PARIS : La France a "salué" jeudi la décision de la Cour internationale de justice (CIJ) d'ordonner l'arrêt immédiat de l'offensive russe en Ukraine et s'est dite prête à "intervenir" dans l'examen sur le fond des "graves violations" du droit international imputées à Moscou.
"Cette décision ordonne notamment à la Russie de suspendre les opérations militaires commencées le 24 février 2022 et dont les prétextes déclarés sont de prévenir et de réprimer un prétendu génocide dans les régions (séparatistes prorusses, ndlr) de Lougansk et de Donetsk en Ukraine", a relevé la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.
La CIJ, plus haut tribunal de l'ONU, a ordonné mercredi à la Russie de suspendre immédiatement ses opérations militaires en Ukraine, se disant "profondément préoccupée" par l'ampleur des combats.
La juridiction, qui siège à La Haye, s'exprimait dans le cadre d'une procédure d'urgence et a ainsi donné raison à Kiev, en attendant un verdict sur le fond du conflit entre les deux pays, ce qui pourrait prendre des années.
"Cette ordonnance (...) constitue la première étape d'une procédure judiciaire plus longue, et dans laquelle la Cour examinera au fond les graves violations du droit international commises par la Russie", a relevé la porte-parole, Anne-Claire Legendre.
"Comme l'y autorise le Statut de la Cour internationale de Justice, la France se tient prête à intervenir dans cette procédure, au soutien de l'Ukraine, car cette affaire concerne également nos intérêts fondamentaux pour le plein respect du droit international", a-t-elle ajouté.
Le Kremlin a rejeté jeudi cette décision. Même si les jugements de la CIJ sont contraignants et sans appel, la cour, qui fonde ses conclusions principalement sur les traités et les conventions, n'a aucun moyen de les faire respecter.
Selon des juristes internationaux consultés par l'AFP, cette annonce française constitue un développement significatif dans l'examen de l'affaire devant la CIJ.
"L'intervention de la France constitue l'un des actes les plus forts qu'un Etat peut entreprendre pour soutenir l'Ukraine face aux violations du droit international par la Russie", relève Melanie O'Brien, professeur de droit international à l'Université d'Australie occidentale.
De telles interventions sont "rares" à la CIJ et dans le cas présent, celle de la France pourrait être "suivie d'autres", note Cecily Rose, professeur à l'Université de Leyde (Pays-Bas).