À BORD D'AIR FORCE ONE : Le président américain Joe Biden est arrivé mercredi en Europe, afin de cimenter l'unité des Occidentaux dont les options de représailles contre la Russie se réduisent au fur et à mesure que la guerre en Ukraine se poursuit.
Air Force One s'est posé peu après 21h00 locale mercredi (20h00 GMT) à Bruxelles.
"Ce que nous aimerions entendre (de la part des alliés des Américains) est que cette fermeté partagée que nous avons vue au cours du mois dernier durera autant qu'il le faudra", a déclaré son conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan, lors d'un échange avec la presse à bord d'Air Force One, en route pour Bruxelles.
Un mois exactement après le début de l'invasion de l'Ukraine, un marathon diplomatique inédit attend le président américain et ses partenaires: en une seule journée, un sommet de l'Otan, un sommet du G7 et un sommet de l'Union européenne.
Si ce déplacement, qui emmènera ensuite Joe Biden en Pologne, a une forte portée symbolique, ces grandes rencontres ne devraient pas déboucher sur des rafales de sanctions ou des annonces stratégiques fracassantes, comme celles qui ont rythmé les semaines écoulées.
Les Américains vont certes allonger jeudi la liste des oligarques et personnalités politiques russes visés par leurs sanctions, a dit Jake Sullivan.
Et Joe Biden promet aussi de renforcer dans la durée le positionnement de l'Otan dans les pays d'Europe de l'Est, maintenant que Vladimir Poutine a, de fait, bouleversé l'équilibre des forces hérité de la Guerre froide.
Mais pour le reste, la Maison Blanche précise qu'il s'agira surtout de consolider l'arsenal de sanctions déjà prises, pour éviter les tentatives de contournement de Moscou.
Vendredi et samedi, Joe Biden se rendra ensuite en Pologne, pays allié membre de l'Otan, et aussi première destination pour la majorité des millions d'Ukrainiens fuyant la guerre.
Le plus dur
Joe Biden sait que le temps joue contre les Occidentaux, même si l'émotion reste vive face au lourd tribut payé par les civils en Ukraine.
Les Etats-Unis ont officiellement accusé mercredi l'armée russe de "crimes de guerre", et Joe Biden, qui estime que son homologue russe est "dos au mur", ne cesse de mettre en garde contre l'usage potentiel d'armes chimiques et biologiques.
Mais comment les Occidentaux peuvent-ils maintenir et même resserrer l'étau sur la Russie?
"Il ne s'agit pas de dire +nous avons tiré x cartouches et il nous en reste y+. Ce n'est pas la bonne manière de voir les choses", a assuré Jake Sullivan mercredi.
Reste que dans les faits, la gamme des sanctions économiques potentielles, ou du moins des mesures pouvant recueillir un soutien massif, se réduit.
Sur la question très sensible des ventes d'hydrocarbures, principale source de revenus de la Russie, la coordination entre Occidentaux semble pour l'heure avoir trouvé ses limites.
Si les Américains, producteurs d'or noir, ont décrété un embargo sur le pétrole russe, les Européens ne semblent pas pour l'heure en mesure de se sevrer des hydrocarbures russes, et surtout du gaz.
Les Etats-Unis, grands exportateurs de gaz naturel liquéfié, ont certes promis leur aide - des annonces devraient tomber vendredi, selon Washington.
Et les Vingt-Sept veulent organiser des achats en commun de gaz pour réduire leur dépendance, mais tout cela prendra du temps.
Trop de temps, selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, qui s'adressera jeudi aux Occidentaux à l'occasion de leurs sommets.
Kiev ne cesse de réclamer un soutien militaire plus franc, mais les Occidentaux se heurtent là aux limites fixées par Joe Biden lui-même.
Le démocrate de 79 ans, qui a présidé à un retrait chaotique des troupes américaines d'Afghanistan, a dit et répété qu'il n'enverrait pas de militaires en Ukraine.
Il a aussi mis son veto à des options susceptibles, selon lui, de précipiter la Troisième Guerre mondiale, par exemple une interdiction de survol de l'Ukraine, qui impliquerait, potentiellement, d'abattre des avions russes.