MOSCOU: La grande majorité des petites et moyennes entreprises russes se dit affectée d'une manière ou d'une autre par les sanctions liées à l'Ukraine contre la Russie, selon une étude présentée lundi par le représentant des entrepreneurs auprès du Kremlin, Boris Titov.
La part des entreprises russes indiquant subir un impact est passée de 26,4% avant la dernière salve de sanctions liées à l'entrée des troupes russes en Ukraine, à 84,1% après celles-ci, une proportion d'une ampleur sans précédent.
Cette étude a été menée auprès de 6 000 entreprises de l'ensemble du territoire russe par l'Institut économique Stolypine en deux phases: d'abord du 14 au 18 février (soit avant l'offensive militaire débutée le 24 février), puis du 3 au 7 mars 2022.
« Le problème le plus important lié aux nouvelles sanctions, en plus d'autres grandes difficultés, reste l'augmentation des prix d'achat », a déclaré Boris Titov, membre de la direction de cet institut, cité par des médias russes. « Cela peut avoir un impact systémique sur la croissance des coûts des entreprises russes et donc mener à une forte baisse de leur compétitivité », a-t-il ajouté.
Les entreprises sondées, en plus des prix d'approvisionnement, citent parmi leurs inquiétudes une baisse des revenus, une dépréciation du rouble et une perturbation des chaînes d'approvisionnement.
Boris Titov, lui-même entrepreneur, a indiqué que plus de la moitié des entreprises sondées estimaient ne pas encore être remises des effets de la pandémie de coronavirus, et que cette nouvelle épreuve pourrait être encore plus dévastatrice.
Qualifiant les mesures gouvernementales de « cosmétiques », le représentant des entrepreneurs a affirmé qu'« aujourd'hui, près de 90% des entreprises doivent être soutenues ».
Le ministre russe de l’Économie, Maxime Rechetnikov, a déclaré récemment qu'afin de soutenir les entreprises, le gouvernement envisageait la possibilité de réduire temporairement à zéro les droits d'importation sur certains produits.
Boris Titov a par ailleurs demandé une amnistie pour plus de 2 000 entrepreneurs emprisonnés pour des crimes économiques (fraude, détournement de fonds, évasion fiscale, etc.).
« Ces crimes ne sont pas violents (...) nombre de ces personnes ont été victimes d'affrontements sans scrupules entres concurrents », a-t-il affirmé.