Ukraine: Moscou «déploie des mercenaires syriens», l’ONU et la Chine s’inquiètent

Mouvement de troupes russes dans le district syrien de Daraa al-Balad, dans la province méridionale de Daraa, le 1er septembre 2021 (Photo, AFP).
Mouvement de troupes russes dans le district syrien de Daraa al-Balad, dans la province méridionale de Daraa, le 1er septembre 2021 (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 08 mars 2022

Ukraine: Moscou «déploie des mercenaires syriens», l’ONU et la Chine s’inquiètent

  • Certains combattants syriens sont déjà en Russie, se préparant à rejoindre les combats en Ukraine, selon un responsable américain
  • La Russie est impliquée depuis 2015 dans le conflit syrien aux côtés du régime du président Bachar al-Assad

WASHINGTON: La Russie recrute des mercenaires syriens ayant l'expérience de la guérilla urbaine pour combattre en Ukraine, a affirmé lundi le Pentagone, alors que l'ONU et la Chine, sans viser explicitement Moscou, se sont émues d'un ajout de combattants sur le sol ukrainien.

"Nous croyons que les informations selon lesquelles ils (les Russes) recrutent des combattants syriens pour étoffer leurs forces en Ukraine sont véridiques", a affirmé le porte-parole du ministère américain de la Défense, John Kirby.

"Il est intéressant que M. Poutine se retrouve à avoir recours à des combattants étrangers", a-t-il poursuivi, sachant que selon le Pentagone la Russie a engagé en Ukraine pratiquement toutes les forces de combat massées ces derniers mois à la frontière russo-ukrainienne, estimées par Washington à plus de 150.000 soldats.

Interrogé sur les informations faisant état du recrutement de Syriens par la Russie, le porte-parole de l'ONU, Stéphane Dujarric, a indiqué lors de son point-presse quotidien ne pas être en mesure de les confirmer. "Ce conflit n'a pas besoin que plus de gens viennent à l'extérieur...", a-t-il toutefois tenu à souligner.

Lors d'une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU, l'ambassadeur chinois, dont le pays appuie jusqu'à présent plutôt la Russie, a réclamé d'éviter "de mettre de l'huile sur le feu". Après avoir évoqué les sanctions imposées à Moscou, Zhang Jun a ajouté: "envoyer des mercenaires ou des armes offensives en Ukraine pourrait faire empirer la situation".

Des médias ont par ailleurs évoqué la présence en Ukraine de paramilitaires de la société russe Wagner. Des mercenaires de cette entreprise avaient aussi été déployés ces dernières années sur le théâtre libyen où des combattants syriens opposés en Syrie avaient aussi été envoyés pour soutenir les parties au conflit libyen.  

Le Wall Street Journal avait rapporté dimanche que Moscou, qui a lancé une invasion de l'Ukraine le 24 février et a rencontré une résistance inattendue, avait commencé ces derniers jours à recruter des combattants syriens pour les utiliser dans la prise de contrôle des zones urbaines.

Un responsable américain avait par ailleurs affirmé au quotidien économique que certains combattants syriens étaient déjà en Russie, se préparant à rejoindre les combats en Ukraine.

Le Pentagone n'a toutefois pas de "visibilité parfaite" sur les personnes recrutées pour rejoindre l'offensive russe ou leur nombre, a reconnu M. Kirby.

La Russie est impliquée depuis 2015 dans le conflit syrien au côté du régime du président Bachar al-Assad.

Des combattants étrangers sont par ailleurs déjà présents des deux côtés du front en Ukraine.

L'homme fort de la Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, un ancien rebelle devenu allié du Kremlin, a partagé des vidéos de combattants tchétchènes en Ukraine et a déclaré que certains avaient été tués dans les combats.

De l'autre côté du front, des dizaines de milliers de volontaires ont rallié l'Ukraine pour rejoindre ses forces, selon le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba.

Kiev et la deuxième plus grande ville d'Ukraine, Kharkiv, sont toujours tenues par le gouvernement ukrainien, tandis que la Russie s'est emparée de la ville portuaire de Kherson et a intensifié ses bombardements de centres urbains à travers le pays.

L'invasion russe, qui en est maintenant à son douzième jour, a vu plus de 1,5 million de personnes fuir le pays dans ce que l'ONU a qualifié de crise de réfugiés à la croissance la plus rapide en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.


Astrazeneca retire son vaccin contre le Covid face au «déclin de la demande»

Un agent de santé syrien prépare une dose du vaccin Vaxzevria AstraZeneca contre le coronavirus, avant de vacciner un patient dans la capitale Damas, le 9 septembre 2021 (Photo, AFP).
Un agent de santé syrien prépare une dose du vaccin Vaxzevria AstraZeneca contre le coronavirus, avant de vacciner un patient dans la capitale Damas, le 9 septembre 2021 (Photo, AFP).
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  • Si le bénéfice d'Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, le groupe fait état depuis des mois d'une baisse constante des ventes des médicaments liés au covid
  • L'autorité européenne du médicament, l'EMA, a écrit mardi sur son site que l'autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée

LONDRES: Le géant pharmaceutique britannique Astrazeneca a annoncé mercredi qu'il retirait de la vente son vaccin contre le Covid-19 Vaxzevria, l'un des premiers mis sur le marché pendant la pandémie, citant une chute de la demande.

Le groupe fait état d'un "surplus de vaccins mis à jour" face aux différents variants du virus, et un "déclin de la demande pour le Vaxzevria, qui n'est plus fabriqué ou distribué", dans un communiqué.

"AstraZeneca a par conséquent pris la décision d'initier le retrait de l'autorisation de marketing du Vaxzevria en Europe", selon ce communiqué reçu mercredi par l'AFP.

L'autorité européenne du médicament, l'EMA, a écrit mardi sur son site que l'autorisation de vente du Vaxzevria avait été retirée "à la demande du détenteur de l'autorisation de marketing", à savoir le laboratoire pharmaceutique.

Le groupe va aussi "travailler avec les autres régulateurs dans le monde pour initier des retraits d'autorisations de marketing pour le Vaxzevria là où il n'y a pas de future demande attendue pour le vaccin".

Dans son communiqué, Astrazeneca dit vouloir "conclure ce chapitre".

Une source proche d'Astrazeneca a souligné auprès de l'AFP qu'il n'y avait "plus eu de ventes depuis un certain temps".

"Nous sommes incroyablement fiers du rôle que le Vaxzevria a joué pour mettre fin à la pandémie", ajoute le communiqué qui affirme que "selon des estimations indépendantes, plus de 6,5 millions de vies ont été sauvées lors de la seule première année d'utilisation" du sérum, "et plus de trois milliards de doses ont été distribuées dans le monde".

Revers 

Si le bénéfice d'Astrazeneca a bondi de 21% sur un an au premier trimestre, tiré particulièrement par les ventes d'oncologie, le groupe fait état depuis des mois d'une baisse constante des ventes des médicaments liés au covid - tout comme son rival GSK, qui avait été largement distancé dans la course à la mise au point d'un vaccin.

Ce vaccin, l'un des tout premiers sur le marché alors même que les sérums n'étaient pas la spécialité d'Astrazeneca, avait subi plusieurs revers, notamment un feu vert de commercialisation qui n'est jamais arrivé aux Etats-Unis.

Il a aussi connu des problèmes de livraison en Europe, combinés à des soupçons de risques de thrombose accrus à la suite de plusieurs décès.

Astrazeneca dit avoir mis à jour en avril 2021, avec l'accord du régulateur britannique MHRA, les informations sur le Vaxzevria pour inclure la possibilité qu'il déclenche dans de rares cas des thromboses.

Le Royaume-Uni, qui avait d'abord misé sur le Vaxzevria au début de sa campagne de vaccination anti-covid, l'avait ensuite remplacé par des sérums concurrents.

Le groupe rappelle régulièrement que les régulateurs et différents Etats qui ont autorisé le vaccin ont estimé que "les bénéfices de la vaccination éclipsent largement les risques d'effets secondaires extrêmement rares".


Assassinat d'un leader sikh au Canada: la police arrête trois suspects indiens

Karan Brar, l'une des trois personnes accusées de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre en lien avec le meurtre au Canada du chef séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar en 2023, apparaît par liaison vidéo alors que des membres de la communauté sikh se présentent à la salle provinciale de Surrey. Tribunal de Surrey, Colombie-Britannique, Canada, le 7 mai 2024, dans un croquis de la salle d'audience (Photo, Reuters).
Karan Brar, l'une des trois personnes accusées de meurtre au premier degré et de complot en vue de commettre un meurtre en lien avec le meurtre au Canada du chef séparatiste sikh Hardeep Singh Nijjar en 2023, apparaît par liaison vidéo alors que des membres de la communauté sikh se présentent à la salle provinciale de Surrey. Tribunal de Surrey, Colombie-Britannique, Canada, le 7 mai 2024, dans un croquis de la salle d'audience (Photo, Reuters).
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  • Militant pour la création d'un Etat sikh connu sous le nom de Khalistan, Hardeep Singh Nijjar, arrivé au Canada en 1997 et devenu citoyen canadien en 2015
  • Le Canada est le pays qui compte le plus grand nombre de sikhs en dehors de leur Etat d'origine, le Pendjab, en Inde

VANCOUVER: La police canadienne a annoncé vendredi l'arrestation de trois hommes soupçonnés d'avoir appartenu à une équipe ayant assassiné le leader sikh Hardeep Singh Nijjar dans l'ouest du pays il y a presque un an.

Cette affaire a plongé le Canada et l'Inde dans une grave crise diplomatique à l'automne dernier après que le Premier ministre canadien Justin Trudeau a évoqué une implication du gouvernement indien dans la mort de ce leader séparatiste en juin 2023.

Trois ressortissants indiens, deux âgés de 22 ans et un de 28 ans, ont été arrêtés vendredi matin et inculpés de meurtre avec préméditation et de conspiration en lien avec la mort de la victime.

Ils ont été interpellés par la police à Edmonton, dans la province de l'Alberta (ouest), où ils résident. Ils sont derrière les barreaux en attendant la suite de la procédure.

Tous se trouvent au Canada depuis trois à cinq ans, a précisé la police durant une conférence de presse.

Les trois suspects auraient joué différents rôles - tireur, chauffeur et guetteur - le 18 juin 2023, le jour où le leader sikh a été abattu sur le parking du temple qu'il dirigeait à Surrey, en banlieue de Vancouver (ouest).

Militant pour la création d'un Etat sikh connu sous le nom de Khalistan, Hardeep Singh Nijjar, arrivé au Canada en 1997 et devenu citoyen canadien en 2015, était recherché par les autorités indiennes pour des faits présumés de terrorisme et de conspiration en vue de commettre un meurtre.

Des accusations que l'homme de 45 ans niait, selon l'Organisation mondiale des Sikhs du Canada, regroupement à but non lucratif qui vise à défendre les intérêts des sikhs canadiens.

D'autres suspects possibles 

La police fédérale a précisé que les arrestations menées vendredi ne mettent pas un terme à l'enquête, ouverte il y a 10 mois.

"Cette enquête ne s'arrête pas là. Nous savons que d'autres personnes ont pu jouer un rôle dans cet homicide et nous sommes déterminés à les retrouver et à les arrêter", a déclaré Mandeep Mooker, officier responsable de l'équipe d'enquête sur les homicides à la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

Il a également affirmé que la police tentait de déterminer "s'il y a des liens à établir avec le gouvernement indien".

Ces arrestations "constituent une avancée importante dans les efforts déployés par la GRC pour que les responsables du meurtre de M. Nijjar répondent de leurs actes", a estimé Dominic LeBlanc, ministre de la Sécurité publique et des Institutions démocratiques.

"C'est un peu un soulagement de savoir que l'enquête progresse", a pour sa part réagi auprès de l'AFP Moninder Singh, ami proche de Hardeep Singh Nijjar et porte-parole du Conseil des Gurdwaras de la Colombie-Britannique, une organisation représentative des sikhs de cette province.

"C'est l'Inde en fin de compte qui est responsable et qui embauche des gens pour assassiner des dirigeants sikhs dans des pays étrangers", a-t-il affirmé, exhortant Ottawa à "exiger des comptes" du gouvernement indien.

En septembre, le Premier ministre Justin Trudeau avait publiquement incriminé les services de renseignements indiens dans cette affaire. New Delhi avait aussitôt qualifié ces accusation d'"absurdes".

 


Giorgia Meloni en Libye pour parler coopération

Le Premier ministre libyen par intérim Abdulhamid Dbeibah (à droite) rencontre la Première ministre italienne Giorgia Meloni à Tripoli le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
Le Premier ministre libyen par intérim Abdulhamid Dbeibah (à droite) rencontre la Première ministre italienne Giorgia Meloni à Tripoli le 7 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Ces documents prévoient, entre autres, la promotion des échanges universitaires, la recherche scientifique dans les domaines des énergies renouvelables et de l'économie bleue
  • Lors de sa première visite en Libye fin janvier 2023, Mme Meloni avait scellé un important accord gazier avec le pays nord-africain

TRIPOLI: La cheffe du gouvernement italien Giorgia Meloni a effectué mardi en Libye une visite axée sur la coopération bilatérale, au cours de laquelle elle a rencontré des dirigeants des deux camps rivaux qui se disputent le pouvoir.

Accompagnée d'une délégation ministérielle, Mme Meloni, qui se rend en Libye pour la deuxième fois depuis sa prise de fonctions, s'est entretenue peu après son arrivée avec le chef du gouvernement basé à Tripoli Abdelhamid Dbeibah, selon des sources officielles.

A l'occasion de cette visite, les ministres accompagnant Mme Meloni ont signé avec leurs homologues libyens "des déclarations d'intention" sur des projets de coopération dans les domaines de la santé, de l'enseignement et de la recherche et aussi de la jeunesse et des sports, selon un communiqué du gouvernement italien.

Ces documents prévoient, entre autres, la promotion des échanges universitaires, la recherche scientifique dans les domaines des énergies renouvelables et de l'économie bleue, faciliter l'accès aux thérapies dans les hôpitaux italiens pour les Libyens, notamment en âge pédiatrique, lorsque les soins adéquats ne sont pas disponibles en Libye.

Ces accords s'inscrivent dans le cadre du "Plan Mattei", du nom d'Enrico Mattei, fondateur de l'Eni (le géant énergétique public italien), qui, dans les années 1950, préconisait un rapport de coopération avec les pays africains, en les aidant à développer leurs ressources naturelles, précise le communiqué.

Accord gazier 

Lors de sa première visite en Libye fin janvier 2023, Mme Meloni avait scellé un important accord gazier avec le pays nord-africain aux réserves en hydrocarbures les plus abondantes du continent.

Mme Meloni a également rencontré à Tripoli le président du Conseil présidentiel, Mohamed al-Menfi, qui a souligné "l'importance du retour des entreprises italiennes (...) pour contribuer aux projets de reconstruction dans l'est, l'ouest et le sud" et la poursuite des "concertations dans les domaines de la lutte contre le terrorisme et l'émigration clandestine", selon un communiqué de la présidence sur Facebook.

Après Tripoli, Mme Meloni s'est rendue à Benghazi où elle a rencontré le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'Est du pays, "conformément à l'engagement consolidé de l'Italie d'être présent dans toute la Libye et de travailler avec tous les acteurs libyens", selon le communiqué italien.

La Libye, enlisée dans une crise politique majeure depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi en 2011, est gouvernée par deux exécutifs rivaux: l'un à Tripoli (ouest), dirigé par M. Dbeibah et reconnu par l'ONU, l'autre dans l'Est, incarné par le Parlement et affilié au camp du maréchal Haftar.

Profitant de cette instabilité politique, des passeurs font émigrer clandestinement chaque année des milliers de personnes, provenant de pays africains notamment, qui tentent de rejoindre l'Italie, distante de quelque 300 kilomètres des côtes libyennes.

Mme Meloni avait plaidé le 17 avril pour une "nouvelle approche" à l'égard de l'Afrique, notamment sur le dossier migratoire, lors d'une visite en Tunisie, pays voisin de la Libye et l'un des principaux points de départ de migrants vers l'Europe.