PARIS: Des dépenses supplémentaires de 250 milliards d'euros, de nouvelles recettes de 267 milliards: Jean-Luc Mélenchon a chiffré son programme pour l'élection présidentielle, samedi dans une émission de sa campagne.
"Jamais ça n'a été fait à ce niveau de précision", a déclaré le candidat en introduction, qui a "mis au défi de contester les chiffres".
Au total, le candidat propose d'investir 250 milliards d'euros supplémentaires par an, qu'un graphique a juxtaposé avec les 1.400 milliards de dépenses du budget de l'État en 2019.
Parmi ces dépenses, l'investissement de 50 milliards d'euros par an dans la "bifurcation écologique" et les services publics, 75 milliards dans la création d'un million d'emplois publics et la revalorisation des fonctionnaires, et 125 milliards d'aides, subventions et redistributions de richesse.
Jean-Luc Mélenchon a affirmé que ces dépenses allaient alimenter un "cercle vertueux" grâce au "coefficient multiplicateur" qu'une partie de la science économique attribue à l'État: "un euro de l'Etat produit 1,18 euros", selon lui.
Ainsi, les investissements nourriraient la consommation, remplissant les "carnets de commande" des entreprises, résultant dans la création d'1,5 million d'emplois privés, a-t-il avancé.
Des progrès qui augmenteraient les recettes de l'État de 267 milliards d'euros (en 2019, les recettes de l'État totalisaient 1.300 milliards), notamment grâce une hausse des cotisations recueillies de 35 milliards et des recettes de l'impôt sur le revenu et de la TVA de 27 milliards.
Plusieurs membres de l'équipe de campagne sont ensuite venus détailler différents postes de dépenses et de recettes.
Par exemple, le recrutement de 160.000 enseignants et la construction de 300 lycées professionnels, maritimes et agricoles coûteraient 8,85 milliards.
La création de 14 tranches d'impôt sur le revenu, plutôt que les cinq actuelles, coûterait 10 milliards d'euros par la baisse des impôts pour 92% des contribuables, et rapporterait 5 milliards par l'augmentation pour le reste des contribuables.
La suppression du quotient familial rapporterait 11 milliards, le rétablissement de l'ISF près de 12 milliards, ont aussi calculé les experts Insoumis. "Roosevelt l'a fait, Mélenchon peut le faire", a scandé le député Éric Coquerel.
En conclusion, Jean-Luc Mélenchon s'est félicité que "depuis la crise du covid (...) la discussion économique est beaucoup plus détendue".
Mais les Insoumis ont tout de même assuré que leur programme réduirait le déficit public de 2,6 points sur le quinquennat.
En réponse à des questions de journalistes économiques sur certaines dépenses, M. Mélenchon a prévenu qu'il ne "gouvernerait pas avec de l'économétrie, mais avec des sociologues et des gens qui se soucient de la société".