Présidentielle: un dimanche de mobilisation avant la dernière ligne droite

Eric Zemmour au Trocadéro à Paris. (Photo, AFP)
Eric Zemmour au Trocadéro à Paris. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 28 mars 2022

Présidentielle: un dimanche de mobilisation avant la dernière ligne droite

Eric Zemmour au Trocadéro à Paris. (Photo, AFP)
  • Eric Zemmour s'est présenté devant plusieurs milliers de personnes et des dizaines de drapeaux français comme le «seul à être de droite dans cette campagne»
  • Jean-Luc Mélenchon a mis en garde contre un « second tour low-cost » entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen

PARIS: Jean-Luc Mélenchon qui cultive son espoir du second tour, Eric Zemmour se disant « seul candidat de droite », Yannick Jadot qui s'offre un Zenith: les principaux candidats à la présidentielle ont entamé la dernière ligne droite de la campagne dimanche avec l'objectif de mobiliser dans les meetings, à deux semaines du premier tour, auquel le président candidat Emmanuel Macron a exhorté les Français à participer. 

La candidate RN Marine Le Pen, toujours donnée au second tour face à lui (17,5% selon un sondage SopraSteria samedi), a elle été chahutée en Guadeloupe, où l'enregistrement d'un entretien télévisé a été perturbé par des manifestants. 

Toujours annoncé en tête des intentions de vote (28,5% selon SopraSteria), Emmanuel Macron s'est dit sur France 3 « choqué » par cette « scène totalement inacceptable », tandis que les porte-parole de Mme Le Pen dénonçaient les agissements de Eric Zemmour « militants d'extrême gauche » ayant »bousculé assez violemment » la candidate. 

Avec ce voyage sans grand rendez-vous, Marine Le Pen a toutefois encore travaillé son recentrage alors que les propositions toujours plus radicales de son concurrent d'extrême droite Eric Zemmour contribuent à lisser son image. 

A la veille de l'ouverture officielle de la campagne, elle a aussi joué la contre-programmation, face au meeting d'Eric Zemmour au Trocadéro à Paris, où le candidat Reconquête!, qui reflue autour de 10% dans les sondages et se retrouve au coude-à-coude avec la candidate LR Valérie Pécresse, s'est présenté devant plusieurs milliers de personnes et des dizaines de drapeaux français comme le « seul à être de droite dans cette campagne ». 

Sous un soleil éclatant, il a qualifié Mme Pécresse de « centriste, déjà prête à voter Emmanuel Macron » au second tour, et Marine Le Pen de « socialiste en matière économique », tandis que le président sortant ne saurait selon lui »toujours pas de quel bord il est » malgré l'exercice du pouvoir. 

« Combien de temps avant que la France devienne une France africaine (...), que l'islam devienne majoritaire sur notre terre ? », avait auparavant lancé à la tribune son soutien Marion Maréchal, nièce de Marine Le Pen. 

« Second tour low-cost »  

A gauche, le candidat LFI Jean-Luc Mélenchon, crédité de 12 à 15% dans les sondages, ce qui alimente ses espoirs de franchir le cap du premier tour, a également rassemblé des milliers de personnes, sur la plage du Prado à Marseille. Il a mis en garde contre un « second tour low-cost » entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. « Cette fois-ci vous le sentez comme moi, on sait pas pourquoi, tout d'un coup on s'est dit ‘On va y arriver’, de tous les côtés », s'est-il exclamé. 

Au Zenith de Paris, Yannick Jadot, arrivé à vélo, a attaqué Emmanuel Macron qui, selon lui, « n’a eu de cesse de souffler sur les braises de la division » et d'afficher son »mépris » des plus faibles. Quant à l'extrême droite, « c'est le chaos, la haine et la peine. Nous sommes la joie, l'égalité, la liberté, la fraternité », a lancé l'écologiste qui compte relancer une campagne qui patine (6% dans les sondages). 

En meeting à Toulouse, le communiste Fabien Roussel a dénoncé le « programme commun » des « Macron, Zemmour, Le Pen » dicté, selon lui, « par le Medef », estimant qu'il était »temps que les cigares changent de bouche ».  

Pour la candidate LR Valérie Pécresse (autour de 10% dans les sondages), malade du Covid-19, dimanche sera en revanche seulement l'occasion d'une visioconférence avec des militants en fin d'après-midi. 

« Equité » ou « inégalité »  

Alors que plane le risque d'une forte abstention sur le premier tour du 10 avril, Emmanuel Macron a rappelé aux Français que « l'élection c'est le meilleur moyen de porter ses choix ».  

Il sera de son côté de retour sur le terrain lundi, à Dijon, pour faire taire les critiques l'accusant de fuir le débat, dans une campagne asphyxiée par la crise de Covid puis écrasée par la guerre en Ukraine. 

Le conflit s'est encore invité dans les interviews et les meetings dimanche. Un dossier qui a obligé tous les candidats à se positionner depuis un mois, alors que les sujets internationaux sont traditionnellement loin des préoccupations des électeurs lors d'une présidentielle. 

Jean-Luc Mélenchon a dédié son meeting dimanche à « la lutte pour le cessez-le-feu en Ukraine et la fin de l'invasion » russe, Yannick Jadot a « salué le courage du président Zelensky face aux crimes de guerre ». 

Peu avant, Emmanuel Macron avait mis en garde sur France 3 contre une « escalade des mots et des actions en Ukraine », après les propos du président américain Joe Biden qui a traité Vladimir Poutine de « boucher », et Marine Le Pen de nouveau insisté sur les conséquences de la guerre sur le pouvoir d'achat des Français. 

Si l'entrée en vigueur lundi des règles rigoureuses de la campagne officielle mettra médiatiquement les 12 candidats sur un pied d'égalité, ceux sous les 3% d'intentions de vote ont toutefois encore protesté dimanche. 

« L'équité, c'est un mot habile pour l'inégalité », a estimé Nicolas Dupont Aignan (Debout la France) sur France Inter, tandis que Jean Lassalle (Résistons!) appelait à « résister contre ce système féroce qui est une dictature molle », et Nathalie Arthaud (LO) dénonçait un large « problème de pluralisme » dans l'ensemble de la société.  


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.