CASABLANCA: Le président candidat Emmanuel Macron n’affiche pas une grande forme dans les derniers sondages. S’il reste en tête des intentions de vote pour le premier tour de l’élection présidentielle, le 10 avril prochain, le candidat de La République en marche (LREM) a perdu deux points de sondage en dix jours alors que ses concurrents directs, Marine le Pen et Jean-Luc Mélenchon, avancent tranquillement selon les différents sondages.
Une affaire vient également plomber la campagne tardive du candidat Macron. La commission d’enquête du Sénat sur les cabinets de conseil a en effet révélé, le 17 mars dernier, que durant le quinquennat d’Emmanuel Macron, un milliard d’euros ont été dépensés par l’État pour s’octroyer les services de boîtes de conseil et de consultants privés.
«La liste des prestations de conseil donne le vertige. Des pans entiers des politiques publiques sont délégués à des consultants, qui n’ont toutefois aucune légitimité démocratique. Il s’agit d’une intrusion en profondeur du secteur privé dans la sphère publique», a signalé à Public Sénat, Éliane Assassi, rapporteure de la commission d'enquête sur l'influence des cabinets de conseil privés sur les politiques publiques.
«On a dit beaucoup de bêtises ces derniers jours. On a parlé du milliard. Je vous invite à regarder le détail. Les trois quarts, même plus, ce sont des recours à des prestataires informatiques et à des entreprises pour financer le cyber et l’évolution aux nouveaux risques. L’État a parfois besoin d’avoir des compétences extérieures», s’est défendu Emmanuel Macron face aux médias lors d’un déplacement à Dijon, lundi 28 mars.
Ce dernier ira jusqu’à se féliciter en assurant que ce quinquennat «a beaucoup moins dépensé qu’il y a dix ans», tout en rejetant la responsabilité sur ses ministres à qui «il faut poser la question». «Je ne suis pas débiteur d’un chef d’entreprise qui vient parler devant le Sénat», ajoute-t-il. Le chef d’État considère qu’il n’a pas à se «justifier de chaque contrat».
Côté Sénat, le constat est clair: la commission d’enquête note que le marché du conseil au secteur public a progressé de 188 millions d’euros entre 2000 et 2018, soit une hausse supérieure à 40% pour atteindre 657 millions en 2018. «Nous avons identifié 41 millions d’euros liés à la crise, soit 5% de la dépense annuelle. Il y a des prestations qui auraient pu être réalisées par l’administration de l’État comme ce guide du télétravail», explique Arnaud Bazin, président de la commission d’enquête, lors d'une conférence de presse détaillant les résultats du rapport.
En début de semaine, le Sénat a officiellement saisi la justice pour suspicion de faux témoignage d’un dirigeant d’une filiale française de McKinsey qui avait assuré que le cabinet payait bien l’impôt sur les sociétés en France. Une révélation qui se trouvait dans les lignes du rapport.
Dans son rapport, la commission évoque «un exemple caricatural d’optimisation fiscale», alors que McKinsey emploie 600 salariés en France, pour un chiffre d’affaires qui a atteint 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5% dans le secteur public.