Au procès de Kevin Guiavarch, le djihadiste qui aimait se mettre en scène

Sur l'écran de la salle d'audience, défilent des photos provenant du compte Facebook de Kevin Guiavarch (Photo, AFP).
Sur l'écran de la salle d'audience, défilent des photos provenant du compte Facebook de Kevin Guiavarch (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Mardi 22 mars 2022

Au procès de Kevin Guiavarch, le djihadiste qui aimait se mettre en scène

  • Sur l'écran de la salle d'audience, défilent des photos provenant du compte Facebook de Kevin Guiavarch
  • Les clichés guerriers donnent le tournis

PARIS: Djihadiste quasi inoffensif n'ayant "jamais tiré un coup de feu" ou maître en art de la dissimulation? Kevin Guiavarch, l'un des premiers Français à avoir rejoint la Syrie, au début 2013, a cherché lundi à minimiser son rôle au sein de l'Etat islamique devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Sur l'écran de la salle d'audience, défilent des photos provenant du compte Facebook de Kevin Guiavarch. Les clichés guerriers donnent le tournis.

Kevin Guiavarch en treillis militaire avec une kalachnikov, Kevin Guiavarch allongé en position de tir avec un fusil de haute précision de type sniper, Kevin Guiavarch avec une grenade et le bandeau des martyrs noué sur son crâne, Kevin Guiavarch avec une ceinture explosive autour de la taille, Kevin Guiavarch, tout sourire, aux côtés de Chaquir Maaroufi, chef de la "katibat Al Mujajirjin", le bataillon d'EI où ont transité de nombreux protagonistes des attentats du 13-Novembre... L'accusé regarde les clichés. Il semble mal à l'aise.

"C'était des photos scénarisées. Je les postais pour ne pas passer pour un lâche", explique-t-il d'une voix éteinte. "Peut-être pour séduire mes femmes (...) En fait, je passais mes journées à ne rien faire (...) Je n'ai reçu aucune formation militaire, avec les armes c'était de la débrouille", égrène-t-il.

Sur l'écran, on le voit dans une vidéo de propagande intitulée "Une journée passée avec les moudjahidine de France", appeler les jeunes musulmans français à venir combattre en Syrie.

"Pas une fois, vous ne vous mettez en scène dans un rôle humanitaire", fait remarquer l'avocat général. "Pourquoi ?" demande-t-il à l'accusé qui affirme avoir été "brancardier" durant son séjour dans les rangs de l'EI et à aucun moment combattant.

"Je ne sais pas. Je n'avais pas conscience de l'effet de ces images", bredouille Kevin Guiavarch.

«Traumatisé»

Sa ligne de défense est invariable. Après son arrivée en Syrie, en janvier 2013, il a combattu une seule fois dans les rangs de l'Armée libre syrienne (ASL). Cet unique combat l'a laissé "traumatisé". En juin 2013, il fait allégeance à l'Etat islamique et s'installe provisoirement à Raqqa avec sa femme avant d'être rejoint par trois autres épouses venues de France.

Tous les cinq sont jugés pour "association de malfaiteurs terroriste" et encourent 20 ans de réclusion. Une autre femme est jugée à leur côté pour "financement d'entreprise terroriste". Elle encourt 10 ans de réclusion.

"Je suis parti en Syrie pour aider la population", soutient Kevin Guiavarch. Mais aucune trace n'a été trouvée de son travail humanitaire. Il explique avoir pris ses distances avec l'EI dès le début 2014 mais reconnaît en même temps qu'il le dissimulait à ses proches de peur d'être pris pour "un espion". Dans un commentaire, publié sur son compte en juin 2014, il affirme: "On aime tuer les méchants. On sourit quand on tue les kouffars (mécréants)".

"Dans la dissimulation de votre éloignement de l'EI, vous en rajoutez beaucoup", ironise le président David Hill.

"A l'époque, c'est la peur qui me dirigeait, se justifie Kevin Guiavarch dont la voix devient de plus en plus faible. Je voulais donner des gages de ma bonne foi à l'EI."

Selon une enquêtrice, Kevin Guiavarch a pris contact avec les autorités françaises, via un avocat français, "quand l’EI a commencé à subir d’importants revers". "Il a pris la décision de quitter la Syrie, en juin 2016, en raison de la dégradation sécuritaire et des conditions de vie sur zone", a affirmé l'enquêtrice. Entre-temps, a-t-elle souligné, "il a méticuleusement préparé son récit, partagé avec ses femmes". 

L'interrogatoire de Kevin Guiavarch avait été brusquement interrompu vendredi après le malaise d'une de ses épouses, Sahra R., enceinte de 8 mois d'un autre compagnon, et seule des cinq femmes co-accusées à être détenue.

Lundi, la jeune femme de 27 ans a fait un nouveau malaise, prise de nausées, durant l'interrogatoire de son ex-compagnon. L'audience a été suspendue plusieurs fois le temps qu'elle récupère.

Pour des raisons de procédure, la présence physique de Sahra R. à l'audience est obligatoire. L'interrogatoire de la jeune femme est prévu mardi après-midi.


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Short Url
  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

Short Url
  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Short Url
  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.