LONDRES : La Haute-Cour de Londres rend vendredi matin sa décision au sujet de l'appel des États-Unis contre le refus d'extrader le fondateur de Wikileaks Julian Assange, que Washington veut juger pour une fuite massive de documents.
Il y a près d'un an, la juge britannique Vanessa Baraitser s'était opposée à la remise de l'Australien de 50 ans aux autorités américaines, invoquant le risque de suicide du fondateur de Wikileaks.
Les États-Unis reprochent à Julian Assange d'avoir diffusé, à partir de 2010, plus de 700.000 documents classifiés sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan.
Poursuivi notamment pour espionnage, il risque jusqu'à 175 ans de prison, dans une affaire qui représente, selon ses soutiens, une attaque gravissime contre la liberté de la presse.
Mais quelle que soit la décision qui sera rendue vendredi, elle ne marquera pas la fin de cette bataille judiciaire au long cours.
Si les États-Unis obtiennent gain de cause, la décision de janvier sera annulée et la justice britannique de nouveau amenée à trancher.
Et quel que soit le perdant, il aura la possibilité de demander à saisir la Cour suprême britannique.
Incarcéré dans une prison de haute-sécurité près de Londres, Julian Assange a été arrêté par la police britannique en avril 2019 après avoir passé sept ans dans l'ambassade londonienne d'Equateur, où il s'était réfugié alors qu'il était en liberté sous caution.
Il craignait alors une extradition vers les États-Unis ou la Suède, où il faisait l'objet de poursuites pour viol, depuis abandonnées.
« Alcatraz des Rocheuses »
Lors de l'audience en appel au sujet de son extradition, qui s'est tenue sur deux jours fin octobre, les États-Unis ont cherché à rassurer sur le traitement qui serait réservé au fondateur de Wikileaks.
L'avocat représentant le gouvernement américain, James Lewis, avait assuré qu'Assange ne serait pas incarcéré au redouté centre pénitentiaire ADX Florence, dans le Colorado, surnommé l'"Alcatraz des Rocheuses", où sont détenus à l'isolement quasi-total des membres d'Al-Qaïda.
La justice américaine s'assurerait que le fondateur de Wikileaks reçoive les soins cliniques et psychologiques nécessaires et qu'il puisse demander à purger sa peine en Australie, avait-il affirmé, soulignant que ces assurances diplomatiques sont "une question solennelle", "on ne les distribue pas comme des Smarties".
L'avocat de Julian Assange, Edward Fitzgerald, avait quant à lui rétorqué que les assurances américaines ne changent rien, et que subsiste "un grand risque de suicide quelles que soient les mesures" qui seraient prises.
Le mois dernier, Stella Moris, la compagne de Julian Assange avec qui il a eu deux enfants lorsqu'il était reclus à l'ambassade d'Equateur, a annoncé que le couple avait reçu l'autorisation de se marier à la prison de Belmarsh où l'Australien est détenu.
Il a également reçu le soutien d'une quarantaine de députés français de tous bords qui ont plaidé pour que Julian Assange puisse bénéficier de l'asile politique en France.
Julian Assange se trouve sous le coup de poursuites lancées sous la présidence de Donald Trump. Sous son prédécesseur Barack Obama, qui avait Joe Biden pour vice-président, la justice américaine avait renoncé à poursuivre le fondateur de WikiLeaks.
Mais l'élection de Joe Biden à la Maison Blanche n'a pas apporté l'inflexion espérée par les soutiens de l'Australien.
"Profondément inquiètes", plusieurs ONG, dont Amnesty International, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont demandé mi-octobre dans une lettre ouverte au ministre américain de la Justice Merrick Garland d'abandonner ces poursuites.