PARIS : La justice française a commencé mercredi à examiner les demandes d'extrader en Italie dix anciens militants d'extrême gauche, condamnés dans leur pays pour des actes de terrorisme dans les années 1970-1980 et réfugiés en France depuis parfois plus de trente ans.
Au printemps 2021 le président français Emmanuel Macron a décidé de favoriser la mise à exécution des demandes d'extradition renouvelées par l'Italie pour quatre anciens militants d'extrême gauche et six anciens membres des Brigades rouges.
Jusqu'alors, Paris n'avait quasiment jamais accédé aux requêtes de Rome.
Mercredi, la chambre des extraditions de la cour d'appel de Paris a examiné le cas d'Enzo Calvitti, psychothérapeute à la retraite de 67 ans et ancien des Brigades rouges.
Il a été condamné par contumace en Italie à 18 ans de réclusion pour "association à finalité terroriste" et "participation à une bande armée".
"Le droit, ce n'est pas la vengeance de l'Etat", a plaidé son avocat.
Originaire du centre de l'Italie, Enzo Calvitti, 67 ans a répondu "non" à la présidente qui lui a demandé s'il consentait à sa remise aux autorités italiennes. Puis il n'a pas souhaité s'exprimer.
Réfugiés en France dans les années 1980 et 1990, les militants d'extrême gauche italiens pensaient être protégés par l'engagement pris en 1985 par le président François Mitterrand de ne pas extrader les activistes ayant rompu avec leur passé.
Sur les dix personnes réclamées, sept avaient été interpellées le 28 avril 2021, deux s'étaient présentées à la justice le lendemain et une dernière avait été arrêtée en juillet. Toutes ont refusé leur extradition.
La chambre de l'extradition, qui ne se penche pas sur les faits, doit s'assurer de la légalité de la procédure. Les magistrats doivent notamment vérifier qu'Enzo Calvitti a bénéficié d'un procès équitable "compte tenu des conditions dans lesquelles est intervenue la condamnation", a exposé la présidente.
Des "questions se posent sur la procédure italienne de la contumace", relève la présidente, rappelant "les condamnations prononcées contre l'Italie par la Cour européenne des droits de l'homme" eu égard à sa non conformité "aux standards européens".
"L'Etat italien n'a pas de volonté de vengeance", a dit en préambule l'avocat de l'Italie Me William Julié, assurant "comprendre à quel point ces procédures allaient poser des questions juridiques, humaines compliquées".
La décision sera rendue le 1er juin.
Huit autres anciens militants italiens d'extrême gauche doivent comparaître devant la chambre de l'extradition jusqu'au 20 avril.