Les promesses de Poutine à Macron sur le nucléaire

Emmanuel Macron  s'adresse à Vladimir Poutine  dans la Galerie des Batailles  au Château de Versailles le 29 mai 2017 (Photo, AFP).
Emmanuel Macron s'adresse à Vladimir Poutine dans la Galerie des Batailles au Château de Versailles le 29 mai 2017 (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 07 mars 2022

Les promesses de Poutine à Macron sur le nucléaire

  • Vladimir Poutine a dit sa détermination à atteindre ses objectifs soit par la négociation, soit par la guerre
  • Le président russe a assuré à Emmanuel Macron qu'il n'était pas dans son intention de procéder à des attaques des centrales nucléaires

Dans un entretien de près de deux heures avec Emmanuel Macron, Vladimir Poutine a dit sa détermination à atteindre ses objectifs "soit par la négociation, soit par la guerre", le président français réitérant sa "grave préoccupation" sur la sécurité nucléaire, selon l'Elysée.

Le président russe a assuré à Emmanuel Macron, selon la présidence française, qu'il "n'était pas dans son intention de procéder à des attaques des centrales nucléaires" en Ukraine et s'est dit "prêt à respecter les normes de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) pour la protection des centrales".

Mais l'attaque vendredi de la centrale nucléaire de Zaporojie, la plus grande d'Europe, dont les troupes russes ont pris le contrôle, a fait craindre le pire. 

Emmanuel Macron a réitéré auprès de Vladimir Poutine sa "grave préoccupation" pour la sécurité des sites nucléaires ukrainiens. Il a insisté sur "l’impératif que des mesures concrètes soient prises pour y répondre", selon l'Elysée.

Inquiétude relayée aussi dans la soirée auprès du président ukrainien Volodymyr Zelensky auquel le président français a dit que Vladimir Poutine lui avait "donné son accord pour qu’un travail conjoint soit engagé sur la base des recommandations de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique".

Ukraine: Londres veut continuer à mobiliser Boris Johnson débloque 100 millions de dollars

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a annoncé dimanche débloquer 100 millions de dollars d'aide pour l'Ukraine, avant une série d'entretiens diplomatiques visant à maintenir la mobilisation de la communauté internationale contre "les atrocités de l'agression" russe.

Après la vague de sanctions occidentales contre des intérêts russes, il s'agit de continuer à canaliser "le tollé mondial contre les atrocités de l'agression russe en un soutien pratique et durable pour l'Ukraine", selon Downing Street. 

Londres a aussi indiqué qu'il allait accorder une aide de 100 millions de dollars (91,4 millions d'euros) au gouvernement ukrainien, via la Banque mondiale

Lundi, lors d'une réunion du conseil des gouverneurs de l'AIEA, son directeur devrait faire des propositions pour la sécurité des centrales ukrainiennes.

En attendant, l'AIEA a exprimé dimanche sa "profonde inquiétude" à la suite d'informations indiquant une interruption des communications avec la centrale de Zaporojie. 

Signe d'inquiétude, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a confirmé que la France avait envoyé "différents produits médicaux" dont de l'iode en Ukraine. L'ambassadeur de France en Ukraine a fait état, sur la chaîne BFMTV, de la fourniture dans les prochains jours de "2,5 millions de doses d'iode pour pouvoir parer à tout danger nucléaire".

 

Par ailleurs, et alors que Washington fait état d'informations "très crédibles" selon lesquelles la Russie a commis des crimes de guerre en Ukraine, Vladimir Poutine a de nouveau "nié que son armée prenne des civils pour cibles", durant son entretien avec le président Macron, toujours selon l'Elysée.

La Cour pénale internationale a ouvert une enquête sur la situation en Ukraine.

"Nous savons que Kharkiv fait l'objet d'un siège violent et de bombardements denses, ainsi que Marioupol, et que Kiev est en passe d’être encerclée", a ajouté l'Elysée, alors que les images de destructions rappellent celles d'Alep pendant la guerre en Syrie ou de Grozny lors de celle de Tchétchénie.

Nucléaire: La France envoie «des produits médicaux», dont de l'iode, à l'Ukraine

La France a envoyé à l'Ukraine "différents produits médicaux", dont de l'iode, pour se prémunir contre le risque d'un accident nucléaire lors des combats avec l'armée russe, a indiqué dimanche soir son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian.

Auparavant, l'ambassadeur de France en Ukraine, Etienne de Poncins, avait fait état, sur la chaîne BFMTV, de la fourniture dans les prochains jours de "2,5 millions de doses d'iode pour pouvoir parer à tout danger nucléaire".

 

Sur le terrain, "plus le conflit dure, plus le risque de voir des formes de guerre brutale augmente", ont souligné des conseillers de la présidence française.

"Le risque chimique n'est pas avéré", a précisé un conseiller interrogé sur ce sujet, "mais on a vu comment la Russie a pu se comporter en Tchétchénie ou en Syrie ou, à travers des milices, en Centrafrique ou au Mali". "Cela ne préjuge pas de ce que la Russie fera en Ukraine mais cela nécessite de trouver un moyen d’obtenir au plus vite l'arrêt des combats", a-t-il ajouté.

Vladimir Poutine, qui accuse les Ukrainiens d'empêcher les évacuations de civils, a lui estimé que "la responsabilité revenait aux Ukrainiens de laisser partir la population des villes encerclées", selon l'Elysée.

Pour Emmanuel Macron, le président russe reste "très déterminé à atteindre ses objectifs", dont "ce qu'il appelle la +dénazification+ et la neutralisation de l'Ukraine" ainsi que la reconnaissance de la Crimée en tant que territoire russe et de l'indépendance du Donbass. Exigences qui sont, selon Paris, "inacceptables pour les Ukrainiens".

"Il n'est pas impossible que nous prenions de nouvelles sanctions prochainement", a annoncé l'Elysée, sans préciser si elles pourraient aller jusqu'à limiter les importations de gaz et de pétrole russe, dont dépendent plusieurs pays européens.

"L'objectif reste non pas de faire la guerre à la Russie mais de faire changer Vladimir Poutine de calcul", ont répété les conseillers d’Emmanuel Macron.

Moscou a mis en garde les pays voisins de l'Ukraine contre l'accueil d'avions de combat de Kiev alors que les Etats-Unis ont dit "travailler activement" sur un accord avec la Pologne pour l'envoi d'avions de chasse.


L'Allemagne aux urnes, sous pression de l'extrême droite et de Trump

Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
Le chancelier allemand Olaf Scholz, candidat principal à la chancellerie du parti social-démocrate allemand SPD, vote pour les élections générales dans un bureau de vote à Potsdam, dans l'est de l'Allemagne, le 23 février 2025. (Photo par RALF HIRSCHBERGER / AFP)
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  • Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.
  • Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

BERLIN : Alors qu'elle est déstabilisée par les crises, l'Allemagne vote dimanche pour des élections législatives où l'opposition conservatrice part largement favorite après une campagne bousculée par le retour au pouvoir de Donald Trump et l'essor de l'extrême droite.

Surveillé dans le monde entier, ce scrutin va doter la première puissance européenne d'un nouveau parlement afin d'affronter les défis qui ébranlent son modèle de prospérité et inquiètent la population.

« Nous traversons une période très incertaine », constatait Daniel Hofmann, rencontré à la sortie d'un bureau de vote à Berlin.

Selon cet urbaniste de 62 ans, qui se dit préoccupé par la « sécurité européenne » sur fond de guerre en Ukraine, le pays a besoin d'un « changement, une transformation ».

Récession économique, menace de guerre commerciale avec Washington, remise en cause du lien transatlantique et du « parapluie » américain sur lequel comptait Berlin pour assurer sa sécurité : c'est le « destin » de l'Allemagne qui est en jeu, a déclaré samedi le chef de file des conservateurs Friedrich Merz.

Ce dernier semble très bien placé pour devenir le prochain chancelier et donner un coup de barre à droite dans le pays, après l'ère du social-démocrate Olaf Scholz. D'après les derniers sondages, il recueillerait environ 30 % des intentions de vote.

Visiblement détendu, souriant et serrant de nombreuses mains, le conservateur de 69 ans a voté à Arnsberg, dans sa commune du Haut-Sauerland, à l'ouest.

Son rival social-démocrate, visage plus fermé, a lui aussi glissé son bulletin dans l'urne, à Potsdam, à l'est de Berlin.

Les électeurs ont jusqu'à 18 heures (17 heures GMT) pour voter. Les premiers sondages sortie des urnes seront publiés dans la foulée.

Selon les sondages, l'extrême droite de l'Alternative pour l'Allemagne (AfD) peut espérer obtenir au moins 20 % des voix, soit deux fois plus qu'en 2021 et un résultat record.

Le parti anti-migrant et pro-russe a imposé ses thèmes de campagne, suite à plusieurs attaques et attentats meurtriers perpétrés par des étrangers sur le territoire allemand.

L'AfD a également bénéficié du soutien appuyé de l'entourage de Donald Trump pendant des semaines.

Son conseiller Elon Musk, l'homme le plus riche du monde, n'a cessé de promouvoir la tête de liste du parti allemand, Alice Weidel, sur sa plateforme X.

« AfD ! » a encore posté M. Musk dans la nuit de samedi à dimanche, accompagnant son message de drapeaux allemands.
Les élections législatives anticipées ont lieu la veille du troisième anniversaire de l'invasion russe en Ukraine, un événement particulièrement marquant en Allemagne.

Le conflit a mis fin à l'approvisionnement en gaz russe du pays, qui a accueilli plus d'un million d'Ukrainiens. La perspective d'une paix négociée « dans le dos » de Kiev et des Européens inquiète tout autant.

Interrogé sur ces élections allemandes, le président américain a répondu avec désinvolture qu'il souhaitait « bonne chance » à l'allié historique des États-Unis, qui ont leurs « propres problèmes ».

Le discours de son vice-président JD Vance à Munich, dans lequel il exhortait les partis traditionnels allemands à mettre fin à leur refus de gouverner avec l'extrême droite, a creusé un peu plus le fossé entre Washington et Berlin.

Friedrich Merz souhaite que l'Allemagne puisse « assumer un rôle de leader » en Europe.

Dans le système parlementaire allemand, il pourrait s'écouler des semaines, voire des mois, avant qu'un nouveau gouvernement ne soit constitué.

Pour former une coalition, le bloc mené par les conservateurs CDU/CSU devrait se tourner vers le parti social-démocrate (SPD), excluant ainsi toute alliance avec l'AfD, avec laquelle il a entretenu des relations tendues durant la campagne, notamment sur les questions d'immigration.

Les sondages lui attribuent 15 % des voix. Ce score serait son pire résultat depuis l'après-guerre et signerait probablement la fin de la carrière politique d'Olaf Scholz. Mais auparavant, le chancelier devra assurer la transition.

« J'espère que la formation du gouvernement sera achevée d'ici Pâques », soit le 20 avril, veut croire Friedrich Merz.

Un objectif difficile à atteindre si les deux partis qui ont dominé la politique allemande depuis 1945 sont contraints, faute de majorité de députés à eux deux, de devoir trouver un troisième partenaire.

La fragmentation au Parlement dépendra notamment des résultats de petits partis et de leur capacité ou non à franchir le seuil minimum de 5 % des suffrages pour entrer au Bundestag.


Sécurité européenne, Ukraine : réunion des ministres européens de la Défense lundi

Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
Drapeaux de l'Union européenne et l'Ukraine (Photo i Stock)
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  • Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien
  • Cette réunion des ministres de la Défense s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

PARIS : Une douzaine de ministres européens de la Défense tiendront lundi une réunion par visioconférence afin de définir une réponse coordonnée à l'offensive diplomatique américano-russe concernant le dossier ukrainien et de renforcer la sécurité du Vieux continent, a-t-on appris dimanche auprès du ministère français des Armées.

Cette réunion, qui se tiendra dans l'après-midi à l'initiative de l'Estonie et de la France, rassemblera également les ministres de la Défense de Lituanie, de Lettonie, de Norvège, de Finlande, de Suède, du Danemark, des Pays-Bas, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et du Royaume-Uni, selon cette source.

À cette occasion, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, se rendra à Tallinn aux côtés de son homologue estonien Hanno Pevkur, après avoir participé aux célébrations de la fête nationale estonienne.

La France déploie environ 350 militaires en Estonie dans le cadre d'un bataillon multinational de l'OTAN.

Cette réunion des ministres de la Défense, trois ans jour pour jour après l'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie, s'inscrit dans le ballet diplomatique provoqué par l'annonce de pourparlers bilatéraux américano-russes visant à mettre fin au conflit.

La semaine passée, plusieurs chefs de gouvernement européens avaient été conviés à Paris par le président Emmanuel Macron. D'après un résumé obtenu de sources parlementaires, ils se seraient accordés sur la nécessité d'un « accord de paix durable s'appuyant sur des garanties de sécurité » pour Kiev, et auraient exprimé leur « disponibilité » à « augmenter leurs investissements » dans la défense.

Plusieurs pays membres avaient en revanche exprimé des réticences quant à l'envoi de troupes européennes en Ukraine, dans l'hypothèse d'un accord mettant fin aux hostilités.


Le ministre russe des Affaires étrangères effectue une visite en Turquie lundi

Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
Cette photo prise et diffusée par le ministère russe des Affaires étrangères montre le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, donnant une conférence de presse après la réunion avec le secrétaire d'État américain, le conseiller à la sécurité nationale et l'envoyé pour le Moyen-Orient au palais de Diriyah à Riyad, le 18 février 2025. M. (Photo by Handout / RUSSIAN FOREIGN MINISTRY / AFP)
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  • La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.
  • Le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

ISTAMBUL : Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, est attendu en Turquie lundi, jour du troisième anniversaire du déclenchement de l'invasion russe de l'Ukraine, ont annoncé dimanche des sources diplomatiques turques.

M. Lavrov doit s'entretenir à Ankara avec son homologue turc Hakan Fidan, ont indiqué ces mêmes sources, précisant que les deux hommes discuteraient notamment d'une solution au conflit ukrainien.

Dimanche, la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, a confirmé à l'agence Tass qu'une délégation menée par Sergueï Lavrov devait se rendre prochainement en Turquie pour y discuter d'« un large éventail de sujets ».

La Turquie, membre de l'OTAN, souhaite jouer un rôle de premier plan dans la fin des hostilités, comme elle avait tenté de le faire en mars 2022 en accueillant par deux fois des négociations directes entre Moscou et Kiev.

Mardi, en recevant son homologue ukrainien Volodymyr Zelensky, le président turc Recep Tayyip Erdogan a de nouveau affirmé que son pays serait un « hôte idéal » pour des pourparlers sur l'Ukraine associant Moscou, Kiev et Washington.

Toutefois, ces dernières semaines, Moscou et Washington ont entamé un dialogue direct, alors que les relations se réchauffent entre Donald Trump et Vladimir Poutine.

Mardi, Russes et Américains se sont rencontrés en Arabie saoudite pour entamer le rétablissement de leurs relations, une réunion dénoncée par Volodymyr Zelensky qui redoute un accord sur l'Ukraine à leur insu.

M. Lavrov, dont la dernière visite en Turquie remonte à octobre, doit se rendre dans la foulée en Iran, un allié de la Russie.

La Turquie, qui est parvenue à maintenir ses liens avec Moscou et Kiev, fournit des drones de combat aux Ukrainiens mais n'a pas participé aux sanctions occidentales contre la Russie.

Ankara défend parallèlement l'intégrité territoriale de l'Ukraine et réclame la restitution de la Crimée du Sud, occupée par la Russie depuis 2014, au nom de la protection de la minorité tatare turcophone de cette péninsule.