Cette guerre de l'information que l'Ukraine gagne pour l'instant sur les réseaux

Le contenu est difficile à vérifier, mais le message atteint sa cible. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 06 mars 2022

Cette guerre de l'information que l'Ukraine gagne pour l'instant sur les réseaux

  • Depuis onze jours, les contenus pro-Ukrainiens ont inondé la toile
  • Des légendes invérifiables sont montées en épingle, comme ce pilote ukrainien qui aurait abattu cinq, six, voire dix aéronefs ennemis

PARIS : Quelques heures après l'invasion de son pays, une Ukrainienne en veste noire et bonnet blanc insulte copieusement deux soldats russes en arme, filmée par un comparse. "Occupants", "fascistes !" Une spectaculaire incarnation de la volonté de son peuple de s'imposer aussi sur les réseaux sociaux.

"Prenez ces graines et mettez-les dans vos poches. Comme ça, des tournesols pousseront quand vous reposerez tous ici", ironise-t-elle. A son image, c'est la guerre de l'information que l'Ukraine, selon plusieurs analystes, domine pour l'instant face à la Russie.

Depuis onze jours, les contenus pro-Ukrainiens ont inondé la toile : un passant tente d'arrêter un char russe, les locaux hurlent de joie quand des hélicoptères présentés comme ennemis s'écrasent. Ils moquent des tanks atomisés marqués du "Z" blanc de l'envahisseur, raillent leurs cadavres.

Des légendes invérifiables sont montées en épingle. Comme ce pilote ukrainien qui aurait abattu cinq, six, voire dix aéronefs ennemis.

"Dans la première phase du conflit, pour l'opinion internationale, les Ukrainiens sont clairement devant dans l'information", affirme Baptiste Robert, fondateur de Predicta lab, une société française de lutte contre la désinformation. "Sur TikTok ou Telegram, c’est délirant, c’est fou furieux" de voir le nombre de contenus hostiles aux Russes, opine Damien Bancal, chercheur en cybersécurité. 

Ces derniers jours, à mesure que la Russie bombardait les villes ukrainiennes, les sanglots ont toutefois supplanté la bravade. "Ce qui est le plus fort, c'est que c'est organique", analyse Baptiste Robert. "Il y a une vraie volonté des Ukrainiens de documenter cette guerre. Quand il se passe quelque chose, ils sortent leurs téléphones." L'armée ukrainienne poste elle aussi les dommages infligés à l'ennemi.

«Organique»

Si les vidéos publiées "sont plutôt légitimes", selon M. Robert, certains récits ont été bâtis sur du vent, comme l'a démontré la cellule de fact-checking de l'AFP.

Treize garde-frontières ukrainiens avaient été déclarés morts "en héros" par Kiev après avoir envoyé "se faire foutre" un bateau militaire russe venu prendre le minuscule îlot qu'ils défendaient. Ils étaient bien "vivants", ont finalement convenu les autorités ukrainiennes, comme l'affirmait Moscou depuis le début.

A Paris, l'ambassade d'Ukraine nie toute manipulation. "On ne produit pas de fake news", affirment ses diplomates. La désinformation est une arme russe, que Moscou "affine" depuis 2014 et la prise de la Crimée, poursuivent-ils.

En 2016, ses trolls ont même été accusés d'avoir influencé la campagne présidentielle américaine. Leur stratégie est "d’infiltrer des groupes" de discussion pour faire évoluer leurs participants, décrypte Emily Harding, chercheuse au Centre pour les études stratégiques et internationales, un think-tank américain.

Une technique requérant du temps dont ils ne disposent pas en Ukraine. D'autant que pour avoir sous-estimé la résistance ukrainienne, Moscou a complètement raté son entrée en guerre, selon les experts militaires occidentaux interrogés par l'AFP. Le récit glorieux qui devait accompagner son "opération militaire spéciale" de libération du pays a été invalidé par de lourdes pertes.

Or "il est très difficile de contrer la vérité avec des mensonges", observe Mme Harding. Surtout quand, au sommet de l'Etat, Vladimir Poutine prétend vouloir "dénazifier" l'Ukraine, au mépris de toute réalité.

«Inspirant»

L'image désormais désastreuse du président russe hors de son pays, à l'exception de ses rares alliés syrien, érythréen ou bélarusse, est un autre facteur de cette défaite informationnelle, estime la chercheuse. 

Car face à lui, le chef de l'Etat ukrainien Volodymyr Zelensky montre "un courage incroyable" et "se balade avec ses troupes" malgré le danger, ce qui rend la position ukrainienne "inspirante", souligne-t-elle. 

Une analyse que relativise Darren Linvill, spécialiste des manipulations digitales russes de l'université américaine de Clemson. L'objectif de Moscou reste avant tout de "contrôler sa propre population", pointe-t-il.

Ce que les réseaux sociaux en langue russe démontrent d'après lui parfaitement : "Pour chaque récit pro-ukrainien, comme des soldats russes qui se rendent sans combattre ou des héros ukrainiens loués pour leur courage, il existe un récit similaire en Russie" où les rôles sont inversés.

Un tweet posté fin février, vu à 118 000 reprises, montre un homme se faire frapper puis tirer dessus dans une zone résidentielle. Son auteur, un cadre de la communication prorusse, commente : "Kiev ce matin. (...) Le danger n'est pas les troupes russes, mais les nazis."

Le contenu est difficile à vérifier, mais le message atteint sa cible. "Beaucoup de Russes y croient", soupire Darren Linvill.

Ce genre de récit devrait se multiplier dans la deuxième phase de la guerre, qui annonce un nouveau round informationnel, pronostique Baptiste Robert. Si les villes tombent, "il y aura une nouvelle guerre de l'information entre les zones qui résistent et la contre-information qu'imposeront les Russes."


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.