WASHINGTON: Après plus de deux mois de négociations marquées par des volte-face de Donald Trump, la Maison Blanche a grossi vendredi à près de 2.000 milliards de dollars son enveloppe pour un nouveau plan de relance de l'économie, espérant ainsi un accord avec les démocrates à trois semaines de l'élection présidentielle.
« Honnêtement, je voudrais voir un plan de relance plus vaste que ce que les démocrates ou les républicains proposent », a indiqué le président américain au cours d'un échange téléphonique avec Rush Limbaugh, figure de la sphère conservatrice, diffusé vendredi. Donald Trump a assuré vouloir « que l'argent aille aux gens. Ce n'était pas de leur faute », a-t-il dit en référence à la pandémie, qui provoqué une paralysie de l'économie et anesthésié le marché du travail.
Le locataire de la Maison Blanche avait pourtant brutalement annoncé mardi le report à après l'élection du 3 novembre des négociations sur ces aides très attendues par les ménages et les entreprises confrontés à des difficultés financières provoquées par la pandémie.
Cette annonce avait suscité des critiques indignées jusque dans son camp, et il avait ensuite fait marche arrière et proposé des mesures ciblées.
Donald Trump a donc encore changé de position vendredi, et la Maison Blanche est « prête à augmenter le niveau » des dépenses, mais ne veut pas aller au-delà du seuil symbolique de 2.000 milliards de dollars, selon la directrice de la communication, Alyssa Farah.
C'est nettement supérieur aux 1.500 milliards de départ, mais encore inférieur aux 2.200 milliards minimum jugés nécessaires par les démocrates.
Fin mars, un premier plan de relance de 2.200 milliards de dollars avait été adopté, et rallongé de 500 milliards en avril.
Le geste de la Maison Blanche était salué à Wall Street, où les indices boursiers ont poursuivi leur marche en avant.
Chiens de faïence
En grossissant son enveloppe, l'administration Trump espère pouvoir convaincre les démocrates. Mais les deux camps se regardent en chiens de faïence, et à l'approche d'une élection particulièrement clivante, chacun craint que l'autre ne s'attribue le mérite d'un accord.
Les discussions sont menées, côté démocrate, par la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi, et, côté administration Trump, par le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin. Ils se sont parlé pendant plus d'une demi-heure vendredi en début d'après-midi, et Mnuchin a « apporté une proposition destinée à répondre à certaines des préoccupations des démocrates », a salué le porte-parole de Nancy Pelosi, Drew Hammill, dans un tweet. « Les négociations sur le montant total se poursuivent », a-t-il ajouté. « J'espère que nous trouverons vite un accord », avait dit Nancy Pelosi plus tôt lors d'une conférence de presse, soulignant qu'il s'agissait « à moitié d'argent, et à moitié de politique ».
Ces aides potentielles sont devenues un enjeu majeur pour le camp républicain, alors que l'écart se creuse dans les sondages entre Joe Biden, le candidat démocrate, et Donald Trump. Ce dernier, qui brigue un second mandat, est donné nettement perdant par la plupart des études d'opinions.
Le tableau économique n'arrange pas ses affaires : près de 11 millions de personnes sont au chômage, un total de 25 millions d'individus ont vu leurs revenus chuter à cause de la pandémie et survivent grâce aux aides publiques.
« Différences »
Républicains et démocrates s'accordent sur certains sujets, comme de nouveaux chèques pour les ménages, des prêts pour les petites entreprises les plus touchées ou encore des aides aux compagnies aériennes, dont l'activité représente un pourcentage infime de ce qu'elle était avant la pandémie. Elles ont commencé à licencier massivement.
Mais les républicains s'opposent à un plan qui soutiendrait massivement les collectivités locales, et plus particulièrement les Etats très affectés par la pandémie, dont un grand nombre est gouverné par des démocrates.
Un accord « est peu probable dans les trois prochaines semaines » avant l'élection, a d'ailleurs averti vendredi le chef de la majorité républicaine au Sénat américain, Mitch McConnell.
Les discussions entre l'administration Trump et les démocrates durent depuis plus de deux mois et demi et sont restées pendant de nombreuses semaines dans l'impasse.