RIYAD: L’exclusion des principales banques russes du système Swift, à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ainsi que les informations sur l’émergence de solutions de rechange développées par Moscou et Pékin, ont de nouveau déclenché un débat sur l’avenir du billet vert.
La Chine travaille depuis des années à l’internationalisation de sa monnaie, le yuan. Cependant, la crise actuelle a donné un nouvel élan à ces efforts ou du moins poussé le monde à remettre en question sa relation avec le dollar américain.
Un rapport récent publié par le Wall Street Journal suggère que l’Arabie saoudite est actuellement en pourparlers avec la Chine pour fixer les prix et recevoir des paiements pour certaines de ses ventes de pétrole en renminbi plutôt qu’en dollars américains. Les pourparlers sont «irréguliers depuis six ans», mais se sont intensifiés ces derniers mois.
«Pour de nombreux pays (dont l’Arabie saoudite et la Chine), les sanctions sévères imposées par les États-Unis à la Russie ont soulevé des questions quant à la sagesse de faire des transactions en monnaie américaine et de détenir des actifs libellés en dollars dans le cadre de leurs réserves officielles», écrit Jason Tuvey, économiste principal des marchés émergents chez Capital Economics, dans une note.
L’Arabie saoudite est l’un des rares pays à afficher un excédent commercial avec la Chine. Au cours de la dernière décennie, il a atteint en moyenne 24 milliards de dollars (1 dollar = 0,90 euro).
Selon M. Tuvey, si tous les échanges avec la Chine étaient effectués en renminbi, l’Arabie saoudite accumulerait rapidement d’importants avoirs en renminbi. D’ici à cinq ans, le renminbi pourrait facilement représenter 20 à 25% des réserves de change officielles du Royaume.
C’est un scénario que l’économiste considère comme improbable puisqu’il pense que le Royaume «pourrait être réticent à l’idée de détenir de grandes quantités de réserves de change en renminbi, notamment en raison de préoccupations concernant la convertibilité et les implications au niveau de sa capacité à défendre sa parité avec le dollar».
Cependant, le Royaume pourrait décider d’accepter le renminbi pour une partie seulement des ventes de pétrole à la Chine, et/ou pourrait réutiliser les recettes en renminbi et augmenter les exportations de biens et de services depuis la Chine, affirme l’expert.
Accepter le renminbi pour les ventes de pétrole pourrait inciter l’Arabie saoudite à s’éloigner de sa parité avec le dollar et à indexer sa monnaie à un panier de devises, comme le Koweït.
M. Tuvey demeure cependant sceptique. Selon lui, «même si l’Arabie saoudite vendait ses produits en renminbi à la Chine, elle accepterait toujours des dollars pour les trois quarts de son commerce pétrolier environ. De plus, la parité avec le dollar a été le point d’ancrage fondamental de la stabilité macroéconomique en Arabie saoudite pendant des décennies et il est peu probable que les décideurs soient pressés de changer cela».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com