Ukraine: nouvelles négociations, situation «catastrophique» à Marioupol

Un volontaire patrouille à un poste de contrôle à Stoyanka, le 27 mars 2022. (Photo, AFP)
Un volontaire patrouille à un poste de contrôle à Stoyanka, le 27 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 28 mars 2022

Ukraine: nouvelles négociations, situation «catastrophique» à Marioupol

  • Plus de 2 000 civils ont été tués à Marioupol, d'après un récent bilan communiqué par la mairie
  • Négociateurs ukrainiens et russes se retrouvent à Istanbul, lundi ou mardi, pour tenter d'arrêter ce conflit qui a déjà contraint plus de 3,8 millions d'Ukrainiens à fuir leur pays

KIEV : Des négociations entre Kiev et Moscou s'ouvrent en début de semaine à Istanbul, l'Ukraine se disant prête à discuter "en profondeur" de sa neutralité, au moment où la situation humanitaire à Marioupol, dans l'est du pays, est décrite comme "catastrophique".

Dans la ville assiégée et bombardée depuis des semaines, "la population se bat pour survivre. La situation humanitaire est catastrophique", a affirmé dans la nuit de dimanche à lundi le ministère ukrainien des Affaires étrangères sur son compte Twitter.

"Les forces armées russes sont en train de transformer la ville en poussière", a-t-il ajouté, le président ukrainien Volodymyr Zelensky dénonçant de son côté un blocus total de cette ville que l'armée russe tente de prendre depuis des semaines.

"Toutes les entrées et sorties de la ville sont bloquées (...) il est impossible de faire entrer à Marioupol des vivres et des médicaments", a-t-il affirmé dimanche soir. "Les forces russes bombardent les convois d'aide humanitaire et tuent les chauffeurs", a-t-il ajouté.

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Quelque 2 000 enfants ont également été emmenés vers la Russie, a-t-il dénoncé. "Et cela veut dire enlevés. Parce que nous ne savons pas exactement où ils sont. Certains sont avec leurs parents, d'autres non. C'est une catastrophe", a-t-il lancé.

Plus de 2 000 civils ont été tués à Marioupol, d'après un récent bilan communiqué par la mairie. Selon le président ukrainien, quelque 100 000 personnes sont toujours bloquées dans ce port stratégique de la mer d'Azov. Plusieurs tentatives visant à établir des itinéraires sûrs pour les civils ont échoué, les deux parties s'accusant mutuellement de violations de cessez-le-feu. 

Et on ignore toujours, dix jours après le bombardement de son théâtre, le sort des centaines de civils qui y avaient trouvé refuge: une mission quasi-impossible, selon une élue municipale de Marioupol.

Le président français a indiqué dimanche qu'il parlerait à son homologue russe Vladimir Poutine lundi ou mardi pour organiser une opération d'évacuation de la ville.

Emmanuel Macron, qui s'est déjà entretenu à huit reprises avec Vladimir Poutine depuis le début de l'invasion russe le 24 février, reste convaincu que la voie du dialogue avec Moscou est encore possible, "pour arrêter la guerre que la Russie a lancé en ukraine sans faire la guerre".

3,8 millions de réfugiés

Négociateurs ukrainiens et russes se retrouvent à Istanbul, lundi ou mardi selon les sources, pour tenter d'arrêter ce conflit qui a déjà contraint plus de 3,8 millions d'Ukrainiens à fuir leur pays, selon un décompte de l'ONU dimanche.

Un des points importants des négociations porte sur "les garanties de sécurité et la neutralité, le statut dénucléarisé de notre Etat", a déclaré dimanche le président ukrainien Voldymyr Zelensky à des médias indépendants russes, selon la chaîne Telegram de l'adminstration présidentielle ukranienne.

"Ce point des négociations est compréhensible pour moi et il est en discussion, il est étudié en profondeur", a-t-il affirmé. Mais il devra être soumis à référendum et il faut des garanties, a-t-il prévenu, accusant le président russe Vladimir Poutine et son entourage de faire "traîner les choses".

Le gendarme russe des télécoms Roskomnadzor a intimé dans un communiqué aux médias russes de ne pas publier cet entretien et indiqué qu'une enquête était ouverte contre ceux qui avaient participé à l'interview.

Plus tard dans la journée, et cette fois devant des journalistes ukrainiens, M. Zelensky a rappelé ses priorités: la souveraineté de l'Ukraine et son intégrité territoriale, "qui ne font aucun doute".

Une séance de négociations avait déjà eu lieu le 10 mars en Turquie, à Antalya, au niveau des ministres des Affaires étrangères, mais n'avait débouché sur aucune avancée concrète. Depuis lors, les discussions se sont poursuivies par visioconférence, jugées "difficiles" par les deux camps.

Ces nouveaux pourparlers, en présentiel, se tiennent après l'annonce de l'armée russe en fin de semaine qu'elle changeait "d'objectif principal" en Ukraine.

Vendredi, le commandement russe avait créé la surprise en annonçant "concentrer le gros des efforts sur l'objectif principal: la libération" du bassin minier du Donbass.

Ce changement de stratégie fait craindre aux autorités ukrainiennes une volonté russe d'obtenir à terme "deux Ukraines" sur le modèle de la Corée du Nord et du Sud.

Après avoir échoué à prendre Kiev et à renverser le gouvernement ukrainien", Moscou "pourrait imposer une ligne de séparation entre les régions occupées et non occupées de notre pays, (dans) une tentative" d'instaurer un séparation à la coréenne, a déclaré dimanche le chef du renseignement militaire ukrainien, Kyrylo Boudanov.

Oscars: minute de silence en soutien à l'Ukraine

Les organisateurs de la cérémonie des Oscars ont demandé dimanche une minute de silence "en soutien au peuple ukrainien" lors d'une soirée de gala.

Parmi les vedettes de retour sur le tapis rouge d'Hollywood après deux ans de pandémie, certaines avaient ajouté aux smokings ou robes de soirée de rigueur un ruban bleu portant l'inscription #WithRefugees ("avec les réfugiés") pour exprimer leur solidarité avec les civils chassés par les conflits. Jason Momoa arborait sur scène une pochette bleue et jaune aux couleurs de l'Ukraine.

Durant la cérémonie, les organisateurs ont profité d'une pause publicitaire pour afficher un message appelant à "une minute de silence pour montrer notre soutien au peuple ukrainien, actuellement en butte à une invasion".

Referendum dans le Lougansk

Une crainte renforcée par l'annonce de la tenue "dans un avenir proche" d'un referendum pour rejoindre la Russie dans le territoire séparatiste de Lougansk (est), dont Moscou a reconnu l'indépendance.

"Tous les faux référendums dans les territoires occupés temporairement sont nuls et non avenus et n'auront aucune légitimité", a réagi Oleg Nikolenko, porte-parole du ministère ukrainien des Affaires étrangères.

Sur le terrain, les combats continuent mais l'étau semblait se desserrer dans certaines villes assiégées, comme à Mykolaïv, ville-verrou sur la route d'Odessa, plus grand port d'Ukraine, pillonnée depuis des jours par l'artillerie russe.

De nouveaux incendies se sont toutefois déclarés dans la zone de la centrale nucléaire de Tchernobyl, occupée par les forces russes, selon les autorités ukrainiennes qui ont demandé la "démilitarisation" du secteur sous l'égide de l'ONU.

"Des feux importants ont commencé dans la zone d'exclusion, qui peuvent avoir de très sérieuses conséquences", a écrit la Première ministre adjointe ukrainienne Iryna Vereshuk sur son compte Telegram dimanche soir.

Selon les autorités régionales ukrainiennes, l'armée russe a pris le contrôle de la ville de Slavoutitch, où réside le personnel de la centrale nucléaire de Tchernobyl, arrêtant brièvement le maire et suscitant des manifestations pro-ukrainiennes.

A Mykolaïv, les habitants ont retrouvé un peu d'espoir, après des semaines terribles pendant lesquelles l'armée russe a tenté en vain de prendre la ville.

Le front a même sensiblement reculé, avec une contre-offensive ukrainienne sur Kherson, à quelque 80 km au sud-est, seule ville d'importance dont l'armée russe ait revendiqué la prise totale depuis le début de son invasion de l'Ukraine le 24 février.

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Plusieurs hommes d'affaires russes ont proposé leur aide à l'Ukraine, selon Zelensky

KIEV : Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé dimanche que plusieurs hommes d'affaires russes avaient proposé de donner de l'argent pour aider l'Ukraine, notamment pour soutenir son armée.

Lors d'un entretien en visioconférence avec plusieurs médias russes, M. Zelensky a déclaré avoir reçu "des signaux" de plusieurs hommes d'affaires russes, dont le milliardaire Roman Abramovitch, un proche de Vladimir Poutine visé par des sanctions de l'Union européenne et du Royaume-Uni.

"On a eu des signaux de lui et de quelques autres hommes d'affaires, proposant: 'on peut aider d'une manière ou d'une autre, on peut faire quelque chose'", a-t-il raconté. 

"Certains ont dit qu'ils étaient prêts à aider à la reconstruction du pays après la guerre. 'Nous sommes prêts à transférer nos affaires en Ukraine, nous vivons en Angleterre ou quelque part en Suisse, nous le voulons. Mais comment peut-on faire pour ne pas figurer sur la liste des sanctions'?", a relaté le président.

"Certaines personnes ne veulent pas donner leur nom et disent qu'elles veulent aider notre armée, tout en étant des citoyens de la Fédération de Russie", a-t-il poursuivi.

M. Zelensky a ensuite assuré que quels que soient les hommes d'affaires prêts à donner de l'argent pour soutenir l'armée ukrainienne, l'Ukraine était prête à "assurer leur sécurité, leur fournir du travail et permettre à leurs affaires de se développer".

"Je parle concrètement des sanctions dans notre Etat. On peut en discuter, on peut discuter du changement de citoyenneté de ces personnes", a-t-il expliqué, soulignant qu'il n'était pas "obligatoire de le faire publiquement".

Selon le Wall Street Journal de mercredi, M. Zelensky aurait demandé à Joe Biden de ne pas sanctionner Roman Abramovitch, estimant qu'il pourrait jouer un rôle dans les négociations de paix entre l'Ukraine et la Russie.

«Boucher»

En visite samedi à Varsovie, le président américain Joe Biden s'en était pris violemment au maître du Kremlin, le qualifiant de "boucher" et jugeant qu'il ne pouvait "pas rester au pouvoir" après son invasion de l'Ukraine.

"Je n’utiliserai pas ce genre de propos parce que je continue de discuter avec le président Poutine", a réagi M. Macron. "Il faut continuer à parler avec les Russes, il faut continuer à parler avec le président Poutine", a martelé dimanche son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, invité du Forum de Doha.

La Maison Blanche a dû nuancer très rapidement les propos tenu par M. Biden. "Ce que le président voulait dire, c'est que Poutine ne peut pas être autorisé à exercer un pouvoir sur ses voisins ou sur la région", a-t-elle indiqué : "Il ne parlait pas du pouvoir de Poutine en Russie, ni d'un changement de régime".

Sur le plan diplomatique, le ministre des Affaires étrangères ukrainien Dmytro Kouleba a appelé à un boycottage des supermarchés français Auchan - qui ont fait le choix de rester en Russie - ainsi que des enseignes Leroy-Merlin (bricolage) et Décathlon (sport), détenues par le même groupe familial.

À Varsovie, vedettes de la musique et du sport se sont succédé sur scène dimanche lors d'un téléthon en faveur de l'Ukraine, diffusé par la chaîne publique polonaise TVP dans plus de 20 pays.

Pendant ce bref instant de recueillement, des écrans diffusaient des messages appelant à envoyer de l'aide en énumérant des besoins essentiels des Ukrainiens tels que de la "nourriture", des "soins médicaux" ou des "couvertures".


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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  • "La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau
  • "Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu

JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.