RIYAD: L'inflation devient une préoccupation majeure pour toutes les économies. Les États-Unis en ont pris la mesure en augmentant les taux d'intérêt mercredi, tandis que l’inflation en Russie augmente.
La Réserve fédérale des États-Unis augmente les taux d'intérêt, signalant une lutte agressive contre l'inflation
La Réserve fédérale (Fed) a relevé mercredi ses taux d'intérêt d'un quart de point de pourcentage et elle a présenté un plan agressif visant à ramener les coûts d'emprunt à des niveaux restrictifs d'ici à l'année prochaine, les inquiétudes liées à une inflation élevée et à la guerre en Ukraine l'emportant sur les risques de pandémie de coronavirus.
La banque centrale américaine, dans un geste surprenant, a prévu l'équivalent de hausses de taux d'un quart de point de pourcentage à chacune de ses six réunions restantes cette année, ce qui porterait son taux d'intérêt de référence au jour le jour dans une fourchette de 1,75 % à 2 % d'ici à la fin de l’année 2022. Ce taux devrait encore augmenter pour atteindre 2,80 % à la fin de l'année prochaine, soit un niveau supérieur à celui de 2,40 % qui, selon les autorités, ralentirait l'économie.
Le président de la Fed, Jerome Powell, s'exprimant après la fin de la dernière réunion de politique générale de deux jours, a déclaré que l'économie est forte et que les responsables augmenteront si nécessaire les taux de manière plus agressive lors des prochaines réunions pour contrôler l'inflation.
«Nous abordons la question à chaque réunion comme une réunion en direct», déclare M. Powell lors d'une conférence de presse. «Nous allons examiner l'évolution des conditions, et si nous concluons qu'il serait approprié d'agir plus rapidement pour supprimer la mesure d’adaptation, alors nous le ferons.»
Un ralentissement économique pourrait toutefois être déjà en cours. Les décideurs de la Fed ont revu à la baisse leur estimation de la croissance du produit intérieur brut (PIB) pour 2022, à 2,8 %, contre 4 % prévus en décembre, car ils ont commencé à prendre en compte les nouveaux risques auxquels l'économie mondiale est confrontée.
La chute des actions asiatiques
Les cours des actions asiatiques ont bondi pour une deuxième journée après que la Fed a annoncé sa première hausse des taux d'intérêt depuis 2008 et que la Chine a promis de soutenir ses secteurs de l'immobilier et de l'Internet.
L'indice de référence de Hong Kong a bondi de plus de 6 % et Tokyo a gagné plus de 3 %. Shanghai, Séoul et Sydney ont progressé.
L'indice de référence S&P 500 de Wall Street a augmenté de 2,2 % après que la Fed a relevé son taux de prêt à court terme de 0,25 point de pourcentage.
Ce changement largement anticipé était inférieur à la hausse de 0,5 point de pourcentage préconisée par certains responsables.
L’inflation en Russie
L'impact du conflit russo-ukrainien se fait sentir dans le monde entier, avec la crainte d'une flambée des prix du pétrole et d'une perturbation de la chaîne d'approvisionnement.
L'inflation annuelle en Russie s'est accélérée pour atteindre 12,5 % au 11 mars, son plus haut niveau depuis fin 2015 et en hausse par rapport aux 10,42 % enregistrés une semaine plus tôt, a indiqué mercredi le ministère de l'Économie.
L'inflation s'est fortement accélérée alors que la monnaie est tombée à son plus bas niveau historique, sur fond de signes d'augmentation de la demande pour un large éventail de biens, des denrées alimentaires de base aux voitures, dans l'attente d'une nouvelle hausse de leurs prix.
L'inflation hebdomadaire a légèrement ralenti pour atteindre 2,09 % au cours de la semaine du 11 mars, contre 2,22 % la semaine précédente, soit la plus forte hausse des prix en une semaine depuis la crise de 1998, selon les données du service statistique Rosstat.
La banque centrale, qui vise une inflation annuelle de 4 %, a relevé son taux directeur à 20 % à la fin du mois de février.
«Les conditions monétaires strictes facilitent le ralentissement de l'inflation, mais selon nous, elles ne l'empêcheront pas de dépasser 20 % cette année», indiquent les analystes de la banque Raiffeisen.
La confiance des Français affaiblie
La croissance économique française se maintient pour l'instant malgré le choc des prix de l'énergie dû à la crise ukrainienne, mais la confiance des entreprises et des consommateurs chute rapidement, a indiqué mercredi l'Insee, l'agence officielle des statistiques.
La deuxième économie de la zone euro devrait connaître une croissance de 0,3 % ce trimestre, en baisse par rapport au taux de 0,7 % enregistré au quatrième trimestre, mais inchangé par rapport à l'estimation précédente du mois dernier, selon l'Insee.
Bien que limité jusqu'à présent, l'impact économique de la crise ukrainienne pourrait être plus important à l'avenir, notamment en raison des prix de l'énergie.
Si les prix de l'énergie restent aux niveaux élevés observés au début du mois de mars pour le reste de l'année, l'économie française perdrait près d’un point de pourcentage de croissance, a estimé l'agence.
Les premiers résultats de l’enquête mensuelle de l’Insee sur la confiance des entreprises montrent une forte détérioration, en particulier dans les secteurs de l'industrie manufacturière, du commerce de gros et de détail.
Face aux prix élevés de l'énergie, les dirigeants s'attendent à ce que les pressions sur les prix s'aggravent fortement – à l'exception du secteur des services.
La consommation allemande
La flambée des prix de l'énergie due à la guerre de la Russie en Ukraine va freiner la consommation privée en Allemagne cette année, a déclaré mercredi le ministère de l'Économie, bien qu'il soit trop tôt pour évaluer l'impact sur la croissance.
Le ministère a indiqué dans son rapport mensuel que l'impact de l'invasion russe sur la production économique dépendait de la durée et de l'intensité du conflit qui a débuté le 24 février.
L'économie s'est contractée au cours du dernier trimestre de l'année dernière et l'indice du sentiment des investisseurs publié mardi a fortement chuté, laissant présager une récession probable.
Le ministère a déclaré que l'accélération de l'inflation restait une préoccupation majeure pour l'économie et que les consommateurs et les entreprises devraient probablement faire face à des factures d'énergie plus élevées étant donné que l'Allemagne reste dépendante du gaz et du pétrole russes.
«Depuis le début de l'invasion militaire, on observe des augmentations extrêmes du prix de l'énergie et des matières premières», indique le ministère. «Les flux commerciaux et les chaînes d'approvisionnement sont également fortement impactés.»
Les factures de gaz et d'électricité des ménages allemands qui concluent de nouveaux contrats ont atteint un niveau record ce mois-ci et elles vont se répercuter sur le reste de la population, selon des données publiées mercredi.
Le gouvernement du chancelier, Olaf Scholz, dirigé par les sociaux-démocrates avec les Verts et les libéraux-démocrates probusiness de Christian Lindner comme partenaire junior, avait déjà pris certaines mesures pour amortir l'impact économique de la guerre et la flambée des prix de l'énergie qui en a résulté.
Une surtaxe sur les factures d'électricité destinée à financer le développement des énergies renouvelables sera supprimée à partir de juillet au lieu de l'année prochaine et les entreprises ayant des activités en Russie pourront demander des subventions.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com