À la rencontre des femmes reporters arabes qui couvrent, en première ligne, la guerre en Ukraine

Ces femmes s'inscrivent dans une longue lignée de correspondantes domiciliées dans des zones de conflit. (Photo fournie)
Ces femmes s'inscrivent dans une longue lignée de correspondantes domiciliées dans des zones de conflit. (Photo fournie)
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Publié le Mercredi 09 mars 2022

À la rencontre des femmes reporters arabes qui couvrent, en première ligne, la guerre en Ukraine

  • Sur la ligne de front en Ukraine, les femmes arabes assurent une couverture en première ligne pour les médias de la région
  • Malgré le danger, les femmes arabes s'aventurent dans des régions instables et déchirées par la guerre pour fournir un travail journalistique d’exception

LONDRES: Lorsque l’invasion de l’Ukraine par la Russie a commencé, il y a près de deux semaines, les médias du Moyen-Orient ont rapidement réagi en envoyant des correspondants sur le terrain.

En effet, dans les capitales arabes, de Riyad à Dubaï en passant par Doha, les rédactions ont travaillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour informer leurs téléspectateurs des dernières nouvelles et des points de vue les plus récents sur la crise, accordant une attention particulière à l’incidence du conflit sur le monde arabe.

Cependant, les téléspectateurs de toute la région ont noté dans cette couverture récente une différence: la quasi-totalité des correspondants envoyés par les chaînes régionales pour couvrir la guerre sont des femmes.

Parmi les femmes arabes les plus en vue qui couvrent la guerre figure Najlaa Aboumerhi, correspondante de guerre pour la chaîne d'information régionale qatarie Al-Araby TV. Du cœur de l'Ukraine, elle a suivi l'évolution de la situation.

Le style d’Aboumerhi, qui a travaillé à Londres auparavant, lui a valu de nombreux éloges à la BBC arabe. Son courage et son charisme ont trouvé un écho favorable auprès du public arabe.

«Couvrir des événements dans un environnement hostile requiert certaines qualifications journalistiques, des aptitudes et des compétences personnelles que je crois avoir. C'est pourquoi, lorsque les rédacteurs en chef de la chaîne Al-Araby TV m'ont demandé de me rendre en Ukraine, à Kiev, j'ai immédiatement accepté la mission», confie Mme Aboumerhi à Arab News.

Formatrice dans le réseau Marie Colvin pour les femmes journalistes – qui doit son nom à une correspondante américaine décédée alors qu'elle couvrait la guerre en Syrie pour le journal londonien The Sunday Times –, Mme Aboumerhi évoque l’expérience de ces femmes présentes sur la ligne de front.

«Je pense que nous voyons davantage de femmes reporters sur le théâtre des événements en raison de nombreux facteurs. Les femmes n’étaient pas moins passionnées auparavant, mais, au niveau des décideurs, la mentalité a changé», déclare-t-elle.

«Au cours des dix dernières années, nous avons vu l’émergence d’un mouvement qui prône plus de diversité en général, ce qui a permis de rendre visibles davantage de contributrices et de présentatrices. C’est ainsi que les femmes ont pu naturellement gravir les échelons, atteindre un certain niveau d'ancienneté et se trouver aux commandes.»

Christiane Baissary, qui travaille pour Al-Hadath, couvre également la guerre. Elle a récemment suivi, en direct de la ligne de front, les mouvements des troupes russes qui entraient dans Kharkiv, une ville située au nord-est de l'Ukraine. Les images montrent que l'on demande à Mme Baissary et à son équipe de se mettre à l'abri et de gagner un endroit plus sûr.

Katia Tome, pour sa part, est correspondante pour la chaîne Al-Arabiya News. Elle possède une grande expérience de la région: elle a couvert l'annexion de la Crimée, en 2014.

Parmi les autres correspondantes reconnues qui couvrent la guerre figurent Diala Khalili, présente en Russie pour Asharq News, et Ranya Dridri, d'Al-Jazeera, qui a été envoyée à la frontière entre la Russie et l'Ukraine afin de réaliser des reportages en direct.

«La sécurité d'un être humain et d’un journaliste doit être assurée indépendamment de la façon dont la personne se présente», indique Aboumerhi à Arab News.

«La sécurité commence par le fait de prendre les mesures nécessaires afin de préparer et d’équiper le journaliste pour sa mission. Il est indispensable qu’il ait à sa disposition toutes les informations utiles qui lui permettront d’évaluer les risques d’une situation sur le terrain.»

Ces femmes s'inscrivent dans une longue lignée de correspondantes domiciliées dans des zones de conflit.

Atwar Bahjat, journaliste irakienne, a perdu la vie en couvrant pour Al-Arabiya l'invasion américaine de l'Irak. En 2006, elle a été traquée puis abattue de sang-froid avec ses collègues Adnane Khaïrallah et Khaled al-Falahi alors qu'ils préparaient un reportage à Samarra.

Rima Maktabi et Najwa Qassem, qui travaillaient également pour Al-Arabiya, ont toutes deux couvert la guerre du Liban en 2006. Une association caritative du Royaume-Uni a classé Maktabi parmi les cent journalistes les plus influents du monde pour la manière dont elle a rendu compte des violences armées.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

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  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
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  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.


Trump avertit Israël de ne pas «interférer» avec la Syrie

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste. (AFP)
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  • Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump
  • "Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère"

WASHINGTON: Donald Trump a mis en garde Israël lundi contre toute ingérence en Syrie qui risquerait de compromettre la transition du pays arabe en "Etat prospère", après une incursion vendredi de forces israéliennes dans le sud de la Syrie.

Le président américain a échangé au téléphone avec Benjamin Netanyahu et l'a de nouveau invité à la Maison Blanche, ont affirmé les services du Premier ministre israélien peu après l'avertissement lancé par Donald Trump.

"Il est très important qu'Israël maintienne un dialogue fort et véritable avec la Syrie, que rien ne vienne interférer avec l'évolution de la Syrie en un Etat prospère", a déclaré le président américain sur sa plateforme Truth Social, affirmant que les Etats-Unis étaient "très satisfaits des résultats affichés" par Damas.

Une incursion vendredi des forces israéliennes dans un village du sud de la Syrie avait fait 13 morts, selon Damas, tandis que l'armée israélienne a affirmé avoir visé un groupe islamiste.

Depuis la chute il y a près d'un an du président Bachar al-Assad, renversé par une coalition islamiste, Israël a mené des centaines de frappes et conduit des incursions en Syrie. L'opération de vendredi est la plus meurtrière de celles-ci et le ministère syrien des Affaires étrangères a dénoncé un "crime de guerre".

Donald Trump avait reçu début novembre à la Maison Blanche le nouveau chef d'Etat syrien, Ahmad al-Chareh, pour une visite cordiale, au cours de laquelle l'ancien jihadiste avait annoncé que son pays rejoindrait la coalition internationale contre le groupe Etat islamique (EI). Le président américain, qui a levé les sanctions contre Damas, pousse également pour qu'un accord de sécurité soit conclu entre Israël et la Syrie.

"Le nouveau président de la Syrie, Ahmad al-Chareh, travaille de manière assidue pour s'assurer que des bonnes choses arrivent et que la Syrie et Israël aient à l'avenir une relation longue et prospère ensemble", a déclaré lundi Donald Trump dans son post sur Truth Social.

"C'est une opportunité historique, et elle s'ajoute au SUCCÈS, déjà atteint, pour la PAIX AU MOYEN-ORIENT", a-t-il affirmé.

Invitation 

Lors de leur échange par téléphone lundi, Benjamin Netanyahu et Donald Trump ont évoqué un "élargissement" des accords de paix régionaux, selon un communiqué des services du Premier ministre israélien publié dans la foulée du post de Donald Trump.

"Trump a invité le Premier ministre Netanyahu à une rencontre à la Maison Blanche dans un avenir proche", ont-ils ajouté.

Benjamin Netanyahu a déjà effectué davantage de visites auprès de Donald Trump que n'importe quel autre dirigeant étranger depuis le retour du républicain au pouvoir.

"Les deux dirigeants ont souligné l'importance et le devoir de désarmer le Hamas et de démilitariser la bande de Gaza", précise le communiqué.

Depuis la chute de Bachar al-Assad, Israël a déployé des troupes dans la zone démilitarisée sur le plateau du Golan, au-delà de la ligne de démarcation entre la partie de ce territoire syrien annexée unilatéralement par Israël en 1981 et le reste de la Syrie.

Israël attache une "importance immense" à sa présence militaire dans la zone tampon en Syrie, avait déclaré le 19 novembre son Premier ministre, Benjamin Netanyahu, lors d'une visite à des soldats israéliens déployés dans cette zone censée être sous le contrôle de l'ONU.

Cette visite avait été dénoncée par Damas et par l'ONU.

Pendant l'été, des contacts de haut niveau entre responsables israéliens et syriens ont eu lieu, avec l'aide de Paris et Washington, les deux parties indiquant vouloir parvenir à un accord de sécurité.

Mais Benjamin Netanyahu exige pour cela une démilitarisation de toute la partie du territoire syrien courant du sud de Damas jusqu'à la ligne de démarcation de 1974, instituée après la guerre israélo-arabe de 1973.