Le photojournaliste Ammar Abd Rabbo, des clichés et des histoires

Into the Wild (2014). (Photo, fournie).
Into the Wild (2014). (Photo, fournie).
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Publié le Lundi 12 octobre 2020

Le photojournaliste Ammar Abd Rabbo, des clichés et des histoires

  • Ammar Abd Rabbo raconte l’histoire qui se cache derrière ses clichés les plus célèbres
  • « En règle générale les gens se souviennent de photos qui évoquent une grande contradiction » explique-il

DUBAÏ: Des clichés de grandes célébrités aux zones de conflit, le photojournaliste franco-syrien Ammar Abd Rabbo a tout couvert au cours des trois dernières décennies.

Né à Damas, il avoue avoir été intéressé par le journalisme dès son plus jeune age. Après avoir fait des études en sciences politiques à Paris, il a travaillé pour plusieurs agences de presse et ses clichés ont fait la une de publications telles que le Time Magazine, Paris March, Le Monde et Asharq Al-Awsat.

Après toutes ces années, quelle est sa définition de l’image parfaite ? « En règle générale les gens se souviennent de photos qui évoquent une grande contradiction » explique Abd Rabbo à Arab News. « Prenons l’un des clichés les plus célèbres de l’histoire moderne - L’Homme de Tian’anmen, pris à Beijing en 1989. On y voit un homme seul, non identifié et sans armes, tenir tête à une colonne de tanks et les faire s’arrêter. Voilà un parfait d’exemple de contradiction qui en fait, en un sens, une image parfaite.

Portrait d’ Ammar Abd Rabbo. Fournie
Portrait d’ Ammar Abd Rabbo. Fournie

« Une photo, ce n’est pas juste appuyer sur un bouton » poursuit-il. « Ça, c’est souvent la partie la plus facile. Il faut un sens, une image que les gens peuvent interpréter, qui leur permet de ressentir, de se poser des questions. »

Le dernier projet d’Abd Rabbo, une exposition à destination d’œuvres de charité, est installée dans l’Ayyam Gallery à Dubaï. « To Beirut… » (A Beyrouth..) qui se tiendra jusqu’au 1er novembre, immortalise les conséquences de la terrible explosion au port de la ville en août. Les trois-quarts des bénéfices de l’exposition seront octroyés à l’ONG libanaise Beit El Baraka, qui s’occupe de la reconstruction d’habitations et de petits commerces endommagés par le désastre.

« En quelques secondes seulement » écrivait-il dans un communiqué, « des amis ont disparu, des familles séparées, des gens blessés, sans oublier les dégâts matériels. Nous portons tous les cicatrices de la catastrophe du 4 août. »

Abd Rabbo nous décrit les photos les plus importantes de sa carrière.

Sans titre (2020)
Sans titre (2020)

Trois jours après l’explosion du 4 août, j’ai pris ce cliché du port de Beyrouth. Quelque chose d’irréel et de cinématographique s’en dégage, ce pourrait être une scène tirée de La Planète des Singes ou de Mad Max. On y voit des gens, des voitures et non loin cet énorme bateau qui s’est échoué sur le quai. En arrière-plan, on aperçoit les nouveaux gratte-ciels de Beyrouth, symboles d’une normalité qui survit loin de la destruction.

Ce qui frappe, c’est le blé, qu’on pourrait prendre pour du sable, et la façon dont il s’écoule du silo. D’une certaine façon, ce blé et ce silo à grain ont un peu protégé Beyrouth. Ils ont absorbé le choc de l’explosion, sans quoi le nombre de victimes aurait pu être deux fois supérieur.

Michael Jackson (1997)
Michael Jackson (1997)

Celle-ci a été prise lors d’un concert à Munich. A travers la photographie j’essaye de trouver un sens plus profond aux choses. Ce cliché nous montre la fragilité de l’artiste, et sa solitude. Il est seul, isolé, à genoux sur la scène face à une énorme audience qui occupe les trois-quarts de la photo, en arrière-plan.

J’adore cette image et elle a beaucoup circulé après sa mort. Il avait un succès gigantesque tout en étant esseulé et loin des autres.

Into the Wild (2014)
Into the Wild (2014)

Sur celle-là, on voit Alep pendant la guerre. Les gens utilisaient des draps et des tapis cousus ensemble pour former des barricades et se protéger. Au moment où j’allais prendre la photo, une mobylette est apparue, ce qui était génial parce qu’elle apporte une présence humaine à l’image et permet de se rendre compte de l’immensité du mur de tissu.

Pour beaucoup de personnes, ce mur représente une voie sans issue et le motocycliste nous symbolise nous les Syriens avançant vers l’impasse. C’est assez amusant également de penser que quelque chose d’aussi simple et fragile que du tissu peut protéger des balles.

Emmanuel Macron (2017)
Emmanuel Macron (2017)

Ça, c’est la cérémonie d’intronisation de Macron comme président de la France. Il avait 39 ans, le plus jeune à avoir occupé cette fonction. Il pleuvait ce jour là et j’ai manqué un beau cliché de l’un de ces chevaux alors que je protégeais mon appareil. Ca m’a énervé et j’essayais d’en prendre un meilleur. Alors que je travaillais au montage, j’ai retrouvé celui-ci. On dirait un tableau avec ces chevaux, ces drapeaux et le président au milieu.

Un peu plus tard, un ami m’a dit que Macron avait vu cette image et l’avait appréciée. Je l’ai donc imprimé dans un format et plus large et la lui ai envoyée. J’ai été surpris de recevoir une belle lettre de sa part, me remerciant et m’invitant à prendre un café à l’Elysée. Cela m’a fait ressentir l’appréciation pour le rôle de photographe, trop souvent négligé dans notre région du monde.

Beirut Protests (2019)
Beirut Protests (2019)

Cette image a été prise le lendemain de la révolution du 17 octobre à Beyrouth l’année dernière. J’effectuais une formation avec Google et nous avons entendu des bruits venant de dehors. J’ai été sur mon balcon, et j’ai pris ce cliché. Photographier de hauteur n’était pas idéal parce qu’on ne pouvait pas voir les pancartes. Tout d’un coup, cette scène a eu lieu : une femme qui marche, suivie des forces de police. On ressent le mouvement et le dynamisme dans cette photo.

Elle a été interprétée de diverses manières : certains y voient une représentation du harcèlement sexuel, de l’agression, et de l’opposition entre la société civile et l’armée, tandis que pour d’autres, il s’agit d’une femme qui mène et de nombreux hommes qui la suivent. C’est assez intéressant.

Benazir Bhutto (2000)
Benazir Bhutto (2000)

J’ai rencontré Benazir Bhutto lors de son exil à Londres. Je voulais la prendre en photo, mais elle n’avait pas le temps et m’a dit qu’elle me préviendrait lorsqu’elle se rendrait à Paris. Quelques temps plus tard, elle est venue et était invitée à un diner organisé par un ami. On m’a dit que je pourrais m’y rendre pour la photographier.

J’ai vu cette pièce décorée de versets du Coran sur les murs : elle était sombre et le rendu était très beau. Il y a quelque chose de sacré dans cette photo, qui évoque les peintures représentant la Vierge Marie. Elle semble regarder vers le ciel et joindre ses mains pour prier. J’ai pris d’autres photos d’elle, dont l’un a fait la couverture du Time après son assassinat.

Stephen Hawking (2001)
Stephen Hawking (2001)

Stephen Hawking n’aimait pas les photographes. Lorsque je suis arrivé à Cambridge pour lui tirer le portrait pour le compte d’un magazine français, sa femme et son assistant m’ont averti que s’il ne m’appréciait pas, il ferait demi-tour avec sa chaise roulante et s’en irait. Ils m’ont expliqué que plusieurs photographes l’avaient pris de haut par le passé du fait de son infirmité. Ça m’a surpris parce que c’était un génie.

En entrant dans son bureau, j’ai fait preuve de politesse, mais c’était une conversation étrange puisque chaque réponse lui prenait une bonne minute à taper sur son écran. Il m’a avoué qu’il n’aimait pas la photographie, ce a quoi j’ai retorqué « alors nous sommes quittes, parce que je n’aime pas la physique ». Ça l’a fait rire.

J’ai trouvé ça bizarre qu’il ait une photo de Marilyn Monroe accrochée au mur de son bureau. Il m’a dit qu’il l’adorait, je lui ai dit que moi aussi. « Nous avons donc bien quelque chose en commun » a-t-il conclu.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur www.Arabnews.com


Comment célébrer la Journée de la fondation 2025 en Arabie saoudite

(fournie)
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  • La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations
  • À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique

La Journée de la fondation saoudienne vise à renforcer la fierté nationale des Saoudiens, en particulier des jeunes générations.

Les festivités prévues pour la Journée de la Fondation de cette année mettront en valeur le patrimoine saoudien à travers la musique, les arts et les spectacles.

Principaux événements de la Journée de la fondation 2025

Les Nuits de la Fondation présenteront des concerts musicaux et poétiques avec d'éminents artistes saoudiens au théâtre Mohammed Abdu, au boulevard Riyad, le 22 février.

À Riyad, les célébrations comprendront des feux d'artifice, des expositions sur le patrimoine saoudien et des concerts de musique. Djeddah accueillera des parades maritimes, des marchés du patrimoine et des salons nautiques. À Médine, des expositions d'art et des séminaires culturels sur l'histoire du Royaume seront organisés, tandis qu'à Dammam, les visiteurs pourront assister à des spectacles folkloriques et à des séances de cinéma en plein air.

Spectacles musicaux

Plusieurs soirées musicales ajouteront à l'atmosphère de fête. Le 21 février, Mohammed Abdu jouera "Suhail Night" à l'arène Mohammed Abdu.

Le 22 février, Abdul Majeed Abdullah interprétera des chansons nationales à la Mohammed Abdu Arena.

En outre, le 22 février, un spectacle orchestral mettant en vedette l'orchestre et le chœur nationaux saoudiens sera suivi par des jeux de lumière et de son qui mettront en lumière la riche histoire du Royaume.

À Djeddah, les célébrations au musée Tariq Abdulhakim, du 20 au 22 février, offriront une atmosphère familiale remplie d'activités patrimoniales, artistiques et culturelles.

À Diriyah, une "expérience interactive 850" permettra aux visiteurs d'explorer les événements clés de l'histoire du Royaume, avec des activités immersives à l'intérieur et à l'extérieur.

Le Centre du roi Abdulaziz pour la culture mondiale (Ithra), à Dhahran, marquera la Journée de la fondation par une célébration de trois jours, du 20 au 22 février, avec des ateliers interactifs, des spectacles et de l'artisanat traditionnel.

La place accueillera des concerts de oud et d'autres activités, dont un photomaton où les visiteurs pourront se faire photographier en tenue traditionnelle.

Des maîtres artisans présenteront l'art complexe du tissage du bisht, et il y aura des activités éducatives, de la musique folklorique et des danses d'épée saoudiennes Ardah.

Le centre accueille les visiteurs de 16 à 23 heures.

La Commission des musées organise les célébrations de la Journée de la fondation au Musée national saoudien du 21 au 23 février. Cet événement propose des activités interactives, des programmes culturels et des spectacles.

Johnson Controls Arabia organise une soirée de célébration de la fondation le 21 février dans la maison historique Al-Sharbatly à Al-Balad, Djeddah.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Riyad revêt sa couleur verte pour honorer la Journée de la fondation

C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume se pare de drapeaux nationaux. (SPA)
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  • Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui
  • La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux

RIYAD : C'est l'une des deux occasions - l'autre étant la fête nationale - où le Royaume est orné de drapeaux nationaux.

Les citoyens et les résidents descendront par milliers dans les rues aujourd'hui pour célébrer le quatrième jour de fondation de l'Arabie saoudite.

La municipalité de Riyad a pris des mesures pour orner les rues de plus de 8 000 drapeaux nationaux, transformant ainsi la capitale en un véritable océan de vert. Les drapeaux, qui représentent à la fois le premier État saoudien et le Royaume moderne, ont été accrochés stratégiquement sur les mâts des routes principales, les places, les ponts, les intersections et les lampadaires, a rapporté l'agence de presse saoudienne. 

L'emplacement a été soigneusement planifié pour assurer une harmonie esthétique avec le paysage de la ville et a été installé en toute sécurité par des moyens mécaniques. Les drapeaux ont été placés en toute sécurité à l'aide de moyens mécaniques. La variété des tailles permet de voir clairement les drapeaux.

Des équipes spécialisées sur le terrain ont suivi un calendrier strict pour réaliser les installations de manière efficace, en donnant la priorité à la sécurité, à la durabilité et à l'entretien régulier tout au long des célébrations.

Ces efforts reflètent l'engagement de la municipalité de Riyad à mettre en valeur l'identité nationale et à améliorer le paysage urbain, conformément aux objectifs de la Vision 2030 visant à améliorer l'attrait visuel de la capitale et à mettre en valeur le patrimoine du Royaume.
Les monuments, y compris les bâtiments ministériels, ont été décorés de lumières vertes vendredi, à la veille de la Journée de la fondation, tandis que des événements spéciaux organisés dans toute la région comprendront des feux d'artifice et des spectacles folkloriques traditionnels.

"Nous vous invitons à assister aux événements organisés par la municipalité de Riyad dans 47 municipalités au sein des gouvernorats et des centres de la région, dans plus de 47 lieux, pour profiter d'événements animés, d'activités de qualité, de divers domaines et de participations", a écrit la municipalité de Riyad sur le site X.

Abdullah Ahmed, un habitant de la capitale, a félicité l'autorité pour ses efforts visant à faire de la Journée de la fondation une occasion spéciale.

"Je suis vraiment reconnaissant à Allah tout-puissant de nous avoir accordé la sécurité, alors que nous vivons dans une solidarité et une paix totales. Nous avons la chance d'avoir un bon leadership avec le roi Salmane et le prince héritier Mohammed ben Salmane, et nous avons la chance d'avoir l'imam Mohammed ben Saud comme fondateur du premier État saoudien en 1727," a-t-il affirmé à Arab News.

Le Royaume moderne a fait ses premiers pas sur la voie de la nation en 1727, lorsque l'imam Mohammed ben Saud a succédé à son cousin, Zaid ben Markhane, en tant que souverain de la ville-État de Diriyah. C'est ce moment charnière, reconnu comme la date à laquelle le premier État saoudien a vu le jour, qui est célébré chaque année à l'occasion de la Journée de la fondation.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


AlUla : Où la beauté ancienne résonne au-delà des mots

Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
Ibrahim Al-Balawi guidant un touriste russe à AlUla. (Instagram : @chici.deaf)
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  • Le parcours d'Ibrahim al-Balawi repose sur l'auto-apprentissage et le dévouement

DJEDDAH : Bien que sourd et muet, Ibrahim al-Balawi, un guide touristique saoudien de 48 ans passionné par la riche histoire d'AlUla et ses sites à couper le souffle, est devenu un pionnier du tourisme inclusif.

Son parcours, fait d'auto-apprentissage et de dévouement, a commencé bien avant qu'AlUla ne devienne une destination touristique mondiale.

La carrière de guide touristique d'al-Balawi a commencé avant même que le tourisme ne soit officiellement établi à AlUla en 2001.

Son amour profond de l'histoire l'a poussé à fréquenter les lieux, à étudier leur signification et à traduire les documents de manière indépendante pour s'instruire et instruire les autres.

Grâce à sa connaissance approfondie des sites archéologiques, il a guidé les visiteurs à travers les sites anciens d'AlUla, partageant avec eux les histoires et les connaissances qu'il avait acquises au fil des ans.

Hind Shabaa, l'épouse d'al-Balawi, qui est également originaire d'AlUla, a été un soutien indéfectible. Mariée depuis 16 ans, elle a appris le langage des signes avec son mari.

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Ibrahim Al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Au fil du temps, Shabaa a appris à parler couramment la langue des signes et elle a noué des amitiés au sein de la communauté sourde. Elle joue aujourd'hui un rôle crucial dans le travail de son mari en traduisant verbalement la langue des signes aux touristes entendants, améliorant ainsi l'expérience touristique de tous les visiteurs.

« Il m'a aidée à apprendre la langue et j'ai noué des amitiés avec des personnes sourdes », a-t-elle affirmé à Arab News.

« Comme il dispose d'un vaste réseau d'amis - il a fait ses études secondaires à Djeddah - il avait noué de nombreuses relations à l'intérieur et à l'extérieur du Royaume », a-t-elle ajouté. 

« Lorsqu'il amenait ses amis, ils étaient accompagnés de leurs épouses, ce qui m'a permis d'apprendre la langue. J'ai acquis une telle maîtrise qu'ils étaient étonnés de voir à quel point je pouvais communiquer verbalement et en langue des signes », a-t-elle expliqué. 

Silencieuse mais amusante, la langue des signes est devenue un élément essentiel de la vie quotidienne de la famille, créant un lien plus profond et façonnant une communication unique.

« Même nos enfants ont appris la langue des signes avec leur père. Ils sont devenus très habiles dans ce domaine. J'étais tellement dévouée que j'ai suivi des cours supplémentaires pour m'améliorer. À un moment donné, je suis même devenue meilleure que certains formateurs certifiés en langue des signes », a expliqué Shabaa. 

Avant que la Commission saoudienne du tourisme ne soit transformée en ministère du tourisme en 2020, la principale mission d'al-Balawi était de présenter au monde la beauté d'AlUla à travers ses yeux et sa langue. Il a accueilli des visiteurs de la communauté sourde de tout le Royaume et d'ailleurs, notamment d'Allemagne, de France, du Canada et de Chine.

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Ibrahim al-Balawi, guide touristique saoudien. (Instagram : @chici.deaf)

Les autorités ont remarqué qu'il attire les touristes, dont la plupart sont des visiteurs étrangers qui profitent de sa maîtrise de la langue des signes générale.

Al-Balawi est peu à peu devenu un visage familier des responsables du tourisme. À mesure que le secteur se structure, il a demandé l'autorisation officielle de continuer à servir de guide, afin que les touristes étrangers puissent continuer à bénéficier de son expertise.

La carrière officielle d'al-Balawi en tant que guide touristique à AlUla a débuté en 2017. Il a suivi de nombreux cours de formation une fois qu'il a officiellement rejoint le ministère du tourisme, et du matériel de formation lui a été fourni.

Bien qu'il n'ait qu'un diplôme de fin d'études secondaires, il se distingue par sa quête incessante de connaissances. Il s'est inscrit à des cours d'histoire et de tourisme, a suivi des formations spécialisées et a mémorisé des documents pédagogiques.

Conscient de la diversité mondiale des langues des signes, M. al-Balawi a appris lui-même de multiples variantes de la langue des signes arabe, ce qui lui a permis de communiquer avec des touristes de pays occidentaux. Sa motivation personnelle lui a permis de combler les fossés culturels et linguistiques, en veillant à ce que tous les visiteurs, en particulier ceux de la communauté sourde, puissent profiter pleinement des merveilles d'AlUla.

« Je me souviens que, dès notre mariage, il avait des livres sur les langues des signes occidentales et qu'il les lisait toujours pour apprendre. En outre, il s'est rendu plusieurs fois aux États-Unis et y a noué des amitiés, communiquant par le biais d'applications et d'appels vidéo jusqu'à ce qu'il ait acquis une bonne maîtrise de la langue des signes », a raconté sa femme. 

« Il a acquis une expertise dans la langue des signes arabe familière et formelle, ainsi que dans les langues des signes internationales, notamment américaine, chinoise et coréenne, qui diffèrent du système saoudien. Il a appris tout cela en voyageant, en lisant des livres et en faisant des recherches personnelles », a-t-elle ajouté. 

« Pour ceux qui peuvent parler, il est capable de communiquer avec eux sans effort. Il peut lire sur les lèvres, enregistrer des vidéos, leur envoyer des messages et leur parler dans un dialecte décontracté qui rendait la langue des signes plus facile pour eux. L'apprentissage de la langue des signes est souvent un défi pour les personnes qui les entourent, c'est pourquoi, lorsque nécessaire, il fait recours à l’écriture pour assurer une communication claire », a-t-elle confirmé. 

L'engagement du couple ne s'arrête pas au guidage, puisqu'il s'assure de comprendre les besoins spécifiques des voyageurs sourds.

« Mon mari a créé une maison d'hôtes privée spécialement conçue pour les sourds, afin que les visiteurs se sentent bien accueillis, à l'aise et puissent profiter pleinement des offres d'AlUla », a-t-elle révélé. 

M. al-Balawi a organisé plus de 800 visites au cours des deux dernières années, accueillant des touristes de presque toutes les régions d'Arabie saoudite et de pays du monde entier, notamment le Royaume-Uni, les États-Unis, la Syrie, l'Allemagne, l'Égypte, la Turquie, la Russie et les Émirats arabes unis.

Il doit également faire face aux médias sociaux et possède une page Instagram qui compte plus de 4 500 adeptes du monde entier. Il y affiche des photos et des vidéos de ses voyages afin d'attirer davantage de visiteurs.

« Il invite les voyageurs par le biais des médias sociaux, les guide, documente leurs visites avec des photos et des vidéos. Nombreux sont ceux qui ont été impressionnés par ses efforts et son dévouement », raconte sa femme. 

Sa capacité à communiquer avec les gens, que ce soit par le langage des signes, la communication écrite ou l'enthousiasme pur et simple, a laissé une marque sur ceux qui ont exploré AlUla grâce à ses conseils.

« La réaction des touristes est étonnante après chaque visite. Ils sont toujours heureux, et certains reviennent même pour une deuxième visite tellement ils ont apprécié leur expérience. AlUla les a fascinés et ils adorent l'expérience touristique qu'ils y ont vécue”, a-t-elle conclu. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com