PARIS: Il y a 32 ans, les scientifiques du Giec l'avaient déjà dit, dans l'indifférence générale: face aux "conséquences très importantes" annoncées du réchauffement de la planète, il faut se pencher "dès maintenant" sur la façon de le combattre.
En 1990, le groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) publie sa première évaluation, déjà en trois volets: physique du climat, impacts et solutions.
Les scientifiques ont alors moins de certitudes, le lien entre les activités humaines et le réchauffement n'est pas encore "indiscutable" comme il l'est aujourd'hui, mais le Giec a déjà la "conviction" qu'il faut réduire "immédiatement" et drastiquement les gaz générés par l'Homme qui influent sur l'effet de serre.
Malgré les conditionnels et les probabilités, leur message est plutôt clair: "Comme les changements climatiques annoncés pourraient avoir des conséquences très importantes, pour l'environnement de la planète et pour les activités humaines, il est souhaitable d'examiner dès maintenant ce que nous pourrions faire pour y parer".
Pour ces experts, même avec leur degré d'incertitude, les impacts possibles sont "suffisamment graves pour que l'on commence dès maintenant à appliquer des stratégies de parade".
Des stratégies qui ne peuvent pas se contenter de cibler "un seul groupe de sources d'émissions" ou "un seul gaz", insiste le rapport qui décline ensuite les grands secteurs sur lesquels se pencher: énergie, industrie, agriculture...
"Depuis 40 ans, nos connaissances s'affinent mais l'alarme était là depuis le premier rapport du Giec", commente Céline Guivarch, une des auteurs du rapport attendu pour le 4 avril.
Le Giec est désormais dans son sixième cycle d'évaluation. A chaque nouveau cycle, la description et les prévisions se précisent, allant toujours dans le même sens.
Mais malgré les mises en garde, les émissions augmentent presque chaque année, ralenties seulement par des crises économiques majeures, comme celle provoquée par la pandémie de Covid-19.
Résultat, le rythme d'augmentation de la concentration de CO2 dans l'atmosphère depuis l'ère pré-industrielle (entre 1900 et 2019) est au moins dix fois plus élevé que lors de n'importe quelle autre période des 800.000 dernières années, soulignait le Giec au mois d'août.
En 2019, la concentration de CO2 dans l'atmosphère n'avait jamais été aussi élevée depuis plus de 2 millions d'années.
Selon les données de l'observatoire de Mauna Loa à Hawaï, cette concentration a atteint 416 parties par million en 2021, contre 354 ppm en 1990 au moment de la publication du premier rapport du Giec.