Le réfugié syrien qui veut «redonner espoir» aux Ukrainiens

Le Syrien Omar Alshakal est photographié à la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie, près de la ville de Siret, en Roumanie, le 16 mars 2022. (AFP).
Le Syrien Omar Alshakal est photographié à la frontière entre l'Ukraine et la Roumanie, près de la ville de Siret, en Roumanie, le 16 mars 2022. (AFP).
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Publié le Vendredi 18 mars 2022

Le réfugié syrien qui veut «redonner espoir» aux Ukrainiens

  • Emu par les nouvelles de l'agression russe en Ukraine, Omar Alshakal s'organise, cherche des moyens de soutenir ceux dont il connaît bien la détresse
  • Voyager avec son passeport syrien n'est pas aisé: «A la frontière roumaine déjà, on nous a demandé pourquoi on était là, ce qu'on voulait faire»

SIRET: Il a fui sa Syrie natale en guerre et vécu dans des camps avant de fonder sa propre association sur l'île grecque de Lesbos. Alors quand il a vu l'exode des Ukrainiens, Omar Alshakal a accouru pour les aider.

"Je comprends la frayeur de ces personnes car je viens moi-même d'une zone de guerre", confie le jeune homme barbu de 28 ans, à la carrure imposante. 

"J'essaie d'aider autant de gens que je peux et leur redonner espoir pour l'avenir", dit-il à l'AFP, grelottant sous des températures glaciales au poste-frontière de Siret, au nord de la Roumanie. 

Le Syrien Omar Alshakal parle à des volontaires de la Croix-Rouge à la frontière ukraino-roumaine près de la ville de Siret, en Roumanie, le 16 mars 2022.
Le Syrien Omar Alshakal parle à des volontaires de la Croix-Rouge à la frontière ukraino-roumaine près de la ville de Siret, en Roumanie, le 16 mars 2022. (AFP).

Il raconte être passé par les geôles syriennes dans son adolescence pour avoir participé à des manifestations contre le régime de Bachar al-Assad.

En 2013, alors qu'il transporte des blessés à l'hôpital, une bombe explose sur sa route.

Il survit, rejoint la Turquie pour se faire soigner et décide avec deux copains de traverser à la nage la mer Egée - un périple de 14 heures qui le mène en Grèce, porte d'entrée de l'Union européenne où il rêvait de s'installer.

Après un bref passage par l'Allemagne, c'est dans ce pays, à Lesbos, qu'il fondera en 2017 l'association Refugee4Refugees. "J'ai appris l'anglais là-bas, pour pouvoir communiquer avec les autres volontaires", explique-t-il.

Séparation

Emu par les nouvelles de l'agression russe en Ukraine, Omar Alshakal s'organise, cherche des moyens de soutenir ceux dont il connaît bien la détresse.

Il prend un avion pour la Roumanie et se rend au poste-frontière de Siret, qui a vu passer plus de 130.000 réfugiés depuis le 24 février, des femmes accompagnées d'enfants pour l'écrasante majorité.

Le premier jour, se souvient-il, "j'ai vu une fillette d'environ cinq ans, qui pleurait et appelait son papa", contraint de rester en Ukraine où une mobilisation générale a été décrétée.

"En la regardant, je me disais: pourquoi séparer les hommes et les femmes? Pourquoi les hommes ne peuvent-ils pas se réfugier dans un lieu sûr?".

Son ONG a loué une auberge à deux km de la frontière, où pourront être hébergés entre 50 et 100 réfugiés.

Le Syrien Omar Alshakal range des paquets de dons dans un entrepôt près de la ville de Siret, en Roumanie, le 16 mars 2022.
Le Syrien Omar Alshakal range des paquets de dons dans un entrepôt près de la ville de Siret, en Roumanie, le 16 mars 2022. (AFP).

Parka noire frappée de l'enseigne de l'association et bonnet gris vissé sur la tête, il s'active, décharge, aux côtés de plusieurs volontaires, un poids lourd rempli d'aide humanitaire.  

Denrées alimentaires et produits d'hygiène sont déjà empilés dans une annexe de l'établissement, aux côtés de vêtements chauds et couvertures.

Se dresse non loin le squelette en bois d'un nouveau bâtiment destiné à augmenter la capacité d'accueil de l'organisation, alors que le flot d'Ukrainiens ne tarit pas.

«Une grande famille»

Sa petite équipe cospomolite, formée d'une dizaine de personnes, est appelée à se renforcer, car les besoins sur place sont énormes.

"Je veux faire en sorte qu'ils se sentent comme dans une grande famille, prête à s'entraider en ces jours sombres", confie-t-il.

Et d'ajouter: "Nous sommes ensemble, dans la joie et la tristesse".

Omar Alshakal souhaiterait se rendre également de l'autre côté de la frontière, où il pourrait être "encore plus utile".

Mais voyager avec son passeport syrien n'est pas aisé: "A la frontière roumaine déjà, on nous a demandé pourquoi on était là, ce qu'on voulait faire", témoigne-t-il.

Entend-il retourner un jour dans son pays natal? "Ma vie n'est pas ici, mais en Syrie, avec ma famille, que je n'ai pas vue depuis près de 12 ans", déplore-t-il. Ses parents, une petite sœur et un frère l'y attendent.

"Mais pour l'instant je vis au jour le jour, je n'ai pas de projets personnels. J'espère juste qu'un jour plus personne n'aura besoin d'aide, c'est mon rêve."


Armes à Israël: les républicains tentent de forcer la main à Biden

Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
Des Palestiniens déplacés marchent autour d'une flaque d'eau devant des bâtiments et des tentes détruits à Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 16 mai 2024, au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe militant Hamas. (Photo par AFP)
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  • Pour les républicains, Joe Biden n'a pas le droit d'interférer dans la manière dont Israël mène sa campagne militaire, qui a provoqué un désastre humanitaire à Gaza
  • Mais 16 démocrates se sont joints aux républicains pour adopter la proposition de loi, défiant le chef de l'Etat

WASHINGTON: La Chambre américaine des représentants, dominée par les républicains, a voté jeudi une mesure largement symbolique visant à forcer le président démocrate Joe Biden à mettre fin à sa suspension d'une livraison de bombes à Israël.

Cette suspension de la livraison d'une cargaison d'armes, composée de bombes de 2 000 livres (907 kg) et de 500 livres (226 kg), a été décidée au moment où Washington, premier soutien militaire d'Israël, s'oppose à une offensive d'ampleur des troupes israéliennes à Rafah.

La mesure votée jeudi n'a aucune chance de devenir loi. En théorie, elle empêcherait M. Biden de geler toute aide militaire à Israël approuvée par le Congrès.

"Le président et son administration doivent immédiatement faire marche arrière et se tenir aux côtés d'Israël", a déclaré Mike Johnson, chef républicain de la Chambre des représentants, dans un communiqué.


Biden s'efforce de remobiliser l'électorat afro-américain

Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
Le président américain Joe Biden s'exprime lors du service commémoratif des agents de la paix nationaux devant le Capitole américain à Washington, DC, le 15 mai 2024. (Photo, AFP)
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  • Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington
  • La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020

WASHINGTON: A coup d'événements symboliques et d'interviews, Joe Biden, qui selon certains sondages serait en perte de vitesse auprès des Afro-Américains, s'efforce cette semaine de remobiliser cet électorat décisif.

Le président américain multiplie ainsi les hommages aux grandes luttes menées pour les droits civiques aux Etats-Unis.

Jeudi, le démocrate de 81 ans, qui va affronter son prédécesseur républicain Donald Trump pour un second mandat en novembre, a reçu les familles des plaignants d'un combat judiciaire emblématique contre la ségrégation scolaire, ayant débouché sur la décision "Brown vs Board of Education" de la Cour suprême.

Dans cet arrêt de 1954, la Cour a jugé que la séparation des élèves blancs et des élèves noirs dans les écoles violait la Constitution.

Vendredi, Joe Biden ira prononcer un discours au Musée national de l'histoire et de la culture afro-américaine à Washington.

Puis il rencontrera les représentants des "Divine Nine", des "fraternités" et "sororités" (associations typiques des universités américaines) fondées par des étudiants et des étudiantes noires.

Dimanche enfin, il doit s'exprimer lors de la remise des diplômes de l'université historiquement noire de Morehouse à Atlanta (sud-est), celle où étudia Martin Luther King, le grand meneur de la lutte pour les droits civiques dans les années 1960.

La Maison Blanche a d'ailleurs annoncé jeudi avoir investi au total 16 milliards de dollars dans la centaine d'universités historiquement noires du pays depuis l'élection de Joe Biden.

"Le président et moi-même restons déterminés à utiliser tous les moyens disponibles pour soutenir les universités historiquement noires", a commenté dans un communiqué la vice-présidente Kamala Harris, elle-même ancienne étudiante de l'un de ces établissements, la Howard University.

Gaza 

Reste à voir comment le démocrate, ferme soutien d'Israël, sera reçu à Morehouse, alors que certaines cérémonies de ce genre ont été perturbées récemment par des manifestants propalestiniens.

Concernant la guerre à Gaza, "il y a une inquiétude légitime", a dit le président américain, interrogé par une radio de la communauté afro-américaine à Atlanta (Géorgie, sud-est) à propos de ces mobilisations, en ajoutant: "Les gens ont le droit de manifester, de le faire pacifiquement."

Selon plusieurs sondages récents, Joe Biden, tout en restant nettement majoritaire auprès de cet électorat, perdrait du terrain auprès des électeurs noirs, en particulier les plus jeunes, dans certains Etats décisifs.

Parmi eux la Géorgie, ou encore le Wisconsin.

Ce n'est donc pas un hasard si Joe Biden a aussi accordé un entretien, également diffusé jeudi, à une radio afro-américaine de Milwaukee, dans cet Etat de la région des Grands Lacs.

Il y vante ses actions sociales et économiques en faveur des Afro-Américains et critique son opposant républicain.

"Il n'a littéralement rien fait (pour la communauté afro-américaine" et il veut empêcher son accès au vote", a dit Joe Biden.

Sur les ondes de la radio de Géorgie, il a déclaré: "Rappelez-vous qui est Trump. Il a accusé à tort les +Cinq de Central Park+", de jeunes Afro-Américains victimes d'une erreur judiciaire retentissante, "il a donné naissance aux théories du complot" autour de la nationalité de l'ancien président Barack Obama.

La mobilisation des Afro-Américains avait été décisive dans la victoire de Joe Biden face à Donald Trump en 2020. Il avait alors remporté 92% de leurs voix, contre 8% à son adversaire républicain, selon l'institut Pew Research.


Le micro d’une étudiante coupé alors qu’elle demande à Columbia de se mobiliser pour Gaza

Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
Saham David Ahmed Ali s’exprime lors de la cérémonie de remise des diplômes de la Mailman School of Public Health de l’université Columbia. Son micro s’est coupé à deux reprises pendant son discours. (Capture d’écran)
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  • Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause
  • On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé

LONDRES: Un microphone a brièvement été coupé cette semaine lors d’un discours prononcé au cours de la cérémonie de remise des diplômes de l’université Columbia aux États-Unis. L’oratrice avait critiqué la position de l’université à l’égard de Gaza.

Mardi, l’étudiante Saham David Ahmed Ali a prononcé un discours devant les diplômés de la Mailman School of Public Health. Elle a appelé à une action contre Israël, critiquant le «silence sur le campus de l’université Columbia».

Le microphone s’est coupé à deux reprises pendant son discours, ce qui a incité les étudiants à huer et à scander «laissez-la parler» pendant que Mme Ali marquait une courte pause. Elle a ensuite pu continuer. On ne sait pas si le problème est dû à un défaut technique ou si le microphone a été délibérément coupé.

Saham David Ahmed Ali a déclaré que l’université devait révéler ses relations avec des entreprises «tirant profit du génocide palestinien» et qu’elle devait immédiatement s’en désengager.

Elle a également demandé à Columbia d’appeler à un cessez-le-feu immédiat à Gaza, où les civils palestiniens sont actuellement confrontés à la famine, selon l’ONU, alors qu’Israël poursuit sa campagne militaire qui a fait plus de trente-cinq mille morts, des milliers d’autres blessés et des centaines de milliers de déplacés à la suite de l’attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre.

L’université Columbia a été témoin d’importantes manifestations sur son campus depuis le 17 avril après que la présidente de l’université, Minouche Chafik, a témoigné devant le Congrès américain au sujet d’incidents présumés d’antisémitisme contre des étudiants juifs sur son campus.

Les manifestants ont ensuite occupé certaines parties du campus, notamment le Hamilton Hall de l’université. La police de New York a arrêté des centaines de personnes à la suite de ces manifestations, qui ont également déclenché des mouvements similaires dans d’autres grandes universités américaines, ainsi que des contre-manifestations d’étudiants brandissant des drapeaux israéliens et américains.

Columbia a également pris la mesure inhabituelle d’annuler sa cérémonie d’ouverture cette année à la suite des manifestations, organisant uniquement des cérémonies de remise des diplômes propres à l’université.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com