BRUXELLES: Emmanuel Macron s'est refusé à préciser jeudi si la France et ses alliés de l'Otan avaient défini des « lignes rouges » en Ukraine susceptibles de déclencher une intervention, notamment l'utilisation par la Russie d'armes chimiques, jugeant que « la discrétion est plus efficace ».
« Je serai très prudent sur ce sujet », a-t-il dit lors d'une conférence de presse après un sommet extraordinaire de l'Otan, car « à chaque fois que j'ai eu à définir des lignes rouges, je voulais être parfaitement sûr qu'elles avaient un effet dissuasif et que leur franchissement serait suivi d'effets ».
« C'est comme ça que la parole de la France ou de tout allié est respecté, c'est ce que nous avons fait en avril 2018 lors de l'opération Hamilton » (raid aérien en Syrie avec les Etats-Unis et la Grande-Bretagne juste après l'utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar al-Assad), a-t-il rappelé.
Mais dans le cas de l'Ukraine, « je pense que l'ambiguïté stratégique et la discrétion sont plus efficaces », a répondu le chef de l'Etat.
Des responsables ukrainiens accusent les armées russes d'utiliser des bombes au phosphore et le président ukrainien Volodymyr Zelensky a averti, dans un message vidéo aux dirigeants du G7 réunis à Bruxelles jeudi, d'un « risque bien réel » d'utilisations d'armes chimiques par les forces russes.
Alors que le président ukrainien a réclamé à l'Otan « une aide militaire sans restriction » face à l'invasion russe, les dirigeants de l'Alliance ont annoncé jeudi qu'ils fourniraient à l'Ukraine des équipements de protection contre des attaques chimiques, biologiques et nucléaires et protégeraient leurs forces déployées sur le flanc oriental contre ces menaces.
Emmanuel Macron a cependant rappelé que les pays de l'Otan ne voulaient pas « devenir cobelligérants » et que livrer à l'Ukraine des équipements comme des avions ou des chars, « aujourd'hui, personne ne franchit cette limite parce qu'il est évident qu'elle caractérise une cobelligérance ».
En revanche les alliés ont livré des armes antichars et continueront de le faire, dans la continuité de contrats « qui précédaient le déclenchement de la guerre », a-t-il dit, sans détailler les armements que livre la France.