Présidentielle: Pécresse et Zemmour, un match dans le match pour l'après

Eric Zemmour et Valérie Pecresse pendant un débat politique dans le cadre de leur campagne présidentielle sur le plateau de la chaîne de télévision française TF1, à Boulogne-Billancourt, le 10 mars 2022. (Photo, AFP)
Eric Zemmour et Valérie Pecresse pendant un débat politique dans le cadre de leur campagne présidentielle sur le plateau de la chaîne de télévision française TF1, à Boulogne-Billancourt, le 10 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 30 mars 2022

Présidentielle: Pécresse et Zemmour, un match dans le match pour l'après

Eric Zemmour et Valérie Pecresse pendant un débat politique dans le cadre de leur campagne présidentielle sur le plateau de la chaîne de télévision française TF1, à Boulogne-Billancourt, le 10 mars 2022. (Photo, AFP)
  • Dans les dernières enquêtes d'opinion, Valérie Pécresse et Eric Zemmour sont au coude-à-coude autour de 10% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, derrière Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon
  • Dans la dernière ligne droite, Valérie Pécresse a décidé d'aller plus que jamais sur le terrain du régalien, après avoir affronté Eric Zemmour dans un débat télévisé très vif

PARIS: En repli dans les sondages, Valérie Pécresse et Eric Zemmour se battent aussi pour se devancer mutuellement sur la ligne d'arrivée à la présidentielle, dans la perspective des législatives et d'une « recomposition » encore très incertaine. 

Le 10 avril, « être devant Zemmour est quand même important pour la suite. Finir dernier des droites, ça peut être dur », souligne un cadre LR. 

« Et si on est sur un score à un chiffre, ça va tanguer fort », s'inquiète-t-il, alors que le parti aura une centaine de sièges de députés sortants à défendre aux législatives de juin. 

Dans les dernières enquêtes d'opinion, Valérie Pécresse et Eric Zemmour sont au coude-à-coude autour de 10% des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, derrière Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. 

Valérie Pécresse, « on va la tuer avec Emmanuel Macron, je pense qu'elle est fragile », claironnait un pilier de Reconquête! dès janvier devant la presse. Eric Zemmour estime souvent qu'elle n'a « pas d'espace politique », la qualifiant de »clone » du président-candidat. 

Dimanche au Trocadéro, devant des dizaines de milliers de partisans, il a lancé un nouvel appel du pied à l'aile droitière de LR en faisant applaudir Eric Ciotti, François-Xavier Bellamy, Laurent Wauquiez, Nadine Morano, ainsi que le RN Jordan Bardella. 

Les quatre premiers « n'ont pas réagi » explicitement pour protester, « ce n'est pas anodin », estime un élu LR. 

Quelques jours auparavant, Eric Ciotti s'était dit « fier d'être engagé derrière Valérie Pécresse » et « bien aux Républicains », lors d'un débat organisé par l'hebdomadaire conservateur Valeurs actuelles le 22 mars. 

Mais lui comme M. Bellamy ont déjà dit qu'ils préfèreraient voter Zemmour que Macron au deuxième tour -- la question avait embarrassé Valérie Pécresse, qui avait affirmé la semaine dernière en interview avoir « des alliés qui pensent pas forcément tous comme moi ». 

Trocadéro 

Et le Trocadéro, lieu du meeting de François Fillon en 2017, était une énième oeillade à la droite: le matin même, sept élus LR (dont son président Christian Jacob) publiaient une tribune pour assurer que « Zemmour, ce n'est pas notre Trocadéro » car il « n'incarne pas la droite patriote, gaulliste, républicaine et attachée aux racines judéo-chrétiennes de la France ». 

Dans la dernière ligne droite, Valérie Pécresse a décidé d'aller plus que jamais sur le terrain du régalien, après avoir affronté Eric Zemmour dans un débat télévisé très vif. 

« Je ne crois pas qu'il soit en mesure de gagner », a-t-elle lancé sous les huées au débat de Valeurs actuelles. 

Pour l'instant, les promesses de « recomposition » d'Eric Zemmour se heurtent à l'absence de rallié LR de poids depuis l'ex-numéro 2 du parti Guillaume Peltier, et à l'avenir très incertain de Reconquête! aux législatives. 

Les prises de position radicales de l'ancien polémiste sur les réfugiés ukrainiens ou la création d'un ministère de la « remigration » ont aussi pu rebuter: pour M. Ciotti, c'est un « slogan » qui ne « veut rien dire ». 

Côté Zemmour, certains voient plus loin. « La présidentielle est l'étape fondamentale, déterminante, mais c'est une construction sur le long terme bien sûr », affirmait récemment Marion Maréchal, qui a obtenu auprès de Reconquête cinquante investitures pour ses proches aux législatives. 

Et chez LR, certains s'inquiètent. 

« La transgression, à droite c'est Zemmour qui l'a préemptée. Il ne nous reste pas grand chose », soupire un membre de l'équipe de Valérie Pécresse. 

Si elle échoue le 10 avril, « je vois bien une décomposition/recomposition, ca va être très très dur », pronostique un soutien. 

Alors que certains LR assument déjà un penchant pour Emmanuel Macron, « ça va être compliqué pour ceux qui sont un peu hésitants sur une droite très dure et ses accointances avec Zemmour », ajoute un élu. 

Pendant ce temps, le Rassemblement national regarde de loin ces atermoiements. « La recomposition, 2027, je m'en fous complètement. Mon sujet c'est de faire en sorte qu'on puisse sauver la France dans trois semaines », avait lancé le 22 mars on président par intérim Jordan Bardella. 


La rédaction de France Inter critique la «convocation inacceptable» de Guillaume Meurice

L'auteur, animateur de radio, écrivain et humoriste français Guillaume Meurice, pose lors d'une séance photo à Paris le 13 mars 2024. (Photo, AFP)
L'auteur, animateur de radio, écrivain et humoriste français Guillaume Meurice, pose lors d'une séance photo à Paris le 13 mars 2024. (Photo, AFP)
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  • "Nous demandons le maintien à l'antenne de Guillaume Meurice, sans délai", ont déclaré dans un communiqué les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter
  • Jeudi, le chroniqueur de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, a été suspendu, quatre jours après avoir réitéré à l'antenne ses propos polémiques tenus fin octobre sur le Premier ministre israélien

PARIS: La rédaction de France Inter a dénoncé vendredi la "convocation inacceptable" de Guillaume Meurice en vue d'un éventuel licenciement, y voyant un "signe très inquiétant pour la liberté d'expression", au lendemain de la suspension de l'humoriste par Radio France.

"Nous demandons le maintien à l'antenne de Guillaume Meurice, sans délai", ont déclaré dans un communiqué les sociétés des journalistes (SDJ) et des producteurs (SDPI) de France Inter.

Jeudi, le chroniqueur de l'émission "Le grand dimanche soir", présentée par Charline Vanhoenacker, a été suspendu, quatre jours après avoir réitéré à l'antenne ses propos polémiques tenus fin octobre sur le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu.

"Il y a des choses qu'on peut dire. Par exemple, si je dis: +Netanyahu est une sorte de nazi mais sans prépuce+, c'est bon. Le procureur, il a dit: +C'est bon+", a lancé l'humoriste dimanche, en référence au récent classement sans suite d'une plainte à son encontre l'accusant d'antisémitisme pour des propos similaires.

Convoqué à un entretien dont la date reste inconnue, il risque une "éventuelle sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'à la rupture anticipée de (son) contrat à durée déterminée pour faute grave", rappellent les SDJ et SDPI de France Inter, qui "voient dans cette décision un signe très inquiétant pour la liberté d'expression, valeur que défend Radio France".

"Cette convocation inacceptable semble être le symptôme d'un virage éditorial plus large", déplorent-elles.

Elles affirment ainsi avoir appris que le programme "La terre au carrée" allait s'arrêter "pour laisser place à une émission de sciences et d'écologie +plus narrative+ toujours présentée par Mathieu Vidard mais sans Camille Crosnier" et évoquent une "coupe drastique" du budget du "Grand dimanche soir".

Interrogée par l'AFP sur ces éléments, France Inter a expliqué qu'"en accord avec Mathieu Vidard, il y aura une évolution éditoriale de son émission à la rentrée mais elle gardera ses fondamentaux, l'environnement et la science".

Camille Crosnier, elle, restera aux manettes des "P'tits bateaux", désormais diffusée sept jours sur sept, et elle est "en discussions sur d'autres projets" au sein de la grille.

Quant au "Grand dimanche soir", France Inter "souhaite que l'émission continue l'an prochain mais il faut la faire évoluer d'un point de vue éditorial pour qu'elle rentre dans nos frais, en gardant toute l'équipe et en restant en public", a expliqué la radio.

"Aujourd'hui, des séquences coûtent extrêmement cher à produire. Un travail est en cours avec la productrice, Charline Vanhoenacker, pour trouver la meilleure formule", a-t-on appris de même source.

 

 


Victimes de cyberattaques attribuées à la Chine, des parlementaires français s'inquiètent

Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
Un homme lit un journal chinois dont la première page couvre la rencontre du président chinois Xi Jinping avec le président français Emmanuel Macron dans une vitrine publique dans un parc de Pékin le 7 avril 2023. (Photo, AFP)
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  • A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic
  • Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31

PARIS: Ciblés par une campagne mondiale de cyberespionnage menée par un groupe de hackers aux liens présumés avec l'Etat chinois, plusieurs parlementaires français ont tiré ces derniers jours la sonnette d'alarme devant la "légèreté" de la réponse des autorités face à cet "acte de guerre".

A quelques jours de la venue en France du président chinois Xi Jinping, "nous sommes confrontés à une ingérence étrangère d'envergure manifeste de la part de la Chine", s'inquiète le sénateur centriste Olivier Cadic.

Lui et six autres parlementaires français affirment avoir fait l'objet, en janvier 2021, d'emails toxiques envoyés par un groupe de hackeurs baptisé APT31, que plusieurs pays, dont les Etats-Unis et le Royaume-Uni, considèrent lié au gouvernement chinois.

Le point commun de ces élus ? Tous sont membres de l'alliance interparlementaire sur la Chine (IPAC), une instance crée en 2020 pour agir de manière coordonnée sur différents sujets relatifs à la Chine (Covid, répression des Ouïghours, manifestations à Hong Kong...).

Pour la plupart, ces députés et sénateurs français n'ont pourtant découvert l'existence de cette attaque qu'à la fin du mois de mars 2024, lorsque le ministère de la justice américain a publié un acte d'accusation inculpant sept Chinois pour une "prolifique opération de piratage informatique à l'échelle mondiale". Seraient concernés, notamment, plusieurs centaines de comptes liés à l'IPAC, attaqués en janvier 2021.

Pixels malveillants

Lorsqu'il apprend la nouvelle, l'ex-sénateur André Gattolin, qui coprésidait la branche française de l'IPAC jusqu'en septembre 2023, fait le lien tout de suite: à l'automne 2021, les services informatiques du Sénat avaient trouvé dans son ordinateur professionnel des virus de type "cheval de Troie", à la suite d'une alerte de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi).

"A l'époque, je rédigeais un rapport très sensible sur les ingérences étatiques dans les universités et la recherche. Déjà, je m'étais demandé si la Chine pouvait être derrière tout ça", affirme l'ancien élu à l'AFP.

En fouillant ses emails, André Gattolin retrouve la "source corrosive": un mail du 6 janvier 2021 lui proposant de soutenir une soi-disant journaliste indépendante chinoise enquêtant sur la pandémie de Covid à Wuhan.

"Je me rends compte que ce mail avait été ouvert", raconte-t-il. "J'appelle l'Anssi, j'ai du mal à me faire entendre. Même son de cloche auprès des services de renseignement intérieur français (DGSI). Je dépose plainte le 4 avril et nous prenons contact à l'IPAC avec le FBI, qui nous assure avoir prévenu les services français dès 2022. Mais personne ne nous a rien dit", ajoute l'ancien sénateur, agacé.

Alertée par son collègue, la députée du parti présidentiel Renaissance Anne Genetet fait la même manipulation sur sa boîte mail et retrouve aussi un courrier suspect du 21 janvier 2021. "Malencontreusement, je l'ouvre. Une image s'affiche immédiatement, je comprends tout de suite qu'un virus malveillant se trouve dans les pixels", raconte la députée, qui porte plainte immédiatement et dont l'ordinateur est sous scellés depuis.

Interrogé par l'AFP, le parquet s'est refusé à tout commentaire sur ce dossier.

" Dysfonctionnements" 

"S'il y avait aussi peu de parlementaires concernés, je serais rassuré", glisse un haut-responsable français familier des questions de défense. Ce dernier note que l'Anssi protège les services informatiques des deux chambres, ce qui permet de "voir passer pas mal de choses". "Mais il est important que toutes les personnalités importantes se disent qu'elles peuvent être interceptées", insiste cette source.

Les mêmes courriers ont été remarqués par des parlementaires du monde entier, en Belgique, au Canada, en Allemagne ou encore au Danemark.

"Il y a au minimum beaucoup de légèreté et de dysfonctionnements. Je m'inquiète de voir cette puissance chinoise qui agit et un silence total en face. Autant faire entrer tout de suite des espions chinois dans les bureaux", reprend André Gattolin.

Interpellé mardi au Sénat, le gouvernement français s'en est tenu à une réponse convenue: "Le mode opératoire d'APT31 fait l'objet d'un suivi particulier", "y compris judiciaire", a assuré la porte-parole du gouvernement Prisca Thevenot, et "le gouvernement n'exclut pas d'attribuer publiquement ces cyberattaques" à l'avenir.

Peu rassurant pour les parlementaires concernés. "C'est une attaque ouverte, officielle, et les autorités le savent", regrette Olivier Cadic. "Ce qu'on nous fait, c'est un acte de guerre".

 


Mort de Nahel: une reconstitution aura lieu dimanche

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes. (AFP).
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  • Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime
  • La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes

NANTERRE: Près d'un an après la mort de Nahel, tué par un tir de policier à Nanterre le 27 juin 2023, la justice réunit dimanche les principaux protagonistes du dossier pour une reconstitution des faits, a appris l'AFP de sources concordantes.

Le policier mis en examen pour homicide volontaire et ses collègues présents, des témoins... "Pour la première fois, toutes les parties seront confrontées à leur déposition sur la scène du crime, c'est un moment fort", souligne Nabil Boudi, avocat de la mère de Nahel.

La diffusion sur les réseaux sociaux d'une vidéo montrant un policier tirant sur l'adolescent de 17 ans à bout portant lors d'un contrôle routier avait engendré plusieurs nuits d'émeutes violentes.

A travers la France, les incendies de bâtiments publics et d'infrastructures ou les pillages de magasins ont causé des dégâts représentant un milliard d'euros, selon le Sénat.

A Nanterre, non loin du rond-point où Nahel a été tué et où aura lieu la reconstitution, certains bâtiments en portent encore les traces.

L'enquête sur la mort de Nahel, devenue un symbole du débat sur les violences policières, doit notamment établir si l'usage de l'arme à feu était légitime.

Une première version policière, selon laquelle l'adolescent aurait foncé sur le motard, a rapidement été infirmée par la vidéo des faits, diffusée sur les réseaux sociaux.

Policier libéré

Pendant cinq mois, le policier auteur du tir, Florian M., âgé de 38 ans au moment des faits, avait été placé en détention provisoire.

Mais en novembre, il a été libéré et placé sous contrôle judiciaire après plusieurs demandes de son conseil.

Les juges qui ont décidé de sa remise en liberté avaient reconnu qu'il existait encore "des divergences entre les différentes versions données", mais que "le risque de concertation" apparaissait désormais, "dans cette configuration, moins prégnant" et "ne saurait justifier la poursuite de la détention provisoire à ce titre".

"L'information judiciaire a progressé", les parties civiles et les deux policiers ayant été auditionnés, ont indiqué les magistrats.

Ils soulignent également que "si le trouble à l'ordre public demeure", "il est moindre qu'à la date du placement en détention provisoire".

Après la libération de Florian M., Mounia, la mère de Nahel qui l'élevait seule, avait appelé à un rassemblement auquel quelques centaines de personnes s'étaient rendues dans le calme.

"Un policier tue un enfant, arabe ou noir, devient millionnaire et sort de prison, retrouve sa famille tranquillement pour les fêtes", avait-elle déploré dans une vidéo, en référence à la cagnotte qui a récolté plus de 1,6 million d'euros en soutien à la famille du policier.

"Elle est très stressée, ça ravive de mauvais souvenirs", estime Me Boudi, son conseil.

L'avocat de Florian M. n'a pas donné suite aux sollicitations de l'AFP.