PARIS : Avec Una promessa, en salles mercredi, les cinéastes jumeaux italiens Massimiliano et Gianluca De Serio dénoncent l'univers sans pitié des exploitations agricoles du sud de l'Italie, où des «invisibles» se tuent à la tâche dans des conditions de travail indignes.
Le film met en scène Angela, une jeune femme au visage de madone, qui meurt brutalement. Face à cette disparition tragique, son mari, Giuseppe, incarné par Salvatore Esposito (connu pour son rôle de Genny Savastano dans la série Gomorra), fait la promesse à leur fils de dix ans, Antò, de partir sur les traces de la disparue.
Leur route les mène dans un domaine agricole, où s'épuisent des immigrés payés au lance-pierres, sous la férule de chefaillons.
«En 1958, notre grand-mère paternelle, une travailleuse agricole qui travaillait dans un cadre très semblable à celui d'aujourd'hui, mourut au milieu des champs. C'est de là qu'est née l'étincelle qui nous a fait écrire cette histoire d'aujourd'hui mais qui regarde aussi vers le passé», ont expliqué à l'AFP les coréalisateurs à la Mostra de Venise, où leur film était présenté.
Le premier long-métrage de ces jumeaux nés en 1978, Sept œuvres de miséricorde, avait été primé en 2011 au festival de Locarno.
«Nous voulions créer immédiatement un contraste, presque un paradoxe, en faisant d'eux les uniques blancs au milieu d'immigrés», a expliqué Gianluca De Serio. Pour ce film en forme de «voyage au bout de la nuit», ils ont «mené une enquête comme pour un documentaire, la partie non visible de l'iceberg dans ce film. Les figurants, nous les avons rencontrés durant notre enquête, leurs récits ont aussi alimenté notre scénario», a précisé Massimiliano.
«Le film est très dur et contient des scènes de violence, mais aussi des moments de tendresse. C'est évidemment une dénonciation politique, et on espère que la politique fasse quelque chose de concret (...) Il faut rendre la visibilité à ces travailleurs», espèrent les deux frères.
«Notre objectif est de toucher le cœur de spectateurs», résument-ils en rejetant toute forme de violence, qui «est la dernière des solutions et ne peut pas être la réponse à la violence».