Présidentielle: un vrai-faux débat avec Macron, sans confrontation

Une affiche de campagne du président français Emmanuel Macron lors d'un rassemblement de campagne présidentielle, à Marseille, le 12 mars 2022. (Photo, AFP)
Une affiche de campagne du président français Emmanuel Macron lors d'un rassemblement de campagne présidentielle, à Marseille, le 12 mars 2022. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 14 mars 2022

Présidentielle: un vrai-faux débat avec Macron, sans confrontation

Une affiche de campagne du président français Emmanuel Macron lors d'un rassemblement de campagne présidentielle à Marseille, le 12 mars 2022. (Photo, AFP)
  • Tous les adversaires d'Emmanuel Macron s'accordent pour dénoncer son refus de débattre directement avec eux avant le premier tour
  • Emmanuel Macron présentera jeudi lors d'une conférence de presse son projet pour un second quinquennat, a indiqué lundi son équipe de campagne

PARIS: Une première grande soirée électorale sans vrai débat. Huit des douze candidats à la présidentielle, dont Emmanuel Macron, s'expriment lundi soir à tour de rôle sur TF1 sur la guerre en Ukraine et ses conséquences en France. Mais les opposants s'insurgent de l'absence de confrontation directe. 

A 27 jours du premier tour, cette soirée au format inédit s'inscrit dans une campagne qui ne ressemble à aucune autre sous la Ve République, impactée de plein fouet par la guerre en Ukraine et la flambée des prix de l'énergie avec, en toile de fond, un possible rebond de la pandémie de Covid. 

Il y aura le président-candidat, toujours donné grand favori dans les sondages pour un deuxième mandat, mais aussi ses rivaux d'extrême droite Marine Le Pen et Eric Zemmour, de droite Valérie Pécresse (LR) et de gauche Jean-Luc Mélenchon (LFI), Yannick Jadot (EELV), Fabien Roussel (PCF) et Anne Hidalgo (PS). 

Mais certains n'ont pas été invités, comme les candidats d'extrême gauche Nathalie Arthaud (LO) et Philippe Poutou (NPA), pour qui « le débat démocratique c'est bien mais c'est pas pour tout le monde », le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan, qui a reçu lundi le soutien de Florian Philippot, ou encore Jean Lassalle qui s'étrangle d'être traité comme un « candidat de merde et inutile ». 

Tous les adversaires d'Emmanuel Macron s'accordent pour dénoncer son refus de débattre directement avec eux avant le premier tour. 

Le chef de l'Etat, par ailleurs très mobilisé en tant que président en exercice de l'UE, justifie sa décision par le fait que les autres présidents sortants en lice pour un second mandat ne s'étaient pas plus prêtés à l'exercice. 

Macron présente son projet jeudi lors d'une conférence de presse

Emmanuel Macron présentera jeudi lors d'une conférence de presse son projet pour un second quinquennat, a indiqué lundi son équipe de campagne, confirmant une information du quotidien Les Echos. 

Le programme du président-candidat devrait aussi être détaillé dans un cahier d'une vingtaine de pages, prévu pour être dévoilé en fin de semaine, avait-on appris la semaine dernière dans son entourage. 

« Peur » du débat  

« Quand on se dérobe au débat, c'est sans doute qu'on en a peur », a lancé Valérie Pécresse, à ce stade au coude-à-coude dans les sondages avec Eric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon pour la troisième place. 

« Emmanuel Macron ne peut pas échapper au bilan de son quinquennat et la crise ukrainienne ne peut pas priver les Français du débat démocratique auquel ils ont droit », a-t-elle insisté en dévoilant officiellement son projet de »rupture ». 

Marine Le Pen n'est pas en reste pour critiquer le « refus du président-candidat de participer au moindre exercice démocratique ». 

Mais la candidate RN, donnée dans les sondages en seconde position (17/18%) loin derrière M. Macron (30%), se montre elle-même très sélective. « Compte tenu de (son) niveau électoral », elle ne souhaite débattre qu'avec Emmanuel Macron ou le Premier ministre Jean Castex. 

Même constat à gauche sur l'absence de véritables confrontations lors de la soirée de TF1. 

« Cette succession de candidats empêche en vérité qu'on puisse avoir un moment d'échanges significatifs avec le président actuel. Je crois qu'on ne souffrirait pas, en démocratie, de trop de discussions », a relevé Alexis Corbière, lieutenant du candidat Insoumis. 

Cette soirée programmée de 20H20 à environ 23H00 se déroulera en trois phases lors desquelles les prétendants à l'Elysée interviendront les uns après les autres. 

Avec un temps de parole différent, qui dépend notamment du nombre d'élus, des groupes à l'Assemblée, des sondages, de la dynamique de campagne et des résultats aux précédentes élections, selon TF1 qui se base sur les règles de l’équité édictées par l'Arcom, le gendarme de l'audiovisuel. 

« Calculatrice à la place du cœur »  

Les candidats auront l'occasion de revenir sur la flambée des prix du carburant, conséquence concrète la plus immédiate pour l'instant de la guerre en Ukraine pour les Français, et plus généralement sur la défense du pouvoir d'achat, préoccupation numéro un des électeurs. 

Les oppositions ont durant le week-end qualifié de mesure « électoraliste » ou « dérisoire » l'annonce par le Premier ministre Jean Castex d'une remise à la pompe de 15 centimes par litre à partir du 1er avril. 

Pour Ian Brossat, porte-parole du candidat communiste, il faut prendre une « mesure plus simple, radicale »: le blocage des prix à la pompe à 1,70 euro et « la mise en place d’une taxe flottante ». Les prix des carburants ont dépassé la barre symbolique des 2 euros le litre la semaine dernière en France. 

« Le meilleur moyen de financer tout ça, c’est de s'en prendre aux dividendes versés par les grosses compagnies pétrolières à leurs actionnaires », a-t-il estimé sur Franceinfo. 

Xavier Bertrand (LR) en a déjà tiré une conclusion tranchée: « Ces gens-là (de l'exécutif, ndlr), ils ont une calculatrice à la place de la tête et à la place du coeur. Ils ne savent pas se mettre à la place des Français ». 


Plusieurs centaines de personnes ont manifesté lors d'un rassemblement antifasciste à Paris

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  • Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée.
  • « Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle.

PARIS : Plusieurs centaines de personnes étaient rassemblées samedi après-midi à Paris contre le fascisme, après l'agression d'un homme à l'arme blanche devant une association culturelle turque la semaine passée, pour laquelle six membres de l'ultradroite ont été inculpés, a constaté un journaliste de l'AFP.

« Paris, Paris, Antifa ! », « Pas de quartier pour les fachos, pas de fachos dans nos quartiers », « Nous sommes tous antifascistes », ont scandé les manifestants réunis place de la République. Un drapeau rouge « No pasaran » a été accroché sur un flanc de la statue, au centre de la place emblématique.

Ce rassemblement se tient six jours après l'agression à l'arme blanche d'un homme membre du collectif Young Struggle, qui se présente comme une « organisation de jeunesse socialiste » et adhérent au syndicat CGT. Il avait dû être hospitalisé quelques heures.

Dimanche dernier, « une vingtaine de personnes » appartenant à la mouvance d'ultradroite, « cagoulées et munies de tessons de bouteille » selon la préfecture de police, avaient pénétré dans la cour d'un immeuble où se situe une association culturelle de travailleurs immigrés de Turquie et agressé une personne avant de prendre la fuite.

Six jeunes hommes ont été inculpés pour violences volontaires aggravées. L'un d'eux, qui avait du sang sur ses vêtements et qui a reconnu sa participation, a été incarcéré.

« Nous sommes là car nous avons été attaqués. Nous sommes là pour montrer que Paris n'est pas à eux. Nous continuerons la lutte antifasciste et révolutionnaire », a lancé au micro un leader de Young Struggle, avant de faire siffler le nom de Bruno Retailleau, ministre français de l'Intérieur et connu pour ses positions très conservatrices.

« Partout, l'extrême droite se répand, encouragée par les saluts nazis de Elon Musk et Steve Bannon », a déclaré à sa suite Mathilde Panot, cheffe des députés du parti de gauche radicale LFI (La France Insoumise).

Steve Bannon, ancien conseiller de Donald Trump, a récemment été sous le feu des projecteurs pour un geste qualifié de salut nazi lors de la convention CPAC, la grand-messe des conservateurs américains près de Washington.

Il a brièvement tendu sa main en l'air après avoir déclaré devant les supporters de Donald Trump : « Nous n'allons pas reculer, nous n'allons pas capituler, nous n'allons pas abandonner. Luttez, luttez, luttez ! »

En janvier, le milliardaire Elon Musk, conseiller de Donald Trump, avait lui-même été épinglé pour un geste ambigu analogue.


Macron dira à Trump qu'entre alliés on ne peut pas "faire souffrir l'autre" avec des droits de douane

Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (C) et la ministre française de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire Annie Genevard (D) écoutent des artisans du cuir lors de la journée d'ouverture et de l'inauguration par le président français du 61e Salon international de l'agriculture au parc des expositions de la Porte de Versailles à Paris, le 22 février 2025. (AFP)
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  • "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris
  • Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques

PARIS: "Entre alliés, on ne peut pas faire souffrir l'autre avec des tarifs" douaniers, a déclaré Emmanuel Macron samedi au premier jour de l'ouverture du Salon de l'agriculture à Paris alors que Donald Trump menace d'imposer des droits de douane sur de multiples produits européens.

"Je vais (lui) en parler parce qu'on a besoin d'apaiser tout ça", a relevé le président français qui doit rencontrer son homologue américain lundi à Washington.

"La filière agricole et agroalimentaire (française), c'est une grande filière d'exportation, donc il faut la défendre pour la rendre encore plus compétitive", a-t-il ajouté.

Depuis son retour à la Maison-Blanche, Donald Trump a annoncé la mise en place de droits de douane réciproques, c'est-à-dire que les États-Unis appliqueront le même niveau de droits de douane sur les produits en provenance d'un pays que le niveau appliqué dans ce pays aux produits américains.

Il a également annoncé le retour de droits de douane sur l'acier et l'aluminium. Et, s'il a déjà visé le Canada, le Mexique et la Chine, il a régulièrement assuré que les pays européens étaient également menacés.

En France, les viticulteurs sont particulièrement inquiets d'un retour des droits de douane américains sur le cognac et le vin, qu'ils exportent en masse vers les États-Unis, d'autant que le cognac souffre déjà d'un différend commercial entre l'UE et la Chine, son premier marché en valeur.

"Je suis déterminé sur tous les sujets pour avoir un échange" avec Donald Trump, a encore dit Emmanuel Macron. "On partagera nos accords, nos désaccords et j'espère surtout qu'on trouvera des solutions sur la question de l'Ukraine".

Le président américain est reparti à la charge vendredi contre son homologue ukrainien. Tout en estimant que Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine allaient "devoir se parler", pour "mettre fin au massacre de millions de personnes", il a jugé que la présence de l'Ukrainien n'était "pas importante" dans des négociations avec la Russie.

Il a ciblé par ailleurs Emmanuel Macron, et Keir Starmer, qui n'ont selon lui "rien fait" pour mettre un terme à la guerre. Le Premier ministre britannique est attendu jeudi à Washington.


Au Salon de l'agriculture, Macron attendu au tournant

Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
Une femme marche devant une affiche sur laquelle on peut lire "Fiers et unis avec nos agriculteurs" à la veille de l'ouverture du 61e Salon international de l'agriculture (SIA), au parc des expositions de la Porte de Versailles, à Paris, le 21 février 2025. (AFP)
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  • Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier
  • Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon

PARIS: Visites politiques encadrées et les vaches seront bien gardées? Le 61e Salon de l'agriculture est inauguré samedi à Paris par Emmanuel Macron, attendu au tournant par des agriculteurs toujours remontés et par des organisateurs aux aguets après sa visite chaotique de l'an dernier.

Pas d'incitation à chahuter cette année, mais des appels au calme ambivalents de la part des principaux syndicats agricoles, qui doivent être reçus l'un après l'autre en début de matinée avant la traditionnelle coupe de ruban et la déambulation présidentielle.

Plus de 600.000 visiteurs sont attendus sur les neuf jours du Salon, qui ouvre ses portes au public à 09H00. En 2024, des milliers de personnes avaient été bloquées à l'extérieur pendant plusieurs heures en raison de heurts entre manifestants et CRS en marge de la venue d'Emmanuel Macron, entre huées, insultes, bousculades et violences.

Sécurité renforcée, commissariat mobile, chartes pour encadrer les visites politiques... Les organisateurs sont sur les dents pour ne pas voir se répéter le scénario catastrophe de l'an dernier.

L'entourage d'Emmanuel Macron lui a conseillé d'éviter une visite marathon, à l'image des 13 heures de déambulation de 2024 parmi les plus de 1.400 exposants et 4.000 animaux accueillis chaque année.

"Le président sera très probablement pris à parti", a averti Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, syndicat historique, qui l'attend sur les dossiers internationaux.

Cet automne, c'est l'opposition à l'accord de libre-échange UE-Mercosur qui a servi de cri de ralliement pour relancer les manifestations d'agriculteurs, qui dénoncent aussi les taxes douanières chinoises et craignent des mesures similaires de la nouvelle administration américaine.

"Je souhaite qu'il en parle à Donald Trump (...): arrêter les importations massives qui ne respectent pas nos normes, lever les contraintes qui nous empêchent d'être compétitifs", renchérit Pierrick Horel des Jeunes Agriculteurs, alliés de la FNSEA.

Pour Patrick Legras, porte-parole de la Coordination rurale, forte de sa percée aux élections professionnelles de janvier, "ça va être tendu". Selon lui, Emmanuel Macron va aussi avoir du mal à "expliquer qu'on négocie encore un accord pour importer du sucre ou du poulet d'Ukraine" — l'accord d'association UE-Ukraine, en cours de révision — évoquant des produits érigés en symboles d'une "concurrence déloyale".

Coutumière des actions coup de poing, la Coordination rurale a toutefois passé à ses sympathisants un message d'apaisement, dans l'espoir qu'Emmanuel Macron "aura vraiment quelque chose" à leur dire, selon sa président Véronique Le Floc'h.

- "Où sont les promesses?" -

Plus d'un an après la mobilisation qui avait bloqué routes et autoroutes, l'heure est au bilan des mesures obtenues par les agriculteurs qui réclament un revenu "décent", plus de considération et moins d'injonctions.

Pour le gouvernement, ses engagements ont été "honorés": "500 millions d'euros d'allégement de charges fiscales prévus dans le budget", "soutien à la trésorerie pour les agriculteurs en difficulté", "indemnisations à hauteur de 75 millions d'euros aux propriétaires du cheptel touché par les épizooties" ou encore "la mise en place du contrôle administratif unique en octobre dernier".

Surtout, deux jours avant le Salon, le Parlement a adopté la loi d'orientation agricole, attendue depuis trois ans par la profession. Ce texte érige l'agriculture au rang "d'intérêt général majeur", facilite les installations, la construction de bâtiments d'élevage et le stockage de l'eau, tout en dépénalisant certaines infractions environnementales.

"Un an après, où sont passés les prix plancher et ses promesses? Au Salon 2024, nous demandions des prix minimum garantis pour les producteurs: non seulement on n'a pas du tout avancé, mais la situation est pire aujourd'hui", s'indigne Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération paysanne, troisième syndicat.

Elle estime que les demandes de l'alliance FNSEA-JA et de la CR ont été privilégiées, au détriment d'une "réelle transition agroécologique". Un argument repris par la gauche à propos de la loi d'orientation agricole.

Les personnalités politiques de tous bords devraient se succéder auprès de la vache limousine Oupette, égérie de l'édition 2025. Le Premier ministre François Bayrou est attendu lundi.

Malgré la volonté des organisateurs de limiter les visites à une journée pour chaque parti, Jordan Bardella (RN) a prévu de s'y rendre dimanche et lundi avec une délégation, comme en 2024, où les demandes de "selfies" avec le chef du parti d'extrême droite avaient contrasté avec la visite présidentielle.

En novembre, à la veille de nouvelles mobilisations paysannes, il s'était affiché dans le Lot-et-Garonne avec des cadres de la Coordination rurale, qui faisait campagne de son côté pour "dégager la FNSEA" des chambres d'agriculture.