RENNES: Barrages filtrants, blocage de dépôts pétroliers et raffinerie: mécontents des annonces du gouvernement, professionnels du BTP, pêcheurs, agriculteurs, transporteurs ou taxis ont mené de nouvelle actions lundi dans tout le pays pour protester contre le prix des carburants.
En Normandie, quelque 200 poids-lourds ont été bloqués pendant plusieurs heures à hauteur de Torigny-les-Villes, à l'entrée de l'A84 qui relie Avranches à Caen. En fin d'après-midi, il y avait encore 345 poids-lourds arrêtés au niveau d'un rond point de sortie d'autoroute à Guilberville, a précisé à l'AFP la préfecture.
L'enveloppe de 400 millions d'euros d'aides aux transporteurs routiers et la remise de 15 centimes par litre de gazole annoncées la semaine dernière par le gouvernement n'ont pas suffi à apaiser la colère des manifestants.
Tandis que le prix des carburants routiers vendus dans les stations-services françaises ont reculé sous les 2 euros en moyenne la semaine dernière, baissant pour la première fois depuis le début de l'année, selon des chiffres officiels publiés lundi, les professionnels des différents secteurs réclament toujours une baisse du prix du gazole et du GNR (gazole non routier).
En hausse constante ces derniers mois, le prix de ces carburants s'était envolé après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
En début d'après-midi, quatre navires bloquaient encore l'accès au bassin de commerce du Tréport, selon la préfecture de Seine-Maritime. A la mi-journée, le port avait été bloqué par 100 et 150 pêcheurs, selon la coopérative des artisans-pêcheurs de la commune. Tandis qu'une manifestation a réuni le matin 170 participants au pont de Normandie, une réunion de pêcheurs a également eu lieu "afin d'échanger sur la hausse du prix du carburant", selon la préfecture.
En Bretagne, les plus forts ralentissements ont eu lieu dans le Morbihan autour de Lorient, avec quelque 10 kilomètres de bouchons. La circulation a repris normalement dans l'après-midi sur la RN24 et la RN165, selon la préfecture.
Des opérations escargot ont également eu lieu sur la rocade de Rennes, aussi à Brest, Angers ou La Rochelle. Vers 16H00, plusieurs véhicules partis d'un péage de Loire-Atlantique menaient une action sur l'A83 en direction de la Vendée.
- Les taxis en renfort -
Au sud de Lyon, une dizaine de camions ont bloqué les expéditions de la raffinerie TotalEnergies à Feyzin (Rhône), à l'appel de la Confédération paysanne et de la Coordination rurale.
"Nous sommes là depuis 04H00 du matin pour protester contre l’explosion du coût de l’énergie et des aliments pour le bétail, qui prend une ampleur disproportionnée pour nos exploitations. Les échéances à 30 jours vont être très difficiles", a détaillé Gilles Jouve, éleveur de vaches allaitantes en Ardèche.
"Voici un an, on achetait la tonne de maïs à 200 euros. La dernière commande était à 277 euros", a expliqué Manuel Arandel, de la Confédération paysanne.
Il n’y a "pas de tensions sur les approvisionnements à ce jour et on n’anticipe pas de tensions", a indiqué à l'AFP une porte-parole de l’Ufip Énergies et Mobilités, qui regroupe les professionnels du secteur pétrolier en France.
Des chauffeurs de taxi ont aussi rejoint le mouvement avec des opérations escargot à Orléans et Besançon.
Près de Marseille, des centaines de taxis bloquaient les entrepôts logistiques de la zone commerciale de Miramas. Selon Yazid Ziani, membre de la Fédération nationale du taxi, la hausse du prix du carburant représente une perte de 400 à 600 euros par mois pour les taxis, "qui gagnent en moyenne 2.000 euros par mois".
En Corse, les deux dépôts pétroliers de l'île, à Ajaccio et Lucciana (Haute-Corse), ont été bloqués par des agriculteurs qui ont disposé à 5H30 du matin leurs tracteurs et remorques devant les entrées des dépôts, selon la préfecture. Ils demandent un plan de résilience spécifique à la Corse.
Dans les Hauts-de-France, des barrages filtrants ont eu lieu à Dourges (Pas-de-Calais) et au centre de transport et de logistique de Lesquin.