RAMALLAH: L'Autorité palestinienne (AP) a exhorté la Banque mondiale à intervenir dans son différend avec Israël au sujet de plus de 400 millions de dollars (1 dollar américain = 0,91 euro) de recettes fiscales retenues par Tel Aviv, ont déclaré des sources palestiniennes de haut niveau à Arab News.
Cet appel intervient au milieu des avertissements d'une «menace existentielle» pour l’AP à cause de la diminution du soutien financier des États-Unis, de l'UE et des pays arabes, ainsi que du déficit fiscal.
Le Premier ministre palestinien, Mohammed Chtayyeh, et le ministre des Finances, Chukri Bechara, ont rencontré les hauts responsables de la Banque mondiale à Ramallah le 22 mars. Ils ont exhorté la banque à faire pression sur Israël au sujet des recettes fiscales retenues.
Les déductions israéliennes sur les impôts perçus au nom de l'AP ont atteint 400 millions de dollars l'année dernière, soit 42% du déficit budgétaire de cette année, a révélé Bechara.
Les impôts perçus par Israël représentent environ la moitié des revenus de l'AP. Cependant, en vertu d'une loi de 2018, Israël calcule le montant qu’il estime que l'AP a versé en allocations aux militants, et déduit ce montant des impôts qu'il perçoit.
Le manque à gagner et l'arrêt du soutien financier américain, européen et arabe à l'AP ont conduit à «une crise financière qui constitue une menace existentielle pour sa survie», a confié un haut responsable palestinien à Arab News.
Lors de la réunion de Ramallah, les deux dirigeants palestiniens ont également discuté du soutien de la Banque mondiale à des projets dans les territoires palestiniens. Ils ont affirmé que le développement est essentiel afin de créer des opportunités d'emploi parmi les jeunes et les diplômés universitaires.
Chtayyeh a passé en revue les réformes administratives et financières, ajoutant que «ces efforts doivent être accompagnés d'une pression internationale sur Israël pour qu'il cesse ses déductions injustes de nos fonds, débloque l’argent retenu et reprenne le soutien international à la Palestine».
Une solution politique demeure nécessaire pour garantir des améliorations efficaces et pratiques des conditions de vie, a insisté le Premier ministre palestinien.
Bechara a indiqué aux responsables de la Banque mondiale que les dirigeants palestiniens travaillent dans des «conditions exceptionnelles que n’ont jamais connues d'autres pays».
Les responsables de l'AP ont également souligné «les violations israéliennes qui entravent les progrès en matière financiers et de développement dans les territoires palestiniens».
La Banque mondiale gère l'aide fournie par certains pays européens et arabes qui sont réticent à fournir un soutien direct à l'AP. Ces pays veillent à soutenir les familles à faible revenu et couvrir les salaires des employés du secteur public et plusieurs petits projets par le biais d'un fonds fiduciaire.
Toutefois, des rapports non confirmés indiquent que le fonds s'épuise car de nombreux pays ont mis fin à leur soutien financier à l'autorité.
Samir Hulileh, ancien vice-ministre palestinien des Finances, a déclaré à Arab News qu'en plus du programme de financement que la Banque mondiale entreprend pour l'AP, lui attribuant 40 à 50 millions de dollars par an, «ses rapports et estimations sur la performance de l'autorité affectent d’une façon considérable les décisions des pays donateurs» sur la poursuite du soutien.
«La Banque mondiale prépare des rapports périodiques sur la performance financière de l'AP et sur la croissance de l'économie. Elle joue un rôle central pour inciter les donateurs à soutenir les projets de l'AP», a-t-il clarifié.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com