Le gouvernement français fustigé pour son recours aux cabinets de consultants

Emmanuel Macron prononce un discours à l'Elysée, à Paris, le 29 mars 2022 (Photo, AFP).
Emmanuel Macron prononce un discours à l'Elysée, à Paris, le 29 mars 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 31 mars 2022

Le gouvernement français fustigé pour son recours aux cabinets de consultants

  • L'exécutif est accusé de multiplier les contrats avec des groupes privés de conseil, souvent anglo-saxons
  • La gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un scandale d'Etat tout comme le RN qui évoque un McKinseyGate

PARIS: A moins de quinze jours du premier tour de l'élection présidentielle, le gouvernement français fait face à de vives critiques pour son large recours aux cabinets de consultants, en particulier l'Américain McKinsey, soupçonné de n'avoir pas payé d'impôt en France en dix ans.

Depuis la révélation le 17 mars par le Sénat de la forte hausse des contrats de l'exécutif avec des consultants privés depuis 2018, "les oppositions ont réussi à en faire un sparadrap pour nous", reconnaît un responsable de la majorité.

Pour essayer d'éteindre la controverse, deux ministres, Olivier Dussopt (Budget) et Amélie de Montchalin (Transformation et Fonction Publique) ont tenu une conférence de presse au cours de laquelle ils ont défendu le recours aux cabinets de conseil. 

En réponse aux craintes d'une dépendance des pouvoirs publics, Mme de Montchalin a assuré que "aucun cabinet de conseil n'a décidé d'aucune réforme et la décision revient toujours à l'Etat". 

"Nous ne nous sommes pas dessaisis de nos responsabilités", a-t-elle affirmé. La pratique est selon elle "répandue", "habituelle" et "utile" dans la "majorité des cas".

Une commission d'enquête du Sénat sur le recours par l'Etat aux cabinets de conseil a dénoncé dans son rapport un "phénomène tentaculaire", au coût croissant pour les finances publiques, et accusé les entités françaises de McKinsey d'optimisation fiscale, de telle sorte qu'elles n'auraient versé aucun impôt sur les sociétés entre 2011 et 2020.

La Macronie sur la défensive face au «sparadrap» McKinsey

Pour la Macronie, l'affaire est d'autant plus sensible qu'elle risque de faire ressurgir l'image du "président des riches" qui a pollué le début du quinquennat.

Un proche du président-candidat a dénoncé mercredi des "boules puantes" de fin de campagne, visant aussi une enquête du site Off Investigation publiée mardi soir qui s'interroge sur le patrimoine d'Emmanuel Macron, se basant sur les déclarations d'une "personnalité proche" de la banque Rothschild assurant sous couvert d'anonymat que ses associés-gérants seraient payés partiellement dans des paradis fiscaux.

Bercy n'a souhaité faire aucune commentaire. "Pas de fraude, pas de faits, pas de preuve", a réagi l'équipe de campagne de M. Macron.

L'opposition s'est emparée de cette affaire et a réclamé des comptes au président Emmanuel Macron, candidat à sa réélection, ainsi que son gouvernement sur le large recours de l'exécutif à des cabinets de consultants, révélé par un livre, "Les Infiltrés", publié en février.

La gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon a dénoncé un "scandale d'Etat", tout comme le Rassemblement national (extrême droite), qui évoque un "McKinseyGate".

L'autre candidat d'extrême droite Eric Zemmour a accusé Emmanuel Macron "d'avoir renvoyé l'ascenseur" parce que "les gens de McKinsey ont travaillé pour sa campagne électorale" en 2017. L'écologiste Yannick Jadot a pour sa part fustigé "l'insupportable arrogance" des cabinets de consultants.

La polémique est avivée par certains des contrats dévoilés par les sénateurs, qui portent sur des réformes clivantes, comme celle des APL (aides au logement), ou encore un rapport sur "les évolutions du métier d'enseignant" et leur rémunération au mérite.

La polémique envahit les réseaux sociaux, où Emmanuel Macron est accusé notamment de favoriser les intérêts privés.

Le président-candidat s'est déjà justifié à deux reprises, sans parvenir à clore le débat. "On a l'impression qu'il y a des combines, c'est faux. S'il y a des preuves de manipulation, que ça aille au pénal", a-t-il lancé, très agacé, dimanche.

Interrogé mercredi sur cette affaire, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire a affirmé que le gouvernement n'avait "pas de leçon à recevoir en matière de lutte contre l'optimisation fiscale".

Emmanuel Macron "a pendant cinq ans combattu l'évasion fiscale, combattu l'optimisation fiscale, mis sur pied la taxation des géants du digital", a énuméré le ministre, assurant qu'une "vérification fiscale" avait été lancée par son ministère à l'encontre de McKinsey "avant le rapport du Sénat". 

"On sait bien que de grandes entreprises internationales font des profits en France. Nous allons vérifier (...) McKinsey paiera tous les impôts qu’il doit à la France rubis sur l’ongle", a insisté Bruno Le Maire.

Le sujet est politiquement sensible pour l'exécutif, accusé depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron de multiplier les contrats avec des groupes privés de conseil, souvent anglo-saxons. 

L'affaire risque aussi de faire ressurgir l'image du "président des riches" qui colle à M. Macron depuis le début du quinquennat.


La famille de Cécile Kohler en appelle à Macron, au 1.000e jour de sa détention en Iran

S'adressant aux présidents français et iranien, Mme Kohler a déclaré: "Messieurs Macron et Pezeshkian, veuillez je vous en prie trouver un accord et libérez nos enfants Cécile, Jacques et Olivier", trois Français actuellement détenus par Téhéran. (AFP)
S'adressant aux présidents français et iranien, Mme Kohler a déclaré: "Messieurs Macron et Pezeshkian, veuillez je vous en prie trouver un accord et libérez nos enfants Cécile, Jacques et Olivier", trois Français actuellement détenus par Téhéran. (AFP)
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  • Cécile Kohler, 40 ans, a été arrêtée le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran, où les autorités l'accusent d'espionnage
  • Jacques Paris, le compagnon de Cécile Kohler, a été arrêté en même temps qu'elle, tandis qu'Olivier Grondeau, détenu depuis plus de deux ans, est sorti de l'anonymat début janvier

SOULTZ-HAUT-RHIN: La famille de Cécile Kohler, enseignante détenue en Iran depuis 1.000 jours, a demandé vendredi à Emmanuel Macron d'intervenir pour obtenir sa libération, lors d'un rassemblement dans sa ville de Soultz, dans le sud de l'Alsace.

"Voilà 1.000 jours que tu as été prise en otage. Pourquoi ?", a lancé la mère de Cécile Kohler, Mireille Kohler, en s'adressant à quelque 300 personnes rassemblées devant l'hôtel de ville de Soultz, commune de 7.000 habitants proche de Mulhouse.

Cécile Kohler, 40 ans, a été arrêtée le 7 mai 2022, au dernier jour d'un voyage touristique en Iran, où les autorités l'accusent d'espionnage.

S'adressant aux présidents français et iranien, Mme Kohler a déclaré: "Messieurs Macron et Pezeshkian, veuillez je vous en prie trouver un accord et libérez nos enfants Cécile, Jacques et Olivier", trois Français actuellement détenus par Téhéran.

Jacques Paris, le compagnon de Cécile Kohler, a été arrêté en même temps qu'elle, tandis qu'Olivier Grondeau, détenu depuis plus de deux ans, est sorti de l'anonymat début janvier.

"On aimerait bien être reçus par Emmanuel Macron. On se demande pourquoi il ne nous a pas encore reçus, parce que nous avons été reçus par plusieurs ministres déjà, sans problème, et lui, ça se fait un peu attendre", a déclaré Mme Kohler à l'AFP. "Je pense que c'est lui qui a un peu la clé, qui détient la clé."

Emmanuel Macron sera justement non loin de Soultz dimanche puisqu'il sera à Colmar pour les commémorations du 80e anniversaire de la libération de la préfecture haut-rhinoise, le 2 février 1945. Mais aucune rencontre avec la famille de Cécile Kohler n'a pour l'heure été annoncée.

Mireille Kohler a confié avoir pu parler à sa fille dimanche pendant 13 minutes.

"On sait qu'elle va mal, elle essaye de ne pas le montrer, mais on sait qu'elle va très mal", a-t-elle déclaré, précisant que Cécile Kohler "est plus ou moins au courant" de la mobilisation en sa faveur.

"Mais c'est extrêmement dur comme épreuve (...) Comme nous a dit un jour Cécile: +Je sais que c'est dur pour vous, mais vous, vous n'êtes pas enfermés+".


A Marseille, Notre-Dame de la Garde, symbole de la ville, se refait une beauté

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  • "C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David
  • Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle

MARSEILLE: Cent mètres carrés de feuilles d'or à appliquer derrière un échafaudage surplombant la baie de Marseille, dans le sud de la France: un chantier monumental s'apprête à démarrer à Notre-Dame de la Garde pour redonner son éclat à la "Bonne Mère", statue de la vierge à l'enfant emblématique de la ville.

"C'est la chance d'une vie" d'avoir pu étudier "depuis la fin des années 1990 jusqu'à aujourd'hui" cette basilique, raconte l'architecte en charge des travaux de redorure et de restauration, Xavier David.

"On est enfin arrivé au plus haut, au plus précieux, au plus important", ajoute-t-il à propos de la redorure de la statue haute de 11,2 mètres et dont la couronne, à 225 mètres au-dessus de la Méditerranée, est le point culminant de la deuxième ville de France.

Pour évaluer avec précision les travaux, prévus de février à décembre, Xavier David a notamment descendu en rappel les quatre versants de la vierge dorée.

"Il faut voir aussi avec la main, on ne peut pas seulement voir avec l'oeil", explique celui qui arpente depuis plusieurs décennies l'étroit escalier en colimaçon situé dans les entrailles de la "Bonne-Mère", au sommet duquel on peut observer, par une trappe au milieu de la couronne de la statue, toute la ville de Marseille, sa baie et ses collines.

Après l'installation pendant plusieurs semaines d'un échafaudage enveloppé d'une bâche thermosoudée, les travaux porteront à la fin de l'été sur la surface de la statue, dont la dorure a été abîmée par le mistral, l'air marin et la pollution industrielle.

"La redorure de la statue a lieu à peu près tous les 30 ans", explique à l'AFP le père Olivier Spinosa, recteur du sanctuaire.

"Peu de personnel" 

Et de rappeler que la "Bonne Mère" est "véritablement une statue qui rassemble parce que, quand on arrive à Marseille, on la voit de loin, parce que, un jour ou l'autre, beaucoup de Marseillais se sont tournés vers elle, pour retrouver un peu de souffle, un peu d'espérance, de la joie".

"La vierge, c'est la mère, c'est l'enfant, c'est très méditerranéen, c'est l'amour, donc voilà, je crois que rien que pour ça, il faut la redorer", s'enthousiasme Nicole Leonetti, une retraitée marseillaise en visite à la basilique.

En amont de ce chantier de près de 2,5 millions d'euros, le diocèse de Marseille, propriétaire de l'édifice, a lancé une campagne de dons, proposant aux particuliers de financer une des 30.000 feuilles d'or nécessaires.

Le diocèse a également reçu le soutien de mécènes, comme l'armateur CMA CGM du milliardaire Rodolphe Saadé, basé à Marseille, ou encore le club de foot Olympique de Marseille et le groupe de spiritueux Pernod Ricard.

Lors du lancement de la campagne en mai, le cardinal de la ville, Jean-Marc Aveline, avait insisté sur "l'importance symbolique de Notre-Dame de la Garde", assurant que la "Bonne Mère" évoquait aux Marseillais des valeurs d'accueil et de dignité.

Marseille est "une ville où la population, pour la plupart, est arrivée d'ailleurs (...) à cause de divers problèmes de guerre, de famine, de misère, de corruption", avait détaillé le cardinal.

Le chantier ne concernera pas seulement la surface de la statue, mais aussi sa structure métallique ou encore les anges du clocher.

"Il y aura peu de personnel, seulement des compagnons très pointus, très compétents qui vont travailler sur la pierre, d'autres sur le fer, avant l'arrivée des doreurs" au mois d'août, explique Xavier David.

Une douzaine de doreurs travailleront "dans une sorte d'atmosphère stérile" à l'intérieur de l'échafaudage recouvert de la bâche.

La statue a été réalisée au XIXe siècle en "galvanoplastie", qui consiste à plonger un moule en plâtre dans un bain de cuivre.

Elle est la plus grande au monde réalisée avec cette technique, "qui donne en sculpture le travail le plus fin et le plus pérenne, puisque 140 ans plus tard, cette statue est encore parfaitement intacte", explique l'architecte. "A la condition qu'on lui apporte un soin particulier tous les 25-30 ans."


Paris appelle les forces rwandaises à «quitter instamment la RDC»

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  • "La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa
  • Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame

PARIS: Paris appelle les forces rwandaises à "quitter instamment" la République démocratique du Congo et le groupe armé M23 qu'elles soutiennent à "se retirer immédiatement des territoires dont il a pris le contrôle", a affirmé jeudi le ministère des Affaires étrangères.

"La souveraineté et l’intégrité territoriale de la RDC ne sont pas négociables", a déclaré à la presse le porte-parole de la diplomatie française Christophe Lemoine, selon qui le ministre Jean-Noël Barrot est attendu à Kigali après s'être rendu à Kinshasa.

Dans la capitale congolaise, M. Barrot s'est entretenu dans la matinée avec le président Félix Tshisekedi avant de s'envoler pour Kigali où il doit rencontrer Paul Kagame.

Comme l'avait fait Emmanuel Macron lors d'un échange téléphonique avec son homologue rwandais il y a quelque jours, le chef de la diplomatie française, "redira cette position: le retrait des troupes rwandaises" du territoire de la RDC, selon Christophe Lemoine.

La démarche diplomatique française s'inscrit "en soutien aux processus" de Luanda et de Nairobi", des médiations conduites par l'Angola et le Kenya, respectivement au nom de l'Union africaine et de la Communauté des États d'Afrique de l'Est, a-t-il précisé.

Le groupe armé antigouvernemental M23 a pris le contrôle de Goma, grande ville de plus d'un million d'habitants, à l'issue d'une offensive éclair de quelques semaines au côté de troupes rwandaises. Il a indiqué jeudi qu'il continuerait sa "marche de libération jusqu'à Kinshasa".