L'Ouest ukrainien, entre exode hongrois et afflux de déplacés

Cette région compte 1,2 million de personnes: aux côtés des Ukrainiens, cohabite une mosaïque de minorités, les Hongrois étant les plus nombreux. (Photo, AFP)
Cette région compte 1,2 million de personnes: aux côtés des Ukrainiens, cohabite une mosaïque de minorités, les Hongrois étant les plus nombreux. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 13 mars 2022

L'Ouest ukrainien, entre exode hongrois et afflux de déplacés

  • À la fuite des habitants de la minorité hongroise craignant d'être enrôlés, succède l'arrivée d'une partie des deux millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays
  • Des Ukrainiens ont fui l'invasion russe jusqu'à Tijuana, plus grand poste frontalier au monde entre le Mexique et les Etats-UnisRuss

BEREHOVE : Les uns partent, les autres cherchent un refuge: la guerre a bouleversé le quotidien de la ville frontalière ukrainienne de Berehove, pourtant épargnée par les combats.

À la fuite des habitants de la minorité hongroise craignant d'être enrôlés, succède l'arrivée d'une partie des deux millions de personnes déplacées à l'intérieur du pays.

Ici la moitié de la population est d'origine hongroise, l'héritage magyar omniprésent et les écriteaux s'affichent dans les deux langues.

Mais désormais, on entend surtout parler ukrainien dans la rue. Sur la place principale, un grand écran diffuse en boucle des images d'un clip promotionnel de l'armée.

Hôtels, logements, écoles accueillent ceux qui ont tout quitté devant l'invasion russe et les bombardements incessants.

"Nous affichons complet. Ils ont réservé des chambres pour des semaines, voire pour certains des mois", commente Konstantyn Popovych, 34 ans, gérant de l'hôtel Olesja en plein centre.

Mosaïque et tensions

L'adjoint au maire estime entre "4 000 et 5 000" le nombre de nouveaux arrivants dans la commune de 22 000 habitants, qui a à l'inverse déjà vu partir plusieurs milliers de Hongrois.

"Dès que la guerre a éclaté et que le gouvernement a décrété la mobilisation générale, beaucoup ont fait leurs bagages, souvent pour rejoindre des proches ou amis dans leur patrie d'origine", explique Istvan Vincze.

Interrogé par l'AFP devant la mairie, où flottent sur le fronton drapeaux ukrainien et hongrois, l'élu s'inquiète des conséquences de ces départs massifs. "Je comprends leurs raisons, leur envie d'échapper à la guerre, la perspective d'une vie meilleure, mais nous voulons évidemment qu'ils reviennent vite", dit-il.

La Transcarpatie, coupée géographiquement du reste de l'Ukraine par la partie orientale des Carpates, était sous contrôle de Budapest jusqu'à la Première Guerre mondiale. Ballottée entre Etats, elle a finalement intégré en 1991 l'Ukraine devenue indépendante.

Cette région compte 1,2 million de personnes: aux côtés des Ukrainiens, cohabite une mosaïque de minorités, les Hongrois étant les plus nombreux.

Mais on craint maintenant que la guerre n'avive des relations tendues de longue date, sur fond de sentiment d'abandon par Kiev et de craintes d'assimilation forcée.

En 2017, une loi renforçant la place de l'ukrainien à l'école avait suscité l'inquiétude. Le dirigeant hongrois souverainiste Viktor Orban, dénonçant une discrimination, en avait fait un argument pour bloquer toute velléité d'accession de l'Ukraine à l'Otan.

Dans le même temps, il a choyé la diaspora hongroise depuis son retour au pouvoir en 2010 en accordant aide financière, droits de vote et double citoyenneté.

"Seul Orban s'occupe de nous", lance une retraitée, croisée aux abords d'un lycée rénové avec des fonds hongrois. "Sans ce soutien, nous n'aurions rien", ajoute-t-elle sous couvert d'anonymat. 

À 10 000 km de Kiev, des réfugiés ukrainiens bloqués aux portes des Etats-Unis au Mexique

TIJUANA : Des Ukrainiens ont fui l'invasion russe jusqu'à Tijuana, plus grand poste frontalier au monde entre le Mexique et les Etats-Unis, où ils espèrent se réfugier chez un proche à 10 000 km de Kiev malgré l'intransigeance américaine.

Natalia Poliakova, 25 ans, raconte qu'elle a commencé dès le 24 février au premier jour de la guerre un voyage de 40 heures de Kiev à Budapest, puis Barcelone, Bogota, Mexico, et enfin Tijuana.

La jeune styliste raconte qu'elle venait de trouver un très bon poste à Kiev. Et qu'en 2014, elle avait déjà dû abandonner sa Crimée natale, annexée par la Russie, pour se réfugier à Kiev.

La jeune femme cherche à rejoindre une tante qui vit aux Etats-Unis, mais assure vouloir revenir en Ukraine. "Nous voulons tous rentrer à la maison et reconstruire notre pays".

Au bout de son périple, elle affiche ce samedi la même désillusion que les milliers de migrants centro-américains qui sont chaque année interdits de territoire états-unien après un long voyage jusqu'à Tijuana.

"Le gouvernement des Etats-Unis dit: 'nous vous aiderons', mais cela fait des jours que nous sommes dans la rue", soupire la styliste de 25 ans, les traits tirés.

Avec son anglais parfait, elle aide ses compatriotes dans la même situation qu'elle face aux agents du CBP américain (Agence de protection des douanes et des frontières).

Ces derniers jours, l'AFP à Tijuana a pu constater l'arrivée récente d'Ukrainiens qui demandent l'asile aux frontières des Etats-Unis. Quelques familles ont pu passé au compte-goutte.

"Il en arrive plus ou moins 20 par jour", a déclaré côté mexicain un officiel de l'Institut national de Migration (INM), cité par le journal Milenio.

"Ils n'ont aucun type de documents (...)" donc les autorités américaines "ne laissent passer personne", ajoute au même journal Jann Budd, une militante aidant les migrants qui affirme "identifier les familles ukrainiennes" qu'elle rencontre.

Les Etats-Unis appliquent le "Titre 42", qui permet aux agents des frontières d'écarter les demandeurs d'asile et les migrants pour des raisons sanitaires. Cette disposition a été mise en place au début de la pandémie par l'administration Trump.

À Tijuana, tout près du poste-frontière de San Ysidro, les Ukrainiens cotoient quelques Russes et Bélarusses, dont les deux gouvernements sont alliés dans l'invasion de l'Ukraine.

Un Bélarusse de 40 ans, qui se présente sous le nom d'Andrei, assure avoir fui des persécutions politiques. Il cherche aussi à rejoindre des proches aux Etats-Unis. "Si je retourne au Bélarus, je vais en prison".

D'après le service américains, l'arrivée des Ukrainiens via le Mexique a augmenté ces derniers mois après une chute drastique en 2020-2021, années de pandémie.

À la frontière des Etats-Unis, Tijuana a davantage l'habitude de voir transiter des centro-américains du Guatemala, Honduras, Salvador ou Nicaragua, souvent privés du rêve américain après un long voyage. 

Le poste-frontière de San Ysidro est réputé être le plus fréquenté au monde (7,3 millions de piétons et 25,5 millions d'automobiles, d'après la presse mexicaine en 2019, citant l'administration américaine).

«Crève-coeur»

Les Ukrainiens, eux, déplorent les liens tissés par le Premier ministre hongrois avec le président russe Vladimir Poutine, et le soupçonnent de convoiter la Transcarpatie. 

Ils lui reprochent aussi son refus de laisser passer sur son territoire des armes létales destinées à l'Ukraine.

Mais pour Istvan Vincze, "l'heure n'est pas à l'affrontement ethnique. Il faut agir ensemble".

Et de citer la mise en place de cinq centres d'accueil pour les Ukrainiens venus de l'Est. 

Dans un pensionnat de la ville, Kyril, metteur en scène de théâtre de 41 ans, apprécie cette offre de couvert et logis qui vient adoucir un peu l'exode.

Originaire de Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, située à une quarantaine de kilomètres de la frontière russe, il raconte la soudaine annulation de la tournée prévue.

"Tout a basculé du jour au lendemain", confie-t-il, assis sur un lit aux côtés de sa famille. Sa femme Lubov, scénographe, "s'inquiète" pour ses parents bloqués dans une ville "bombardée depuis plusieurs jours", "sans lumière ni gaz" pour se chauffer.

"Il y a tant de témoignages crève-coeur", soupire le directeur de l'établissement, Arpad Szabo, dans les couloirs. Et de "prier pour que l'école retrouve son cours normal". Car depuis le début de la guerre, les enfants n'ont pas classe.

En Finlande, les frontaliers de la Russie entre flegme et inquiétude

IMATRA : Dans sa maison de bois couverte de neige à 20 minutes de la frontière russe, Maija Pöyhä a sur sa tête le foulard bleu traditionnel que sa mère portait lorsqu'elle a fui l'invasion de la Finlande par l'URSS en 1939.

"La maison d'enfance de mon père est toujours du côté finlandais", mais celle de sa mère est aujourd'hui en Russie, explique la septuagénaire à l'AFP.

Dans sa petite ville de Lappeenranta comme ailleurs dans cette région finlandaise voisine de la Russie, la guerre en Ukraine a réveillé des parallèles douloureux avec la "guerre d'Hiver", lorsque les troupes soviétiques ont envahi la Finlande par surprise, franchissant la frontière longue aujourd'hui de 1 340 kilomètres.

Comme en Ukraine aujourd'hui, la petite armée finlandaise avait surpris le monde par sa résistance acharnée et les lourdes pertes infligées à l'Armée rouge.

La Finlande, indépendante du voisin russe depuis 1917, avait toutefois dû perdre la moitié de sa province de Carélie, entraînant le déplacement de presque un demi-million de personnes, avant de se compromettre dans une deuxième guerre (1941-1944) avec cette fois une alliance de facto avec l'Allemagne nazie.

Durant toute la guerre froide, Moscou garda ensuite aussi un droit de regard étroit sur le pays nordique, qui lui interdisait notamment de rejoindre l'Otan.

Visiteurs russes

Aujourd'hui, le mari de Maija, Seppo Laaksovirta, trouve que la Finlande devrait rejoindre l'alliance militaire occidentale - comme pour la première fois une majorité de Finlandais, à la suite de l'invasion de l'Ukraine ordonnée par Vladimir Poutine.

"Ca fera plus de bien que de mal", assure le Finlandais de 76 ans. "Aujourd'hui on a des armes d'Amérique et de l'Ouest ici. Dans les années 60, elles étaient russes".

Malgré les traumatismes historiques de ce coin de Carélie, ni lui ni sa femme ne se disent toutefois inquiets d'une invasion russe. "Je ne connais personne ici qui nous ait dit qu'il fallait que nous soyions sur nos gardes", dit-il.

Pour la maire de la ville voisine d'Imatra, Anna Helminen, l'inquiétude est plutôt de voir s'effacer les liens reconstruits ces dernières décennies avec les Russes.

Dans sa ville de 26 000 habitants, un millier de résidents ont la nationalité russe et la ville doit son essor "au pouvoir d'achat russe", explique-t-elle.

Les commerces, hôtels et spas d'Imatra ont déjà souffert de l'absence de touristes russes durant la pandémie.

"Maintenant bien sûr, la même situation va continuer", déplore la dirigeante élue du conseil municipal.

Une nouvelle liaison ferroviaire avec Saint-Pétersbourg et plusieurs autres projets transfrontaliers "ont disparu du jour au lendemain", de même que "les contacts quotidiens", après l'invasion de l'Ukraine et les lourdes sanctions contre l'économie russe.

Même s'il a lancé une réévaluation de la stratégie de sécurité du pays, le gouvernement finlandais a affirmé qu'il ne voyait pas de "menace imminente" de conflit avec la Russie.

«Comme un rat»

"On veut croire à ça et voir l'avenir avec optimisme", souligne Mme Helminen, "mais bien sûr cette situation laissera des traces, y compris dans les échanges entre les gens" des deux côtés de la frontière.

Des groupes communautaires de Finlandais russophones se sont inquiétés d'une montée d'un sentiment antirusse ces dernières semaines, notamment sur les réseaux sociaux.

Anastasia Petrichina, une Russe qui vit et travaille près d'Imatra depuis dix ans, dit ne pas avoir observé ce phénomène. Ses amis finlandais "comprennent que la Russie en tant qu'Etat n'est pas la même chose que le peuple russe", dit cette responsable de qualité dans le secteur pharmaceutique.

"Mais je ne peux pas être sûre à 100% de ce qu'il en sera à l'avenir, surtout venant de gens qui ne me connaissent pas personnellement", reconnaît cette mère de deux enfants.

Elle a aussi renoncé à un projet de visite auprès de sa fille aînée à Saint-Pétersbourg. "Je ne veux pas être coincée là bas comme un rat", incapable de revenir en Finlande, explique Anastasia Petrichina.

Les lois draconiennes en Russie menaçant de prison quiconque critique "l'opération spéciale" en Ukraine l'ont aussi poussée à réduire au minimum ses conversations avec ses proches en Russie sur la guerre.

"Optimiste pas principe", la Russe de Finlande croit que les choses finiront par s'améliorer. "Mais la question c'est: 'Combien de temps ça va prendre?'".


Climat : les pays se préparent à une déception générale à Bakou

COP29 Azerbaïdjan 2024
COP29 Azerbaïdjan 2024
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  • L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement.
  • Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

BAKOU : L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement. Mais quoi qu'il arrive d'ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 prévoit de publier son ultime proposition de compromis vers 14 h 00 (10 h 00 GMT), avant de le soumettre à l'approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 h 00 (14 h 00 GMT), soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

La plupart des stands de nourriture ont fermé et le service de navettes entre le stade de la ville a cessé. Des délégués commencent à rejoindre l'aéroport.

Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Mieux vaut un mauvais accord qu'aucun accord », dit à l'AFP le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige d'aller plus loin que les 250 milliards, « sinon cela mènera à l'échec de la COP ».

« Personne ne sera satisfait de tout, c'est sûr », ajoute-t-il.

L'Union européenne soutient un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé plusieurs sources au sein de délégations à l'AFP. Mais les Européens conditionnent ce chiffre à d'autres avancées dans le compromis final. L'UE pousse notamment pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, ce qui la met en opposition avec des pays comme l'Arabie saoudite.

« Les Saoudiens ont fait un effort extraordinaire pour qu'on obtienne rien », s'étrangle un négociateur européen.

« Je ne suis pas optimiste », confie à l'AFP le ministre de l'Environnement de Sierra Leone, Joseph Abdulai.

Alden Meyer, expert qui a participé à presque toutes les COP, prédit que « les pays en développement ne seront pas contents, que ce soit du nouveau chiffre de 300 ou de 350 ».

La question sera alors : accepteront-ils ce qu'ils considéreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final ? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres.

- Pression des ONG -

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu'ils subissent et de leurs énormes besoins d'investissement dans les énergies bas carbone. Les petits États insulaires ont dénoncé le « mépris » dont leurs « peuples vulnérables » font l'objet.

Ils ont calculé que, compte tenu de l'inflation, l'effort financier réel des pays concernés (Europe, États-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori si l'on tient compte des efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

« Si rien de suffisamment fort n'est proposé lors de cette COP, nous vous invitons à quitter la table des négociations pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, appelée G77+Chine.

Une stratégie qui contredit le message d'urgence porté par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a d'autres priorités en vue pour la COP30 de Belém l'an prochain, a insisté pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche confiée à Bakou.

« Nous devons redonner espoir au monde et montrer que le multilatéralisme fonctionne », a déclaré à l'AFP le ministre irlandais Eamon Ryan.

Les pays en développement chiffrent leurs demandes à entre 500 et 1 300 milliards de dollars par an, afin de les aider à sortir des énergies fossiles et à s'adapter au réchauffement climatique.

Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi ?

Il faudrait monter à 390 milliards d'ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l'Environnement, Marina Silva.

- Austérité occidentale -

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L'Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu'elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Le précédent projet d'accord fixait séparément l'objectif de lever 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement ; ce total inclurait la contribution des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérales, privées, taxes, autres pays du Sud, etc.).

La Chine semble pour l'instant avoir obtenu ce qu'elle souhaitait : l'exemption d'obligations financières. Il n'est pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte : le texte de vendredi « invite » les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, à contribuer.

- Organisation azerbaïdjanaise -

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un événement mondial d'une telle ampleur.

La COP s'est déroulée dans une atmosphère pesante. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemi l'Arménie. Les deux pays ont alors convoqué leurs ambassadeurs respectifs.

Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont actuellement détenus.

Pour Alden Meyer, personne ne souhaite suspendre la COP29 pour la reprendre plus tard : « Cela obligerait à travailler encore cinq mois sous cette présidence. »


Le dirigeant de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré Donald Trump aux États-Unis

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
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  • « Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée » a indiqué la porte-parole de l'Alliance Atlantique.
  • Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

BRUXELLES : Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré vendredi le président américain élu Donald Trump à Palm Beach, en Floride, a annoncé samedi la porte-parole de l'Alliance Atlantique.

« Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée », a-t-elle indiqué dans un court communiqué, sans plus de détail.

L'ancien Premier ministre néerlandais avait indiqué vouloir rencontrer Donald Trump deux jours après son élection, le 5 novembre.

Il avait alors affirmé vouloir discuter avec lui de la « menace » que représente le renforcement des liens entre la Russie et la Corée du Nord.

« J'ai hâte de m'asseoir avec le président Trump et de voir comment nous allons collectivement nous assurer que nous faisons face à cette menace », avait-il déclaré le 7 novembre, en marge d'un sommet de dirigeants européens à Budapest.

Depuis, il n'a cessé de mettre en garde contre les dangers d'un rapprochement entre la Chine, la Corée du Nord et l'Iran, trois pays accusés d'aider la Russie dans son effort de guerre contre l'Ukraine.

Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

La Russie soutient financièrement Pyongyang et lui apporte son expertise en matière de technologie de missiles. « C'est très inquiétant. Ces missiles représentent une menace directe pour le territoire américain », avait-il plaidé.

De même, en collaborant avec la Corée du Nord, l'Iran et la Chine, la Russie « ne menace pas seulement l'Europe, mais aussi la paix et la sécurité dans l'Indo-Pacifique et en Amérique du Nord », selon lui.

Les pays européens s'inquiètent également de la promesse du milliardaire américain de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures, avec un accord allant à l'encontre des intérêts de Kiev et les laissant à l'écart.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.