Présidentielle: des partis politiques à la peine

La candidate à la présidence du Parti socialiste (PS) Anne Hidalgo prononce un discours à Montrouge, au sud de Paris, le 15 mars 2022. (Photo, AFP)
La candidate à la présidence du Parti socialiste (PS) Anne Hidalgo prononce un discours à Montrouge, au sud de Paris, le 15 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 17 mars 2022

Présidentielle: des partis politiques à la peine

  • «Emmanuel Macron a mis en 2017 le dernier clou sur un système partisan fort», souligne le politologue Gérard Grunberg
  • Pour les spécialistes, la perte d'influence des partis est plus large et touche tout le spectre politique

PARIS : Mal aimés des Français, en grande partie éclipsés par les candidats, les partis politiques sont à la peine dans cette campagne présidentielle hors norme, nouvelle illustration pour les politologues de la crise profonde qui les frappe mais aussi des continuelles tentatives pour les renouveler. 

"Les partis se crispent parce que leur aire d'influence a beaucoup rétréci et qu'il ne reste plus aujourd'hui que leur capacité de nuisance, et que cette capacité de nuisance est actuellement leur principale occupation". En annonçant le 2 mars renoncer à sa candidature hors-partis, Christiane Taubira n'avait pas mâché ses mots contre les partis de gauche, accusés de lui avoir mis des bâtons dans les roues.

Mais pour les spécialistes, la perte d'influence des partis est plus large et touche tout le spectre politique.

"Renouant avec la volonté de De Gaulle de réduire le rôle des partis dans la Ve République, Emmanuel Macron a mis en 2017 le dernier clou sur un système partisan fort", souligne le politologue Gérard Grunberg.

Partis personnels

"Les anciens grands partis qui dominaient avec la bipolarisation gauche/droite ont sombré, le PS et LR, trop divisés et sans vrai leader, ont raté le tournant des primaires ouvertes qui étaient leur dernière planche de salut", estime-t-il.

À l'exception du RN, "un des rares partis encore debout", ils sont relégués, selon lui, par des "partis personnels, où la relation entre le candidat et le parti, qui autrefois était maître de l'organisation, s'est inversée".

"À eux trois, Emmanuel Macron, Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour, qui illustrent bien cette nouvelle tendance" avec respectivement En Marche, La France insoumise, en voie de dépassement par l'Union populaire, et Reconquête!, "totalisent 60% des intentions de vote", argumente le directeur de recherche émérite au CNRS. Selon les derniers sondages, le total est plus proche de 52 ou 53%.

Même Fabien Roussel, pourtant candidat pour redonner de la visibilité à un des plus vieux partis, fait une campagne "entièrement centrée sur sa personne, le sigle du PCF figurant en tout petit sur ses affiches", relève aussi le politologue Marc Lazar sur le site Télos.

Preuve que dans cette campagne présidentielle, plus encore que d'habitude, les candidats et leurs équipes ont pris la main, comme l'illustrent des grincements de dents chez LREM où on se plaint d'être prévenu tardivement de l'agenda d'Emmanuel Macron.

Marronnier

"La crise des partis politiques est un marronnier journalistique qui n'est pas propre à la France", met cependant en garde le politiste Michel Offerlé qui invite à ne pas les enterrer trop vite car, note-t-il avec ironie, "les partis meurent longtemps".

L'ancien professeur de l'ENS relève certes "l'effondrement du nombre des adhérents" (désormais moins de 1% des Français) ou "l'incapacité des partis à produire une offre programmatique de long terme, désormais sous-traitée à des experts autour du candidat ou à des think tanks".

Mais "ça ne veut pas dire que les partis sont extérieurs à cette campagne", insiste-t-il, pointant notamment la question du financement, pour laquelle "ils sont encore utiles", même s'il y a des "formes de financements nouveaux".

Tout en soulignant une tendance à la perte "d'ancrage des partis dans la société", le politiste relève des écarts notables, pointant par exemple l'investissement de la Manif pour tous en faveur d'Eric Zemmour ou le rôle très médiatisé de Génération Z, des "modes différents de militantisme qui permettent aussi d'exister dans une campagne électorale".

Malgré des "limites évidentes", il met plus largement en exergue les tentatives inabouties depuis 2017 de "rénover les partis politiques" à travers les expériences de "partis-mouvements, des partis-plateformes, des partis digitaux", comme LFI, ou d'une autre manière LREM, sur laquelle il se montre toutefois très critique.

"Il doit y avoir la place pour réinventer une structure de conquête (et de gestion?) du pouvoir politique qui ne soit pas seulement une étiquette ou une machine électorale personnalisée", veut-il espérer.


Un influenceur franco-iranien jugé en juillet pour apologie du terrorisme

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels. (AFP)
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  • La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels
  • Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient

BOBIGNY: Un influenceur franco-iranien sera jugé début juillet devant le tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis) pour apologie du terrorisme, ont indiqué jeudi à l'AFP le parquet et ses avocats.

Shahin Hazamy, 29 ans, s'est vu "délivrer une convocation à une audience du 3 juillet pour apologie du terrorisme par un moyen de communication en ligne en public", a déclaré le parquet, confirmant son arrestation mardi révélée par le magazine Le Point.

La justice vise des propos tenus par l'influenceur sur l'attaque sanglante du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes du côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des chiffres officiels.

Se présentant comme journaliste indépendant sur TikTok, où il est suivi par 330.000 abonnés, le mis en cause, qui s'est fait connaître avec une association d'aide aux plus démunis, y partage de nombreux contenus sur l'actualité du Moyen-Orient.

"En s'en prenant à un journaliste la justice envoie un très mauvais signal à la liberté de la presse. Notre client Shahin Hazamy a subi un traitement inadmissible, avec une perquisition devant ses enfants en bas âge alors que les faits reprochés ont bientôt deux ans", ont déclaré à l'AFP ses avocats Nabil Boudi et Antoine Pastor.

Ces poursuites font suite à l'arrestation fin février d'une autre Iranienne en France, Mahdieh Esfandiari, actuellement écrouée pour apologie du terrorisme dans le cadre d'une information judiciaire confiée au Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PNLH).

Annonçant cette nouvelle arrestation en France d'un de ses ressortissants, la télévision d'Etat iranienne a fustigé mercredi une "violation flagrante de la liberté d'expression dans un pays qui prétend être une démocratie".


Macron appelle à intégrer Mayotte dans la Commission de l'océan Indien

Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores. (AFP)
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  • "Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo
  • Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale

ANTANANARIVO: Le président français Emmanuel Macron a demandé jeudi "l'intégration" du département français de Mayotte à la Commission de l'océan Indien (COI), en plaidant pour une "approche pragmatique" face à l'hostilité des Comores.

"Nous ne pouvons pas laisser un territoire et ceux qui y vivent à l'écart d'un certain nombre de nos programmes", a dit M. Macron, en citant expressément Mayotte, au cinquième sommet de la COI dans la capitale malgache Antananarivo.

La COI réunit les États insulaires (Madagascar, Comores, Maurice, Seychelles et La Réunion pour la France) dans le sud-ouest de l'océan Indien.

Mais à la différence de La Réunion, autre département français dans cette partie du monde, Mayotte reste à la porte de l'organisation intergouvernementale.

"L'implication de nos populations, l'intégration de toutes nos îles dans les efforts de la COI pour la prospérité et la sécurité, dans la pluralité de ses dimensions maritime, alimentaire et pour la santé sont dans l'intérêt de nos peuples et de la région", a insisté M. Macron.

Il a suggéré toutefois d'"avancer de manière pragmatique vers cet objectif", sans réclamer l'intégration pleine et entière immédiate de l'archipel.

"La France est le premier bailleur de la COI", a-t-il aussi souligné, en précisant que l'Agence française du développement (AFD) gérait un "portefeuille de 125 millions d'euros de projets" de l'organisation.

"La COI est un modèle de coopération (...) Aucune de nos îles ne peut relever seule le défi", a-t-il ajouté, évoquant un "océan Indien profondément bousculé" par les défis planétaires actuels.

"Ensemble, en conjuguant nos atouts (..) nous pouvons tracer une voie nouvelle singulière", a-t-il assuré.

L'Union des Comores s'oppose à l'intégration de Mayotte dans la COI car elle conteste la souveraineté de la France sur Mayotte, restée française lorsque l'archipel des Comores est devenu indépendant en 1975.

Mayotte, tout comme les îles Éparses, autre territoire français hérité de la colonisation et revendiqué par Madagascar, sont au cœur du canal du Mozambique, voie majeure de transport maritime qui renferme d'importantes réserves en hydrocarbures.


Narcobanditisme à Marseille: le ministre de l'Intérieur annonce 21 arrestations dans «le haut du spectre»

Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) s'entretient avec la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence Martine Vassal et le président du Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur Renaud Muselier lors d'une visite d'inspection des mesures de sécurité publique à Marseille. (AFP)
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  • Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme"
  • Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail

MARSEILLE: Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a annoncé jeudi un coup de filet avec 21 interpellations de trafiquants appartenant au "haut du spectre" du narcobanditisme marseillais, lors d'un déplacement à Marseille.

Une opération "a eu lieu très tôt ce matin avec 21 interpellations liées au narcobanditisme, dans le haut de spectre, qui doit nous permettre de démanteler un réseau important sur Marseille", qui tenait la cité de la Castellane, dans les quartiers populaires du nord de la ville, a déclaré Bruno Retailleau lors d'une conférence de presse.

Les personnes arrêtées sont de "hauts responsables qui tiennent un réseau à la Castellane", "pas du menu fretin", a-t-il insisté: ce "ne sont pas des petites mains, des charbonneurs, mais des responsables de haut niveau du narcobantitisme", a insisté M. Retailleau.

Selon une source policière, cette enquête portait notamment sur du blanchiment.

Toutes ces interpellations jeudi matin n'ont cependant pas eu lieu à Marseille, pour ce réseau qui présente des "ramifications nationales mais avec des racines marseillaises", a ajouté le ministre sans plus de détail.

Au total, 170 enquêteurs ont été mobilisés pour ce coup de filet qui est, selon le ministre, "un coup dur", "sinon mortel", porté à ce réseau.

La cité de la Castellane, vaste ensemble d'immeubles blancs en bordure d'autoroute, est connue pour être un haut lieu marseillais de ces trafics de stupéfiants qui empoisonnent le quotidien des habitants. En mars 2024, Emmanuel Macron s'y était rendu pour lancer des opérations "place nette XXL" contre les trafiquants et depuis la présence policière y était quasi constante, mais si le trafic était moins visible il se poursuivait notamment via les livraisons.

Ce coup de filet n'a a priori "pas de lien" avec les récents faits visant des prisons en France, a également précisé le ministre.

Le ministre était à Marseille pour dresser un premier bilan des plans départementaux de restauration de la sécurité du quotidien, lancés en février, avec par exemple mercredi 1.000 fonctionnaires mobilisés dans les Bouches-du-Rhône qui ont procédé à 10.000 contrôles d'identité.

Au total, 106 personnes ont été interpellées, dont une trentaine d'étrangers en situation irrégulière, dans le cadre d'une opération "massive" et "visible".