MARSEILLE: "Vous le sentez comme moi", a clamé Jean-Luc Mélenchon devant plusieurs milliers de personnes sur le Prado à Marseille, persuadé qu'il peut se qualifier et éviter un "second tour low-cost" entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Pourtant, le candidat insoumis à la présidentielle est encore plusieurs points dans les sondages derrière la représentante du Rassemblement national. Mais un sondage samedi donnant une dynamique positive à M. Mélenchon et négative à Mme Le Pen a rempli d'allégresse les militants présents.
"Il va être au second tour, j'te dis pas qu'il va être élu", a ainsi lancé à un ami une participante à la marche d'une vingtaine de minutes qui précédait le meeting.
"On a la possibilité d'enfin arrêter les politiques capitalistes qui détruisent tout, d'enfin favoriser l'intérêt des gens de notre camp, de tous ceux qui peinent à finir le mois", s'est aussi enthousiasmé Rachel Mahé, 37 ans, orthophoniste, auprès de l'AFP.
Préparant sa pile de journaux trotskistes appelés "L'Egalité", qu'elle s'apprêtait à vendre, elle a expliqué: "C'est la candidature anti-capitaliste large qui rassemble révolutionnaires et réformistes. Il peut se passer quelque chose et même si on ne gagne pas, notre score fera du bien à tout le monde".
"On peut très bien finir à un petit pas du second tour comme en 2017, ou y être. Ca dépendra de la mobilisation des quartiers populaires", a souligné de son côté Jérôme Martinet, ingénieur de 38 ans.
«Réfléchissez, bon sang»
Les mobiliser est une tâche ardue à laquelle s'est attelée Jean-Luc Mélenchon dans son meeting, après plusieurs semaines à s'adresser aux électeurs de gauche pour un "vote efficace".
"J'entends ceux qui disent C'est tous les mêmes, on va pas aller voter, eh bien réfléchissez bon sang de bois!", s'est-il exclamé à l'issue d'un développement sur l'école.
Jean-Luc Mélenchon a aussi affiché sa confiance, l'écho de sa voix rebondissant sur les immeubles lui faisant face, la mer et la plage du Prado dans le dos: "Cette fois-ci vous le sentez comme moi, on sait pas pourquoi, tout d'un coup on s'est dit +On va y arriver+, de tous les côtés".
"C'est vrai, petit à petit on voit les courbes se rapprocher", a-t-il ajouté, devant un public fourni, même si les organisateurs avaient cette fois vu trop grand sur le périmètre, clairsemé à l'arrière.
Le député des Bouches-du-Rhône a ironisé: "Ils rêvaient d'une élection bien tranquille, qui se finirait comme d'habitude, d'un côté M. Macron, annoncé depuis des mois, de l'autre côté Marine Le Pen. Alors le premier tour était une sorte de formalité administative, (...) on se retrouve en bonne compagnie pour un second tour low-cost".
Jean-Luc Mélenchon a mis ses deux rivaux dans le même sac: "Il y a une différence, M. Macron c'est le programme économique de Marine Le Pen plus le mépris de classe, Marine Le Pen c'est le programme économique de Macron plus le mépris de race".
"Les deux sont d'accord pour geler le SMIC et nous pour le faire passer à 1.400 euros nets, ils sont d'accord tous les deux pour baisser les impôts de production, (...) pour relancer le nucléaire sans un mot", a dit l'Insoumis.
Il a visiblement lu les études qui, il y a plusieurs mois, montraient les Français peu enthousiastes à l'idée d'une redite du second tour de 2017: "Ras-le-bol, nous voulons parler du changement climatique, de l'éducation des gosses, du monde, manger autrement, inventer autrement".
Un de ses lieutenants, le député Eric Coquerel, a jugé auprès de l'AFP que la fin de campagne "sera principalement sur le social, Jean-Luc Mélenchon est le candidat de toutes les égalités", du "service public" à la "lutte contre les discriminations."
Il s'est réjoui: "Les cinq ans de macronisme ont été un tel rouleau compresseur libéral qu'on apparaît comme d'autant plus fédérateurs, là où il y a cinq ans on était considérés comme radicaux".