BEYROUTH: De l’huile de friture pour faire voler les avions. C’est possible. Dans le cadre d'expérimentations menées par Airbus pour élargir l'usage du carburant d’aviation durable (SAF), la compagnie a fait un trajet avec un A380 sans utiliser de kérosène.
Dans ses réservoirs : 27 tonnes de ce que Airbus appelle du « carburant d’aviation durable » (SAF, pour sustainable aviation fuel)
Selon Airbus, en reliant Toulouse à Nice, un appareil gros porteur a effectué un vol de trois heures grâce à du carburant alternatif composé d’huile de cuisson usagée.
Les avions sont actuellement certifiés pour voler avec 50% de SAF, des biocarburants provenant d'oléagineux, d'huiles recyclées, d'algues, de sucres ou encore de résidus de bois.
L'huile de friture est récupérée, traitée, pour devenir une soupe aux vermicelles de carbone. Les réacteurs maintiennent leur fonction de tourner. Ce carburant serait 80% de dioxyde de carbone (CO2) en moins puisque que sa production est moins polluante que celle du kérosène.
Dans son communiqué publié lundi, Airbus a indiqué que ce carburant a été produit par Total Energies en Normandie à partir “d'esters et d'acides gras hydrotraités (HEFA), exempts d'aromatiques et de soufre, et principalement constitués d'huile de cuisson usagée, ainsi que d'autres déchets gras".
Pour le constructeur aéronautique européen, le SAF est une bonne stratégie en attendant de construire un avion vert. Il s’agit du troisième avion à voler grâce à du carburant alternatif en l’espace d’un an. Un A350 avait pris les airs en mars 2021 suivi d’un A319neo en octobre, avec un carburant durable à base d’huiles de cuisson usagées.
La principale limite des SAF reste toutefois leur faible disponibilité et leur coût.
Selon les études, les carburants dits SAF réduisent de 50 à 70% les émissions de gaz à effet de serre.
Avec ces expérimentations Airbus espère décrocher la certification 100% SAF pour l'ensemble de ses appareils d'ici 2030.
L'objectif pour l'aviation étant d’atteindre zéro émission nette de carbone en 2050. L’Union Européenne a déjà fixé des obligations d'utilisation de carburant durable, avec un objectif de 63% en 2050.