine reste donc dans le studio en-dessous de sa maison à Paris pendant plusieurs mois, à une période où lui vit à la campagne.
Quand il la rencontre enfin, à l'occasion d'un déjeuner, il lui demande "timidement si elle ne voudrait pas faire la basse sur un morceau, puis de fil en aiguille sur l'album, faire aussi des chœurs, on se souvient tous d'elle interprétant +Under pressure+ avec Bowie à Taratata".
Nouveau costume violet
Elle acceptera de faire aussi la tournée gargantuesque qui commence le 8 avril et s'étirera jusqu'à la fin de l'année, entre salles moyennes pour s'échauffer - avec notamment treize soirées aux Folies Bergère - puis festivals et toutes les enceintes de type Zenith, dont quatre à Paris.
"Elle vient s'installer en France - bon, sa chérie est française, ça aide (rires) - pour la tournée, complète le fils de Louis Chedid. Les mauvaises langues diront +il s'est payé Gail Ann+, mais c'est bien mal la connaître, on ne force pas Gail Ann, elle m'a accordé sa confiance et son temps".
L'autre nouveauté dans le clip, c'est que - M - arbore un nouveau costume violet. Une référence évidente à Prince et l'album "Purple Rain". "Prince, c'est un des artistes majeurs pour moi, comme tous ceux qui ont digéré Jimi Hendrix et James Brown".
"Dans ta radio" est le second extrait diffusé. On y entend le mot "radio" prononcé à l'anglaise, clin d'œil à "Video killed the radio star" des Buggles - "le premier 45 tours que j'ai acheté" - mais aussi "Radio" de Michel Polnareff ou encore "On the radio" de Donna Summer.
«Sortir de cette grisaille»
Matthieu Chedid, avec ses titres qui brassent funk et disco ("Rêvalité) ou pop et ska ("Dans ta radio") entend insuffler une "vibration, balancer une haute énergie dans un monde cerné de basse énergie, donner de la couleur, sortir de cette grisaille". "Je me sens missionné pour ça", souffle-t-il.
Evidemment, il s'est posé la question de la place de l'artiste, entre crise sanitaire et invasion en Ukraine.
"On se dit, +je fais une petite chanson, ça n'a pas de sens avec tout ce qui nous entoure+, mais en discutant avec des proches qui ont connu un monde qui s'écroule, on réalise que les chansons sont des bulles d'oxygène essentielles".
Une réflexion née de ce que lui a confié un de ses amis, le Libanais Khaled Mouzanar, qui compose notamment la musique des films de son épouse Nadine Labaki ("Capharnaüm", "Caramel").
"Un jour au Liban, le mec qui lui avait ouvert la porte d'un abri pour échapper aux bombardements sort fumer. Une bombe explose et le tue. Puis, de l'abri, on entend les miaulements des chats dévorant le corps. Khaled m'a dit que ce qui l'a sauvé de la folie plus tard, ce sont des choses comme écouter ABBA très fort au walkman", déroule le quinquagénaire.